lundi 28 septembre 2009

«Google offre un meilleur service de référence que les bibliothèques»

La dématérialisation des ressources de l'information et des connaissances et la pénétration du numérique dans les métiers de la documentation provoquent la crainte dans certains milieux de l'édition, de la documentation et de l'information. Nous en avons lu quelques-uns ces derniers temps. Ce que les auteurs de ces discours semblent ignorer c'est que les publications en ligne, le «peer-to peer» , les blogs, les widgets, les réseaux sociaux d'échange et l'apparition généralisée à l'échelle mondiale du WEB dans la vie de travail comme dans la vie de tous les jours ont touché les principes de base de l'accès à l'information. Les sources d'informations et les ressources informationnelles sont devenues potentiellement plus accessibles et plus disponibles. À l'échelle planétaire, s'est créé un contexte où la recherche collaborative d'informations est devenue une activité redécouverte, mieux maîtrisée et où la dimension collaborative est plus que jamais mise à l'avant.

Il y a une décennie encore, les principales préoccupations des adminitratiions portaient sur les équipements ( postes de travail, cablage) et l'infrastructure techmnologique liée au réseauz (serveurs, débits des réseaux). De nos jours, les organisations et les institutions sont concernées par les usages et les usagers qui remettent en question les notions d'utilité et d'usabilité. Force est de constater que les organsiations et les institutions doivent désormais se pencher dans le sens de l'intérêt et des attentes des usagers et la pertinence et la conviviabilité sont devenus maintenant les normes qui définissent un bon moteur de recherche. Bref, l'environnement virtuel avec l'importante percée de la numérisation intégrale et la disponibilité des technologies, la simplification des outils de communication, a crée un contexte où l'activité de recherche est de plus en plus individualisée et les usagers et les chercheurs plus en plus aguerris et autonomes.

Dorénavant, les bonnes administrations sont celles qui réussissent autant à développer des programmes, des outils, des ressources, des partenariats, des expertises qu'à créer un environnement propice à l'activité de recherche collaborative de l'information.

Suite à mes billets sur le programme de numérisation des livres de Google, j'ai reçu de nombreux commentaires des lecteurs de mon blog. Des commentaires sont postés à la suite de mes articles ( Salieri contre Mozart et Ni Cigale, nifourmi, juste Google et les autres), d'autres sont adressés à mon adresse de courriel. Plusieurs proviennent de grands utilisateurs de bibliothèques québécoises et de fins connaisseurs des enjeux du numérique. Leurs réflexions, par leur pertinence et leur acuité, méritent notre attention en tant que bibliothécaires et gestionnaires de ressources d'informations. En voici quelques extraits**:

« Dans tous les changements qui touchent les bibliothèques, je me demande parfois si elles comprennent encore leur vrai rôle... La question de la numérisation occupe trop toutes les réflexions: c'est une technique pour faire une copie des documents qui existent et sont déjà conservés, archivés. Cette technique est de plus en plus parfaitement maîtrisée et de moins en moins cher, comme le montre Google, même si des problèmes d'archivage demeurent. Mais justement, est-ce que le rôle fondamental des bibliothèques est d'être responsable de la numérisation ou de développer de nouveaux systèmes d'indexation, de catalogage, de description des contenus?
Les bibliothèques sont encore pris dans une culture du "document", il n'y qu'à voir que sur tous les champs qui servent à décrire un livre, un seul (celui des mots-clés) sert à décrire le contenu, et aussi la cote, mais d'une façon extrêment générale. Pourtant, le problème fondamental aujourd'hui, c'est bien celui de l'analyse du et des contenus: la recherche plein texte ouvre un univers totalement différent pour la recherche et permet de lier les contenus et les informations.»

Cette réflexion concerne directement les bibliothécaires:

«Ce qui est troublant, ce n'est pas Google numérise plus, plus vite, et moins cher et offre même de meilleurs modes de visualisation, c'est que tout en étant un moteur de recherche généraliste, qui cherche dans tout le web, Google est meilleur même pour chercher dans le contenu des livres et des imprimés. Ça, c'est extrêmement troublant pour l'avenir intellectuel des bibliothécaires. Google offre souvent un meilleur service de référence que les bibliothèques.

Je ne comprends pas que les bibliothèques du monde (et ce sont de très importantes institutions qui ont 400 ans d'expérience) ne soient pas à l'avant-garde dans le développement de moteur de recherche avancé,sémantique, dans la recherche des corpus textuels. Les biblios ont une expérience dans l'analyse des contenus, mais elles ne semblent pas s'en rendre compte et fonder sur ce point leur avenir et leur veloppement.»

Sur la BAnQ:

«BAnQ et bien d'autres BN numérisent en mode image mais n'auraient pas les budgets pour faire l'ocr, alors que Google pourrait le faire GRATUITEMENT si elles mettaient leurs collections de pdf accessibles à ses "spiders". Par exemple, je ne sais plus si je vous en parlé, mais dans la recherche avancée de Google, si vous indiquez de chercher uniquement dans le domaine "http://bibnum2.banq.qc.ca/". Vous obtiendrez les occurrences de l'expression cherchée dans les Collections numériques de BANQ, sans que cela ait coûté un seul $ à BANQ!!!

Et BANQ ne l'offre pas sur son site? Cependant, elle offre des index des titres, des auteurs, de certains sujets: cela est vraiment sa tâche, ce type de travail minutieux de description du contenu.

C'est en ce sens, qu'à mon avis, les BN devraient aller: abandonner la numérisation brute à Google, et offrir une plus-value intellectuelle,"sémantique" pour aller au-delà des résultats élmentaires de Google.

La tâche de BAnQ devrait de devenir la spécialiste de la référence québécoise dans l'ensemble des ressources numériques du monde! Library of Congress a mis en ligne des milliers de vieux journaux américains en ligne: une fabuleuse collection où on trouve des dizaines de milliers de "French Canadians": bien ,ça devrait être BAnQ qui les trouve, les classe, les identifie, les "catalogue" et les inclut dans les ressources documentaires sur le Québec et le Canada français. Ça Google ne le fera jamais! Et si Banq ne le fait pas, bien , personne, ne le fera non plus...»

Comme quoi, même si Google numérisait tous les milliards de documents dans le monde, les bibliothécaires du Québec auront amplement encore du pain sur la planche!!!

* Lu récemment sur le blog Bibliothèques=Public : Bibliothèques=Public ces propos: «Quand à mon lecteur qui n'avait pas d'ordinateur personnel et qui souhaitait consulter le livre Une approche de la problématique de l'identité : le Maghreb arabe contemporain de Mohamed Salah Hermassi (2004), la meilleure solution que j'ai eu à lui proposer, paradoxe des paradoxes, c'est de consulter les larges extrait du livre disponibles sur Google Books !!!...»
** J'ai cité intégralement les propos à partir des courriels qui m'étaient adressés. Comme nous le savons tous, les écrits rédigés dans le contexte de la messagerie électronique comportent des fautes d'innattention et autres erreurs mineures. Pour assurer l'intégrité des extraits , je les ai reproduit tels quels.

Google et la société de l'information ou la fin du monopole du public sur l'accès à l'information?

La crainte qu'un organisme, qu'il soit public ou privé, détienne le monopole dans un domaine aussi sensible et aussi fondamental pour l'avancement des sociétés et la démocratie que celui de l'accès à l'information est tout à fait légitime. Il est normal que tous, en tant que citoyens de sociétés démocratiques, nous soyons concernés par la numérisation des ouvrages épuisés par Google. Les questions de droits d'ateur, de droits de diffusion et de propriété intellectuelle et de liberté d'accès à l'information et au savoir nous concernent en tant que citoyens et encore plus en tant que passeurs de culture, bibliothécaires et professeurs. Je suis certaine que les bibliothécaires et directeurs de bibliothèques qui ont accepté de faire numériser les titres épuisés par Google sont certainement conscients de l'enjeu de tout cela. C'est donc tout à leur honneur que d'avoir su privilègier cette valeur fondamentale chère à toute société démocratique qu'est l'accès au savoir et à la culture. Alors que plusieurs se drapent sous le couvert d'un nationalisme étriqué pour cacher leurs intérêts corporatistes, ces administrateurs ont affronté les critiques et oser conclure une entente avec Google.

L'entente est perfectible, on en convient. C'est notre devoir à tous, ewn tant que citoyens, bibliothécaires, administrateurs, juristes de travailler ensemble pour établir les fondements Tous les régimes politiques sont pas démocratiques et toutes les administrateurs ne sont pas neutres.

J'ai eu l'occasion de visiter plusieurs pays émergents ou en développement au cours des derniers mois et les bibliothécaires de bibliothèques nationales ou universitaires de certains de ces institutions ont eu l'aimabilité de me faire visiter leurs collections et m'ont fait part de leurs prépccupations. Celles qui reviennent les plus fréquemment concernent la pérennisation et la diffusion du savoir emmaganisé. Des pans entiers du savoir de certains peuples et de la culture de certaines sociétés risquent de disparaitre dues aux conditions non adéquates de conservation et au vieillissement des matéraux. Évidemment, la réalité politique des ces pays diffèrent de celle des pays occidentaux. Mais j'ai pu constater aussi que tous les bibliothécaires qui sont avant tout aussi des administrateurs des services publics, ne sont pas confortables avec l'idée de faire numériser leurs fonds par des organismes privés pour les raisons faciles à deviner pour ceux qui connaissent un peu les sociétés où la circulation libre de l'information n'est pas acquise. La perte de contrôle sur le contenu et le fait que l'accès à l'information puissent être ouverts à tous, pouvant faire perdre des prérogatives parfois peu méritées à certains, tous pour des raisons contraires et moinss nobles que celles Robert Darnton, ne sont pas chauds à l'idée d'ouvrir leurs collections au grand public. Est-il nécessaire de rappeler cette vérité première? Malgré tout, pour quelques bibliothcaires «courageux» de ces insstitutions, la solution Google est celle qui pourrait les sauver du naufrage de la mémoire.

Si le monople de la numérisation des ouvrages par Google est à craindre, il est tout aussi aberrant de voir que l'accès et la diffusion du savoir et de l'information soit tributaire de la décision d'une poignée d'administrateurs de services publics. Les ouvrages des titres épuisés conservés dans les sous sols des bibliothèques, les archives et les documents non disponibles parce que trop fragiles pour la consultation sont des ressources mal exploitées inexploitées si elles ne servent qu'à une poignée de personnes qui peuvent pour des raisons de proximité ou de statut y avoir accès. N'oublions pas un fait: depuis des centenaires, dans la plupart des oays dans le monde, ce sont les bibliothèques qui ont le monopole de la conservation et de la diffusion des ressources acquises avec l'argent des contribuables. L'arrivée du numérique et de Google dans le paysage informationnel depuis les dix dernières années a ébranlé ce bastion. En numérisant les titres non disponibles, l'accès aux ressources détenues par des bibliothèques est désormais accessible à un plus vaste bassin de la population. À l'ère de l'immatériel, le monopole de la conservation et diffusion des ressources n'appartient plus aux bibliothèques. Et il y a lieu de s'en réjouir.

Car nous vivons dans des sociétés où la concurrence est permise et devrait même être encouragée, n'est ce pas? Dans le milieu de l'information, de la culture et du savoir, l'intérêt de la population, c'est à dire l'intérêt public, réside dans le partage de la connaissance . Pour que ce partage soit le plus équitable possible, l'information doit être desservie par le secteur public et le secteur privé. Il est à souhaiter que d'autres organismes, publics et privés participent à l'immense tâche de mieux exploiter ses richesses produites par l'humanité. Aux citoyens d'y veiller et à eux le dernier mot.

D'autre part, pour reprendre M. Darnton, justement, (on peut parfois se contredire, n'est ce pas?) aucun organisme (en l'occurrence Google ou les bibliothèques ) n'est «invulnérable à toute sorte de concurrence».

My Loan Duong,
MLS McGill