mercredi 24 décembre 2008

Le bonheur selon Aristote

«Dans le malheur, les amis satisfont plus à un besoin, puisqu’il faut à ce moment des amis utiles. Mais il est plus honorable d’en avoir dans le bonheur.» (Aristote)

Il est un fait connu depuis longtemps dans les milieux médicaux que les personnes bien entourées résistent plus positivement aux problèmes de santé graves. Il est aussi confirmé que les personnes vivants en couple ont une longévité supérieure que ceux qui vivent seuls. L'impact d'un bon et solide réseau social et affectif est un facteur prouvé dans le phénomène de résilience. Et pourtant, une étude menée par Nicolas Christakis, professeur en science sociales de l'Université Harvard et et James Fowler de l'Université de Californie à San Diego, publiée dernièrement dans la revue médicale British Medical Journal a fait grand sensation. Dans la rubrique «Science» de Times magazinedu 22 décembre 2008, sous le titre The Happiness Effect, Alice Park souligne que c'est la première fois qu'une étude, menée sur une période de vingt années sur un échantillonnage de 5000 personnes et de plus de 50 000 liens sociaux et familiaux faisant partie de leur environnements: parents, amis, collègues, etc...portant sur le bonheur a établi aussi clairement la relation entre le bien-être et la santé d'un individu et le réseau social auquel il a accès.

Car le bonheur n'est pas seulement un état émotionnel, cette étude a introduit un nouveau paradigme comme quoi le bonheur agit de la même manière qu'un virus. Il se communique entre les gens et plus on a des contacts avec les gens heureux, plus grandes sont nos chances d'en attraper. Il est ainsi démontré que si vous avez un ami heureux, la probabilité que vous soyez heureux aussi est de 15% plus grande que ceux qui n'en ont pas. Pour ceux qui ont des amis qui ont des amis heureux, la probabilité d'être touché par la grâce est de 10% supérieur que ceux qui n'en ont pas et pour ceux qui ont des amis qui ont des amis qui ont des amis heureux il y une probabilité de 5,6% .
Bref, le « happy trail » ou la chaîne du bonheur se transmet de la manière d'un virus. Plus vous côtoyez de gens heureux, plus vous avez de chance de l'attraper.
La nouveauté dans cette recherche est qu'elle soit publiée dans une revue médicale et non dans une revue de sciences sociales. Elle introduit aussi un nouveau paradigme dont il faut désormais tenir compte dans toutes les recherches portant sur la santé publique en mettant en relief l'impact des réseaux sociaux qui, mieux que l'environnement physique peut influencer sur l'état mental et psychologique des personnes. Les mêmes auteurs ont d'ailleurs publié une étude portant sur l'obésité qui montre clairement cette corrélation entre le réseau social et la maladie en démontrant comment l'obésité voyage aussi à travers le cyberespace. Ici aussi, les probabilités sont de 57% plus grandes si on a un ami obèse que dans le cas contraire. Même observation pour ceux qui veulent lâcher la cigarette. Si vous décidez d'arrêter de fumer et vous avez des amis qui ont quitté de fumer, joignez vous à eux, vous aurez 30% de plus de chance d'atteindre c votre objectif que si vous avez seulement des amis fumeurs.

En fait «le bonheur pourrait être conçu avant tout comme une activité, celle de la propagation de soi dans ses propres actions» *. La constitution américaine en reconnaissant à l'individu le droit à la poursuite du bonheur entérine cette pensée qu'Aristote avait émise il y a plus de quatre cents ans avant Jesus Christ selon laquelle « le bonheur doit être conçu avant tout comme une activité, celle de la propagation de soi dans la contemplation de ses propres actions [...] Les amis sont donc nécessaires à l’exercice même de la vertu et à l’expression de sa nature, selon une dialectique de la puissance et de l’acte.»

Sur ce, bonne année 2009 à tous, beaucoup d'amitiés et de bonheur autour de vous !


*Site de Didier Molinier

À lire aussi: Pourquoi L'Ethique ? La Voie Du Bonheur selon Aristote de Hair Howard ( Harmattan - Collection : Ouverture Philosophique, 2003)
Le bonheur est contagieux de Mathieu Perreault , La Presse, Actualités, p. 5,23 décembre

Publié par © My Loan Duong MLS, McGill
24 décembre 2008

jeudi 4 décembre 2008

Booksmag : revue française WEB 2.0 de livres


Booksmag. On peut se demander pourquoi donc ce nom anglais? Cette revue de livres bien que française à 100 pour cent qui a pour titre Books dans sa version imprimée s'adresse surtout à un lectorat francophone mais sa fracture est définitivement internationals puisque qu'il porte comme sous titre dans les livres du monde . Mais ceci justifie t-elle qu'il faille utilser cette franca lingua qu'est l'anglais? Créé Olivier Postel-Vinay, journaliste littéraire, Books est une entreprise indépendante qui veut « mettre à la disposition d’un public exigeant les idées susceptibles d’éclairer le sens de l’aventure humaine dans un monde en mutation rapide». Books est un média sur deux supports, la version numérique qui porte le nom de de Booksmag.fr est disponible pour les abonnés . Ce site qui accompagne le magazine en format papier a pour ambition selon l'équipe éditoriale « d’éclairer l’actualité en exploitant les livres qui paraissent dans le monde entier». L'équipe éditoriale entend porter à l'attention de son public «les meilleurs articles parus à propos de ces livres dans la presse internationale. Ces articles « sont des articles de haut niveau dans le fond et la forme, écrits par des spécialistes compétents ».

A première vue, BooksMag se situe entre le célèbre magazine Lire avec en plus son site interactif et entre Livre-Hebdo, l'hebdomadaire qui est aussi consultable en version électronique. La revue qui en est à ses deux premiers numéros, présente un site de format résolument WEB 2.0 avec toutes les spécificités et les caractéristiques qui l'accompagnent. Un nouveau livre est y présenté à chaque jour dans une section de veille intitulée «Booksbuzz» tandis que la section Booksactualité donne des informations sur les meilleures ventes du monde entier grâce à des informations sur les bestsellers, sur les derniers évènements ou faits , bref sur tout ce qui touche l'actualité sociale et littéraire comme politique ou économique. Une section blog permet aux auteurs de faire part de leur points de vue et de s'exprimer et de discuter sur tous les sujets chauds. Un agenda présente et fait connaître les évènements artistiques ou culturels dans une section de blogs intitulée «Booksblogs». Les Wikis ne sont pas oubliés avec des articles par les meilleurs experts dans «Wikigrill». Dans le numéro du 15 décembre 2008, diffusée sur YouTube, Marianne Péron-Doise, spécialiste des questions de sécurité en Asie au ministère de la Défense, présente une analyse intéresssante la situation politique nord-coréenne.

Un bulletin hebdomadaire permet aux abonnés de se tenir informés des nouveautés du site et donne le sommaire du magazine.

Le coût de l'abonnement annuel qui comprend 10 numéros est de 55 euros pour le Canada.

Publié par © My Loan Duong

samedi 29 novembre 2008

Qui a peur des blogs?

«La plus grande richesse, le plus grand pouvoir que nous possédons réside dans la connaissance. Ce n’est pas un hasard si toutes les nations de ce monde qui désirent sauvegarder leur compétitivité sur les marchés internationaux disposent d’un plan pour encourager l’éducation et l’innovation.» Sur la page d'accueil d'Anima - Conférences et formations , un jeune organisme lancé par Nicolas Sarrasin* qui offre des formations sous forme d'ateliers et de conférences pour aider les organisations et les travailleurs de s’améliorer et de « faire la différence », ces propos rappellent l'importance du coaching dans les entreprises pour aider à tous et à chacun d'améliorer leur performance et de développer leur potentiel.

Les temps et les façons de faire ont changé depuis une décennie, « dans une société [..]passée de l'ère de l'information à celle de la création» pour reprendre < Vincent Tanguay, dans un des derniers numéros de décembre 2008 de la revue Direction Informatiqque, vice-président Innovation et transfert, région de Québec, au Cefrio, les organisations sont plus que jamais devant le défi d'intégrer ces jeunes de la génération «Y» née à l'ère de l'internet qui commencent à prendre d'assaut le marché du travail. Ces cohortes de jeunes travailleurs et professionnels ouverts aux outils technologiques du WEB 2.0., auront de la difficulté de d'adapter au moule culturel et aux façons traditionnelles de faire de l'organisation. L'enjeu pour celles-ci est de savoir se transformer, à s'adapter aux nouvelles façons et à cette « philosophie particulière quant à la gratuité des contenus, des services et des applications disponibles sur Internet.»

« Le conseiller juridique m'a fortement déconseillé de créer un blogue »

Si les environnements organisationnels tardent à s'y faire, ce n'est pas seulement en raison de l'accélération effrénée des moyens et des techniques de communication. D'autres facteurs expliquent cette réticence des administrateurs à utiliser cet outil de communication trop libre ou trop ouvert par crainte de dérapage poss. Une chose est certaine, les blogues dérangent. Dans le bulletin mensuel University Affairs /Affaires universitaires des mois Aout-Sepembre 2008 de l'Association des universités et collèges du Canada, l'auteur de l'article Presidents who blog (p.26), Daniel McCabe nous apprend cependant que petit à petit, lentement mais sûrement, les recteurs des universités commencent à utiliser le blogue pour communiquer avec la communauté universitaire. Ainsi, surpris par la popularité des réseaux de communication sociaux comme Facebook et Youtube, le recteur de l'Université de Guelph, Alastair Summerlee a lancé son blogue et fait dorénavant partie du groupe des trente et quelques recteurs et principaux des universités canadiennes et américaines qui utilisent ce moyen pour s'adresser à ces collègues et étudiants. Il a été agréablement étonné par le nombre impressionnant de réponses et de réactions à ses billets mais note aussi que sa décision ne fait pas plaisir à tout le monde et inquiète notamment le bureau chargé de communication de l'Université. « Le conseiller juridique me l'a fortement déconseillé » ajoute -t-il. Souvent le personnel des communications craint les pièges potentiels de ce style de communication informel qui fait rupture avec la tradition de communication dans les grosses entreprises et les administrations importantes habituées à plus de préparation quand il s'agit de publications ou communiqués provenant des dirigeants.

C'est oublier, n'en déplaise au personnel des communications (qui défendent aussi leurs prérogatives et leurs fonctions), que sans avoir à adopter un ton familier ou « cool », le blogue peut être aussi un outil d'enseignement et de formation. Jonathan Raymond, recteur de l'université Trinity Western tient à ce que chaque article qu'il écrit « soit significatif pour quelqu'un » car les universités n'ont pas seulement pour mission le développement des compétences mais doivent aussi « aider les étudiants à devenir de meilleures personnes ».

Mais les choses changent, observe Vincent Tangay qui apporte un argument de plus aux recteurs branchés: « Si on se compare, par exemple, au Québec d'il y a 15 ans, on est dans un autre monde [...] en 1995, il y avait à peine plus de 250 sites Web ** au Québec [...] Personne aujourd'hui ne pourrait s'en passer au travail : on trouve presque tout sur Internet. Je crois qu'à l'avenir, il faudra amener les organisations à travailler davantage en réseau et que les jeunes, en transposant les technologies qu'ils utilisent dans leur vie courant au travail, vont aider à ce que ça se fasse. Il faut s'occuper des jeunes, les autres vont suivre. »

par My Loan Duong, MLS McGill

* Nicolas Sarrasin, M.A.en littérature est l'auteur, entre autres de l'ouvrage La croissance illimitée Montréal, Éditions Quebecor, 2008, 213 p. Pour Nicolas Sarrasin, un individu peut atteindre son plein potentiel s'il sait développer sa relation avec les autres et faire en sorte que sa réussite professionnelle soit accompagnée d'une croissance personnelle. Cette croissance personnelle l'aidera à affronter les épreuves et les déceptions et à repartir après les échecs. Comment s'y prendre ? A l'aide d'exemples simples et convaincants, Nicolas Sarrasin nous explique sa vision des choses et nous montre comment utiliser nos ressources intérieures pour changer les choses de façcon positive.

** Le site Web de la Bibliothèque de bibliothéconomie a été crée en 1995. Si vous êtes intéressés à savoir comment il avait l'air à l'époque , je vous invite à aller voir dans le billet posté sur ce blogue libellé Wayback ou la machine à remonter le temps

Publié par © My Loan Duong

mardi 18 novembre 2008

Les notices de la Bibliothèque nationale de Chine dans WorldCat


Dans le milieu des bibliothèques comme ailleurs, la Chine continue de s'ouvrir au monde et en duo avec OCLC rend accessibles ses collections millénaires au monde entier
«Worlcat est le meilleur instrument pour partager avec les citoyens du monde les richesses et les ressources de la Chine » a déclaré Zhan Furui directeur de la Bibliothèque nationale de Chine.
Cette collaboration accrue a fait un pas de plus le 28 février dernier avec l'annonce de OCLC à Dublin en Ohio que la plus grande bibliothèque de l'Asie et la troisième plus grande bibliothèque nationale du monde après la Library of Congress et la Bibliothèque nationale de France, va ajouter ses notices bibliotgraphiques dans l'immense base de données de l'OCLC. La bibliothèque nationale de Chine développera un logiciel pour permettre le transfert de ses notices et d'ci la fin de 2008, il est prévu que plus de 1 million et demi de fichiers seront accessibles pour tous à partir du catalogue WorldCat en caractères chinois.
Andrew H. Wang, Vice-président de OCLC Asia Pacific indique qu'il s'agit de fichiers portant sur 5000 années d'histoire de l'Empire du milieu qui sont désormais disponibles pour les chercheurs, historiens et savants dans le monde. Le partenariat de OCLC avec les bibliothèques de la République populaire de Chine a commencé en 1986quand OCLC introduit le système CJK pour cataloguer les documents en chinois japonais et coréen à l'Université Tsinghua et l'accès à FirstSearch devint disposible à plus 100 bibliothèques académiques en Chine à partir des années 90. la collaboration ne cesse de s'accentuer depuis avec notammant l'implantation en 2004, du consortium CALIS (China Academic Library and Information System) à l'Université de Péking, donnant l'accès aux collections électroniques de NetLibrary eBook à 80 bibliothèques chinoises. D'autre part, OCLC a été sélectionné pour être l'hôte de la 4è conférence Chine - États-Unis qui s'est tenue en Octobre 2007 à Dublin en Ohio qui a réuni les sinologues, savants et spécialistes chinois et américains pour échanger et présenter les découvertes et les recherches sur la culture chinoise classique et contemporaine.

La troisième plus grande bibliothèque nationale dans le monde Le périodique Beijing Information, du 11 septembre 2008, informe que la Chine s'est dotée de la 3è plus grande bibliothèeque nationale dans le monde. Le bâtiment, ouvert au public le 9 septembre dernier atteint désormais 250 000 m2, derrière la Bibliothèque nationale de France (Paris) et la Library of Congress des États-Unis (Washington). Débuté fin 2004, ce nouveau bâtiment qui dispose d'une surface de 80 538 m2 abrite des salles de stockage, des salles de lecture, une zone d'exposition de livres anciens et une bibliothèque numérique a coûté 1,22 milliard de yuans (178,3 millions de dollars) au gouvernement chinois. Selon le directeur de la Bibliothèque nationale de Chine, Zhan Furui la Bibliothèeque est maintenant suffisamment grande pour répondre aux besoins d’entreposage des documents pour les trois prochaines décennies. La Bibliothèque qui peut accueillir 8 000 lecteurs chaque jour offre 2 900 places assises, 600 000 livres et des ressources numériques de 200 téraoctets. Une section réservée aux personnes visuellement déficientes permet à ceux-ci de consulter des livres et des fonds de documentation grâce à des ordinateurs contrôlés par la voix.


par My Loan Duong, MLS Ce billet a été aussi est publié dans le bulletin de Corpo Clip, n. 177, nov-jan, 2009

dimanche 16 novembre 2008

Les Bibliothèques jouent un rôle essentiel dans l'apprentissage par Internet

*Les bibliothèques et l’apprentissage sur internet – Rapport final du Groupe de travail de l’ABCR sur l'apprentissage sur Internet (E-learning final report)
Les bibliothèques joueront un rôle-clé dans l’apprentissage sur internet *
Selon les conclusions d’un rapport commandité par l’Association des bibliothèques de recherche du Canada (ABRC)* qui regroupe 27 principales bibliothèques de recherche universitaires au Canada aisi que la BAC (Bibliothèque et Archives Canada), l’Institut canadien de l’information scientifique et technique (ICIST) et la Bibliothèque du Parlement, le rôle des bibliothèques universitaires dans l’apprentissage sur internet serait très significatif. En 2002-2003, l’accès en ligne aux bases de données offertes par les bibliothèques universitaires ont permis à plus de 330 000 étudiants dans les établissements de l’ABRC d’intégrer l’utilisation des ressources documentaires électroniques aux techniques d’apprentissage et de recherche en ligne.
Néanmoins, le rapport constate aussi qu’il y a de place pour l’amélioration de la contribution des bibliothèques universitaires dans l’apprentissage et l’enseignement sur internet au niveau des études supérieures au Canada. Quelques pistes de solution ont été proposées dont une implication plus grande des bibliothécaires spécialistes de disciplines dans le contenu et la conception des cours et dans la prise en charge des systèmes de gestion d’apprentissage. Le rapport recommande aussi aux bibliothèques de rechercher et d'utiliser des ressources à valeur ajoutée pour enrichir leurs fonds, de regrouper la gestion des objets d’apprentissage comme les logiciels bibliographiques et les pratiques d’obtention de licences. Les bibliothèques devraient aussi s’investir dans les politiques d’apprentissage en ligne. non seulement à l’échelon local mais aussi à l’échelle nationale et internationale. Enfin, Lyne Copeland, présidente du groupe de travail de l’ABRC insiste sur le fait que les bibliothèques ont intérêt à intervenir plus activement dans « la conception des systèmes et des services qui répondent aux besoins des chercheurs d’information» et jouer un rôle-clé dans l’apprentissage sur internet
*Les bibliothèques et l’apprentissage sur internet – Rapport final du Groupe de travail de l’ABCR sur l'apprentissage sur Internet (E-learning final report)

par My Loan Duong.MLS McGill

vendredi 17 octobre 2008

SOS : Sondage ou Stratégie ?

Comprendre à partir du «non-dit»

Les sondages utilisés en milieu et dans les corporations pour sonder le coeur des administrer ou à soupeser l'opinion publique ou celle d'un groupe à propos de dossiers comme par exemple les droits de scolarité dans l'enseignement supérieur au Québec, la gratuité des soins ou le virage à droite sont qualifiés de stratégiques. Ils ont leur utilité dans les périodes de flottement ou de changement de direction pour aider des administrateurs nouvellement arrivés à la tête d'une équipe à connaitre les perceptions des employés vis à vis des gestionnaires et, si les experts estiment que leurs méthodologies sont plutôt défaillantes, ils permettent néanmoins détecter dans le brouillard des perceptions et des rumeurs les indices les plus révélateurs de l'humeur du milieu, pour infirmer ou confirmer certaines hypothèses, pour vérifier les «non-dits» et tâter l'opinion du personnel, tout cela sous le couvert d'un certain anonymat. L'objectif? Vérifier la rumeur ambiante et l'opinion des administrés et éventuellement décider, preuves en mains (?) de légitimer ou de désavouer des pratiques et si possible neutraliser ou sanctionner des actions ou des comportements dépendammment de l'option exprimée.

En fait, un administrateur nouvellement nommé doit faire face à ce défi: comprendre le climat organisationnel afin d'évaluer les performances et les compétences de ses administrés. Or comment mener cette enquête sans avoir l'air de discriminer un groupe par rapport à l'autre? Comment interroger les administrés pour connaître leurs opinions sur le personnel alors que ceux-ci ont été nommés par ceux-là ?
Même s'ils sont loin de représenter correctement l'opinion des gens sondés, le taux des réponses ou des silences est aussi très significatif. La règle du jeu: les mots du sondage sont choisis de façon à ce que les gens n'émettent que des opinions positives (on est dans une équipe, n'est ce pas? Même si l'équipe comprend plus de 300 individus répartis dans des dizaines de catégories d'emplois)

Vérifier les perceptions

C'est pourquoi, comme il s'agit ici de vérifier des perceptions, les sondages stratégiques ont leurs limites. Cependant, cela ne veut pas dire qu'ils ne contiennent pas par le truchement des réponses leur part de vérité. Par exemple, les mots choisis délibérément pour éviter toute connotation négative ne sont pas innocents comme on pourrait le supposer de prime abord. Quand on suggère les mots tels que convivial, sympathique ou compétent, à la pointe, innovateur ou excellent pour définir le milieu de travail, il est clair qu'une réponse comme «convivial» conviendrait mieux à un sympathique club social et que les qualificatifs comme «performant» ou «à la fine pointe» répondraient mieux ça qu'il serait tenu lieu d'attendre d'une organisation de haut savoir.

Le sondage stratégique comme outil de gestion de dernier recours?

Les silences ont aussi leur signification. Le taux d'absentéisme peut être révélateur et peut être interprété de plusieurs façons aussi. Du côté du public, ne pas répondre à ce type de sondage est significatif car cela veut dire qu'on se prête pas au jeu et que l'exercice apparait comme futile. Pour le sondeur, utiliser ce type de sondage pour évaluer le climat de travail ou l'humeur du personnel peut être une arme à double tranchant si le taux de réponses ne dépassent pas disons 1/3 des sondés. Car tous ne sont pas dupes et ce jeu de relation publique risque d'être perçu comme «naif» voire, manipulateur, pour rallier les esprits vers cette vision que «tout le monde est beau, tout le monde est gentil» et se révèler... inefficace et contre-productif. Ce faisant, l'administration perd son temps et fait perdre celui de ses subordonnés. Il risque de nuire à la relation de confiance entre sondeur et sondés.

Conclusion : relire Bourdieu

Il serait intéressant de consulter cette analyse intitulée «Les sondages sont-ils représentatifs? Représentatifs" de qui ? De quoi ? Des sondés, ou de l'intérêt des commanditaires des sondages... !» Dans une conférence prononcée le 16/10/1996, commentant le fameux article de Pierre Bourdieu ("L'opinion publique n'existe pas", Patrick Champagne souligne que la notion soit-disant d'"opinion publique" n'est ni plus ni moins ...qu'un instrument politique, un étendard-caméléon que brandissent les groupes d'intérêts (partis politiques, médias, corporations) en donnant l'impression qu'ils s'y soumettent alors qu'ils participent de façon non négligeable à sa construction dans l'élaboration des questionnaires, le traitement des réponses, et l'exploitation médiatique des "résultats".

Citant Pierre Bourdieu, il rappelle les trois raisons qui expliquent pourquoi ces sondages ne servent finalement que les intérêts de ceux qui les commanditent. D'abord, parce que tout le monde ne possède pas un niveau de connaissance assez élevé pour être capable de se prononcer sur des sujets politiques précis et ensuite parce que que tout le monde n'est pas capable d'émettre une opinion » et qu'« en ce sens toutes les positions, et tous les discours ne se valent pas et enfin parce que tout simplement il faut aussi souligner que toutes les questions n'interpellent pas les individus de la même façon.» Chaque question n'ayant pas la même importance pour tous les individus, il n'y a donc pas d'accord du public sur les questions qui lui sont posées.Voilà ce qui n'aura pas l'heur de plaire aux démagogues qui refuteront cette hypothèse pour son élitisme. N'empêche que jusqu'ici ce sont les sondages qui ont confirmé par leur incapacité de donner les bonnes réponses le bien-fondé de la théorie du célèbre sociologue. Pour finir, les auteurs nous invitent aussi de relire le chapitre de P. Bourdieu, "L'opinion publique n'existe pas" dans Questions de sociologie, publié dans Les Éditions de minuit aux pages 226 et 227.

Publié par © My Loan Duong , MLS McGill

lundi 29 septembre 2008

CREPUQ: Statistiques des bibliothèques universitaires québecoises

Statistiques générales des bibliothèques universitaires québécoises 2005-2006 disponibles:

Les Statistiques générales des bibliothèques universitaires québécoises 2005-2006, compilées par le secrétariat de la CREPUQ et publiées par le Sous-comité des bibliothèques de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ), sont maintenant disponibles.

Les Statistiques générales des bibliothèques universitaires québécoises sont publiées annuellement par le Sous-comité des bibliothèques de la CREPUQ, depuis 1978-1979. Elles constituent un véritable portrait collectif quantitatif des ressources documentaires aussi bien que matérielles, financières et humaines des bibliothèques universitaires québécoises, de même que sur leurs activités et sur leurs services.
Il est intéressant de comparer les tableaux portants sur la répartition des personnels, du nombre d'étudiants, des ressources documentaires et des dépenses allouées au personnel dans les universiatés McGill et de l'UdeM. À titre indicatif, notons que le montant alloué aux salaires du personnel dans les bibliothèques de l'UDEM est beaucoup plus important qu'à l'Université Mc Gill où le nombre de cadres est moins élévé aussi qu'à l'UdeM. L'Université de Montréal compte le plus grand nombre de personnel parmi les bibliothèques universitaires. À noter que les cadres des bibliothèques de l'UdeM qui sont au nombre de 33 sont rangés dans la catégorie professionnels ! même s'ils occupent uniquement des fonctions administratives.

Une image valant mille mots, je vous laisse sur ces tableaux et ces chiffres bien révélateurs:

Il est cependant important de préciser que si les bibliothèques de l'Université de Montréal et McGill University disposent sensiblement des mêmes ressources financières, de l'ordre de 30 millions de dollars chacune, à l'Université de Montréal, la proportion consacrée aux salaires qui est nettement plus élevée que la moyenne de toutes les bibliothèques universitaires canadiennes accapare plus de 65% du budget global alors que les montants consacrés aux ressources documentaires de cette Université ne constituent que 8% du budget global.

Tableau 1 : Les Ressources humaines
Tableau 2 : Répartition du personnel
Tableau 5 : Répartition des dépenses de fonctionnement
Tableau 8 : Répartition des dépenses en ressources humaines
Tableau 10 : Répartition en rh dans les bibliothèques par rapport à l'Université
Tableau 11 : Dépenses pour chaque étudiant
Tableau 12 : Ressources matérielles
Par la même occasion, je vous invite à lire l'article les Statistiques 2004-2005 et 2005-2006 des bibliothèques universitaires et de recherche au Canada par My Loan Duong dans Documentation et Bibliothèques, vol. 53, numéro 2. avril/juin 2007, pp 115-119













dimanche 28 septembre 2008

Google : accès aux archives de presse d'origine

Grâce à une nouvelle technologie lancée en septembre dernier, le moteur de recherche Google a mis à la disposition du public des archives de presse dans leur format d'origine. Avec Google News Archives des millions de pages d'articles de certains journaux vieux de plus de 200 ans peuvent désormais être lus dans leur format d'origine comme le Quebec Chronique Telegraph, le plus vieux journal d'Amérique du Nord ou le journal Pittsburgh Post-Gazette - Jul 21, 1969. Le projet de numérisation commencé depuis 2006 avec les journaux New York Times et du Washington Post prend utilise la même technologie que pour les livres, dans Google Books à laquelle on a ajouté AdSensequi explore automatiquement le contenu des pages WEB indique Marissa Mayer vice-présidente de Google inc. dans une conférence prononcée le 8 septembre dernier. Les ingénieurs y ont ajouté des nouvelles fonctionnalités. En passant sur la page avec une souris, on peut cliquer sur l'article dont le titre est surligné ainsi que sur les articles en rapport.

par My Loan Duong, MLS

lundi 22 septembre 2008

Quoi de neuf dans les métiers de l'information et de la documentation ?

Les cohortes se suivent et ne se ressemblent pas

La profession de bibliothécaires ne sera plus à court terme une profession à prédominance féminine si la tendance observée au cours des toutes dernières années contenue à se maintenir. En effet, cette année, à la School of Information Science *de l’Université McGill, la cohorte de 2008-2009 compte plus d’étudiants que d’étudiantes. À l’École de bibliothéconomie et des sciences de l'information de l'Université de Montréal, la proportion des étudiants est maintenant de 30 % d’hommes par rapport à 70 % de femmes (29 hommes sur un total de 89 inscrits), les autres années, elle était de l’ordre de 20% puis 25%. D’autre part, fait à souligner, la plupart des inscrits sont dans la jeune vingtaine. Ce phénomène est observable aussi dans certaines écoles de sciences de l’information aux États-Unis dont la School of Information Science de l’université de Washington dans l’état de Washington où cette année, on compte pour la première fois depuis quelque temps plus d’étudiants que d’étudiantes.

Généralement, et cela est confirmé dans toutes études sur les marchés du travail, une meilleure valorisation de la profession, normalement accompagnée de salaires plus concurrentiels bien sûr, amène une proportion plus grande d’employés de sexe masculin. Il semble aussi pour selon certains observateurs que l’aspect technologique qui occupe un volet de plus en plus important dans la profession de bibliothécaire serait un attrait supplémentaire pour les «gars», par nature (?) plus portés vers les professions novatrices.

En même temps, il est réjouissant de constater que des femmes qui se sont investies dans les domaines jusqu'ici réservés aux hommes, notamment ceux de la technologie et des communications sont arrivées au sommet. La Direction Informatique a publié au début de l'année le portrait des personnes « qui[...] comptent parmi les 50 plus importants intervenants des 50 dernières années d'innovation technologique. Sans l'imagination et le travail de ces innovateurs, les technologies que vous utilisez aujourd'hui n'auraient peut-être jamais été inventées».

Les femmes leaders dans le domaine de la haute technologie
Parmi les cinquante visionnaires identifiés, en commançant par Jack Kilby et Robert Noyce qui ont produit les premiers circuits intégrés, par Bill Hewlett et Dave Packard ont fondé dans un garage dans les années 1940 devenu site historique national cette entreprise informatique gigantesque de serveurs, d'ordinateurs de bureau, de calculatrices et, bien sûr, d'imprimantes, en passant par Bill Gates, Don Estridge largement reconnu comme « le père du PC », version IBM, Ray Tomlinson est qui a envoyé, en 1971, le premier message électronique, un courriel expédié d’un hôte du réseau Arpanet à un autre et qui a eu «l’idée d’utiliser le symbole @ pour séparer le nom d’utilisateur du nom de l’hôte dans une adresse électronique » et plus de quarante autres pionniers et visionnaires, deux femmes ont leur marque dans ce monde d'hommes dont Grace Murray Hopper et Meg Witman.
Grace Murray Hopper en tant qu'officier de marine a travaillé au développement de l'UNIVAC, le premier ordinateur commercial au monde. En travaillant dans le relais un relais informatique à l’Université Harvard et en faisant le ménage(oui!) des procéduriers informatiques et des langages d'exploitation, elle a découvert un «bug» qui affectait le système.
La deuxième réussite peut aussi prouver que des stéréotypes ont la vie longue. Comme il se doit, c'est une femme qui s’est illustrée dans le domaine du ...magasinage en ligne cependant. Meg Whitman s'est jointe à l’entreprise d’achat sur internet eBay à tous débuts et, en dix ans, l’a propulsé au sommet des entreprises les plus populaires du Web en proposant un système de magasinage basé sur le marchandage avec les ventes à l'encan. Elle a pris sa retraite à titre de chef de direction de l'entreprise en mars dernier pour relever de nouveaux défis. Retenez bien ce nom, il risque de reparaitre.

Voilà qui va remettre doucement la balance en équilibre dans le marché de l'emploi et dans les métiers des sciences de l'information et de la communication. Sur ce, je souhaite à tous mes jeunes collègues de pouvoir mener des carrières aussi stimulantes et novatrices.

* Ne manquez pas d'aller jeter un coup d'oeil à la cyberthèque. Tout simplement impressionnant !

mardi 16 septembre 2008

Le «outsourcing » et ses impacts sur la profession de bibliothécaire

L'externalisation communément connue en anglais sous l'appellation outsourcing est souvent associée au thème de la sous-traitance. Comme la sous-traitance, l'externalisation ou encore l’impartition touche à la problématique de l'organisation du travail, aux enjeux reliés à la profession et à la question dont des compétences et aux pratiques qui sont associées à une fonction ou un métier. Par ses effets sur les problématiques du marché de l’emploi, aux questions de compétences et à l'approche économique de l'organisation, l'externalisation a un impact certain sur l'image et au développement de la profession.

Les donneurs d'ordre ou les commanditaires utilisent la sous-traitance avant tout comme méthode de contrôle de coûts. Pour les entreprises, l'externalisation des tâches a pour objectif premier la réduction des coûts de production car il est indéniable que l'aspect contractuel de la sous-traitance peut représenter une économie notable d'énergies en termes de gestion et de contrôle du travail et un renforcement du pourvoir de négociation du donneur d'ordre. Il est donc évident que lorsqu'on parle de sous-traitance et d'externalisation, la dimension quantitative et économique s'impose immédiatement à l'esprit. Dans les institutions et dans les entreprises, la sous-traitance dans l'octroi des services de maintenance ou d'entretien des locaux est acquise car elle renvoie à une question de productivité quantitative. Sur ce point, le consensus est acquis de part et d'autre.

Mais si le recours à la sous-traitance qui part de l'objectif de rationalisation des budgets et des activités de l'organisation est intéressant pour les employeurs, pour les bibliothécaires et ceux qui travaillent dans les métiers de sciences de l'information, l'externalisation des activités a des incidences. Dans tous les milieux des bibliothèques universitaires comme celui des bibliothèques publiques, municipales et gouvernementales, au Québec, le thème de la sous-traitance est un thème «sensible» car il touche à des notions d'emploi et d'image (encore mal définie pour pour certains employeurs ?) de la fonction de bibliothécaire. Mon propos ici porte plus spécifiquement sur les incidences les problématiques de la sous-traitance dans le milieu des bibliothèques universitaires .

La logique économique

Dans le milieu des métiers de l'information-documentation, l'externalisation a depuis longtemps existé. Selon les époques, les administrations ont transféré à des entreprises externes des volets spécifiques de l'activité documentaire mais normalement les administrateurs trouvent plus économique de déléguer sur une base contractuelle et délimitée des volets de l'activité documentaire à des contractants, soit pour combler une manque de ressources humaines, soit pour accélérer le traitement ou l'acquisition de collections importantes ou quand il s’agit de travail proprement matériel. Il est d'usage donc de déléguer les activités reliées à la reliure des ouvrages à les organismes externes est considérée autant par les employés et les employeurs comme une alternative rationnelle comme confier le travail d'apposer les cotes, les codes barres et les bandes antivol à des organismes externes quand il s'agit de gros lots. L'externalisation des tâches ne suppose cependant pas que les donneurs se déchargent des obligations de contrôle et de validation des travaux aux prestataires. D'autre part, elle requiert de ces derniers une connaissance intime des tâches et des habilités de négociation. Et parfois, les services documentaires n'ont pas toujours les ressources humaines formées pour maîtriser les techniques de négociation et de gestion de projets qui font appel à des habilités absentes dans les formations initiales.

Perte de compétences et de savoir-faire

Pour les bibliothécaires, l'externalisation des activités a des incidences. D'abord à cause du positionnement même de la profession de bibliothécaire dans les milieux de travail. La raison est que dans l'univers des bibliothèques surtout, le coeur du métier de la fonction de bibliothécaire réside dans la gestion des fonds, qu'ils soient numériques, imprimés ou multimédias et dans le contrôle des opérations reliées à cette gestion pour assurer la qualité totale des ressources informationnelles acquises, traitées, conservées pour fin d'utilisation par la communauté de leurs pratiques. Pour les bibliothécaires, les activités de gestion et les activités de service sont deux fonctions étroitement liées et une collection bien gérée et bien organisée facilite les prestations de service et en bout de ligne assure un meilleur accès aux ressources. On comprend que pour les catalogueurs et les développeurs de fonds, dans le milieu universitaire, les conséquences d'une mauvaise entrée de données dans un catalogue peuvent être importnates comme les bénéfices d'une collection de documents bien construite et bien structurée et leurs effets sur un travail de recherches bibliographiques. la dilution des activités peut porter atteinte aux fonctions considérées comme le coeur du métier et endossées par une formation et des compétences bien définies.

C’est pourquoi, si pour les administrateurs, la logique économique est la préoccupation première, pour les professionnels de l'information-documentation, le recours à la sous-traitance des tâches de bibliothécaire est perçu comme un risque d'une «dé-professionnalisation du personnel existant et de la perte du poste de travail», selon Benoit Ferland* qui ajoute que «cette perte de compétences et de professionnalisme non seulement avoir des conséquences psychologiques dans le milieu de travail et entrainer une perte de motivation néfaste pour tous.

Parallèlement, l'éclosion des petites entreprises de conseillers documentaires indépendants et d'entreprises de fournitures de services pour gérer des portails ou de sites web représente une solution tentante pour les administrateurs. Mais faire administrer son portail par un organisme extérieur est difficile car cela suppose le sortir de son contexte de conception de l'activité documentaire, par contre que faire si le service en charge de ce travail ne possède par toutes les compétences et les ressources pour mener le projet? On aborde ici la question du professionnalisme qui touche à l'adéquation des résultats par rapport aux besoins exprimés.
D'autre part, le recours à la sous-traitance des tâches de bibliothécaire entraîne le risque d'une «dé-professionalisation du personnel existant et de la perte du poste de travail», selon Benoit Ferland* qui ajoute que «cette perte de compétences et de professionnalisme non seulement avoir des conséquences psychologiques dans le milieu de travail et une perte de motivation néfaste pour tous.

Les activités documentaires dans les institutions sont souvent encadrées à l'intérieur des contrats de travail et des conventions collectives. Pour les gestionnaires qui travaillent dans les institutions où se trouvent les écoles qui forment les de professionnels, il est tentant de penser que certaines tâches puissent être effectuées par ceux qui sont en train d'en acquérir la formation . Par exemple: pourquoi ne pas faire cataloguer des documents en attente de traitement sur les étagères par les étudiants du cours de catalogage, ou même déléguer des fonctions comme la gestion d'un site web ou d'un intranet à d'autres? Sous le prétexte de mettre à contribution le corps professoral et les étudiants dans les projets de développement de leur bibliothèque et au nom du web 2.0 et des tendances collaboratives, certains plus opportunistes que d'autres essaient de mettre des ressources externes à leur service en les impliquant dans des projets qui relèvent du ressort de leur personnel. L'enfer étant pavé de bonnes intentions, on risque de nager en plein dans le conflit d'intérêts. N'est-on pas en train de délocaliser des tâches de bibliothécaire pour les attribuer à ces mêmes étudiants et aux professeurs à qui ils offrent leurs services?

Il est donc compréhensif que dans ce contexte, pour plusieurs, l'externalisation est une menace par rapport aux droits parfois durement acquis et en fait elle l'est lorsque dictée uniquement par la volonté de réduire des coûts ou par d'autres considérations d'ordre «politique» ou motivées par des intérêts spécifiques du moment. La crainte de voir le transfert d'une partie des tâches effectuées normalement par les employés réguliers des bibliothèques aux étudiants oblige aux administrateurs qui y ont recours à exercer ce droit de gérance avec doigté. Dans tous les cas, l'impartition doit être menée dans le respect de la profession et des professionnels qui l'exercent.

Droit de gérance versus propriété intellectuelle, droits d'exercice de la profession

En fait, comme tout ce qui touche le thème des relations de travail, rien n'est noir ni blanc. Le recours à la sous-traitance pour les compétences pointues est parfaitement justifié. Gérer un service documentaire suppose des connaissances approfondies dans plusieurs domaines disciplinaires et fait appel à des compétences de plus en plus variées et diverses. Ainsi, le webmestre titulaire d'une maitrise en science de l'information ne peut résoudre tous les problèmes reliés aux problèmes informatiques. Certains projets comme l'implantation d'un portail web de la nouvelle génération exigent d'autre part une synergie documentaire et des expertises variées qu'un bureau de communication dirigé par des cadres sans expertises informatique et professionnelle pointues ne possède parfois pas. On déborde cependant ici du cadre de la soustraitance et on aborde la problématique de l'organisation du travail.

En somme l'externalisation est une solution alternative, une occasion de mener de projets spécifiques ou des activités particulières qui nécessitent des ressources distinctes insuffisantes ou inexistantes dans l'organisation. Dans cette perspective, elle peut être enrichissante pour les travailleurs car elle fournit une expertise supplémentaire utile à leur développement professionnel. Dans les institutions qui ont recours à l'externalisation des tâches, l'accueil des étudiants en stage dans le milieu pour des buts de formation et d'apprentissage peut être une solution gagnante qui comporte des bénéfices pour toutes les parties: pour l'apprenant d'abord, pour l'employeur qui peut puiser dans ce bassin d'essai les relèves pour le futur et pour le professionnel qui peut profiter de cette occasion pour enrichir et mettre à jour ses connaissances.

Il reste que l'impartition touche à certains aspects de l'organisation du travail dans les services publics et parapublics et fait appel à des dimensions de gestion qui concernent toutes les parties en cause c'est à dire l'employeur, l'employé et le prestataire. Elle fait intervenir des aspects légaux et juridiques importants dont les droits d'exercice de la profession entérinés par des clauses des droits corporatifs et par les conventions de travail, sans parler des droits d'auteur et de la propriété intellectuelle lorsqu'elle touche à l'utilisation des travaux. Notons que sur cet aspect, l'Université de Montréal est l'une des universités les plus actives pour aider les étudiants à se retrouver dans le dédale des questions en regard de la propriété intellectuelle et les renseigner sur leurs droits. la FAECUM a publié et mis en ligne le 18 janvier 2008 deux guides étudiants qui répondent à leurs préoccupations en regard de leur droits d'auteur sur leurs travaux et leurs réalisations. La convention collective du syndicat des professeurs comporte une clause importante au sujet de la propriété intellectuelle qui touche aux questions épineuses de l'utilisation et de mise à profit des prestations ou de travaux d'étudiants ou de professeurs.

My Loan Duong, MLS

* À lire: Externalisation et sous-traitance dans les services d'information : état des lieux et perspectives / Association des professionnels de l'information et de la documentation ; ouvrage coordonné par Isabelle Martin ... [et al.]. Paris : Association des professionnels de l'information et de la documentation, c2004. Z 678 A74 2004, p.211 My Loan Duong, MLS

mardi 26 août 2008

«Plus de temps à s'informer et moins de temps à chercher»

Voilà qui résume bien l'objectif des outils de recherche de la génération du Web 2.0 pour reprendre Béatrice Foenix-Riou * dans un des derniers numéros de Bases/Resources, mai-juin 2008 à propos des «Glues pages» de Yahoo!
Après Google qui a fait intégrer dans la page des résultats de recherche de données provenant de différents modules, en mélangeant à côté des pages issues de sites Web différents les vidéos, les images, les revues de presse, les actualités, Ask.com a offert sur sa page de résultats une interface composée de trois volets issues de sources diverses: images, extraits de WIkipedia, de blogs, de vidéos.
Au tour de Yahoo! maintenant d'innover en offrant depuis mai 2008 une nouvelle présentation des résultats sous forme de «glues pages» qui dépassent maintenant d'un cran celles des pages de résultat des autres outils de recherche. Les résultats traditionnels sont cantonnés sur le côté gauche de la page tandis que la partie centrale est occupée par différents types de contenus issues de Yahoo! News.com et non de Yahoo! avec «une vignette des illustrations présentes, des vidéos fournies par Youtube, des billets publiés sur des blogs (via Google Blog Search) et bien sur des images issues de Yahoo! Images » voire même des photos provenant de Flickr et quand la requête porte sur une ville ...l'annonce d'activités en regard du lieu ou du sujet de la requête, par exemple si on cherche à Delhi, on pourrait avoir une fenêtre pour réserver un vol d'avion en inde via MakeMyTrip ou avoir accès à des informations touristiques via HolidayIQ.

Pour le moment ces nouveautés sont offertes uniquement sur la version indienne de Yahoo! mais tout indique que le présence des modules qui permmettent de dégager des revenus sera là pour rester.

(Source: Yahoo! teste les «Glues Pages» en Inde , pp 14-15

Francophonies et Bibliothèques et l'Initiative de Collaboration entre les bibliothèques françaises et nord-américaines (ICBFN)

Lors du congrès de l'Association internationale francophone des bibliothécaires documentalistes (AIFBD), qui a eu lieu à Montréal, Québec, du 3 au 6 août 2008, les membres de l'Initiative de Collaboration entre les bibliothèques françaises et nord-américaines (ICBFN)/Collaborative Initiative for French and North-American Libraries (CIFNAL), ont fait des interventions dans différentes séances pour promouvoir et de faciliter les échanges coopératifs d'idées et de ressources entre les bibliothèques françaises et nord-américaines. Fondé en 2006 l'Initiative de Collaboration entre les bibliothèques françaises et nord-américaines (ICBFN) connue aussi sous son nom anglophone: Collaborative Initiative for French and North-American Libraries - dans le cadre du programme Global Resources Network (réseau mondial de ressources) du Center for Research Libraries (Centre pour les bibliothèques de recherche - CRL).

Selon Jeffry Larson, membre du ICBFN/CIFNAL, bibliothécaire au département de «Western European Romance Languages & Literatures, Linguistics, Classics, & Comparative Literature» de Yale University Library, New Haven, Connecticut, USA,
l'objectif de l'Association est de « forger des liens plus étroits entre les cultures pour [...] ouvrir les échanges avec celles qui ont besoin d'un accès aux ressources imprimées et électroniques qui s'étend au-delà des frontières» en travaillant sur des projets touchant les «domaines dans lesquels des bibliothèques françaises et nord-américaines bénéficieraient mutuellement de l'échange d'idées, d'informations et de ressources». Parmi les modèles déjà lancés par le CRL, Jeffry Larson cite le Cooperative African Newspaper Project (Projet coopératif pour les journaux africains), the Digital South Asia Library (Bibliothèque électronique sur l'Asie du Sud), the German-North American Resources Partnership (Partenariat de ressources germano-américaines), et le Latin Americanist Research Resources Project (Projet de ressources pour les recherches sur l'Amérique latine).

Les projets actuellement en cours portent sur «l'amélioration de l'accès aux ressources françaises et francophones pour les partenaires nord-américains et l'accès aux ressources nord-américaines pour les partenaires français et francophones par notamment: la création des inventaires des microfilms; l'identification des collections ayant des fonds français particulièrement importants, y compris des collections de livres rares, hors normes ou de manuscrits ;l'identification des fonds de ressources d'histoire locale et/ou régionale »
Jeffry Larson cite comme exemple concret de l'amélioration de l'accès aux ressources françaises et francophones pour les partenaires nord-américains est la numérisation de 116 oeuvres de la Bibliothèque bleue de Troyes, en collaboration avec la Médiathèque de l'agglomération troyenne et ARTFL, American and French Research on the Treasury of the French Language, à l'Université de Chicago.

L'Association invite tous ceux que cette collaboration pourrait intéresser de de devenir membre de l'ICBFN/CIFNAL pour participer «à la création et au développement de projets intéressant les bibliothèques françaises et nord-américaines» et pour «proposer et envisager des plans de travail et des projets à cet effet». Le membership donne accès à «un prix forfaitaire d'abonnement au dictionnaire électronique le Grand Robert». Pas de déplacement requis, et bien sûr, comme l'éloignement ne devrait pas constituer un obstacle, pour montrer l'exemple, Jeffry Larson tient à le préciser, «le travail se fait surtout par voie électronique et par téléphone »

À lire : «A French-American Resources Project: Needs and Potentials in a World of Migration (pdf)»Thomas D. Kilton, University of Illinois at Urbana-Champaign
Delivered in Paris on March 24, 2004 at the WESS European Conference "Migrations in Society, Culture, and the Library." Published in "Migrations in Society, Culture, and the Library." Chicago: ACRL, 2005, p. 275-281. Last updated March 17, 2006

jeudi 7 août 2008

Allocution de clôture par My Loan Duong - Congrès de l'Association Internationale Francophone des Bibliothécaires et Documentalistes et satellite IFLA

Le 4 août dernier, s’est tenu à Montréal, en satellite au Congrès de l’IFLA qui a eu lieu à Québec la semaine après, le 1er congrès international des bibliothécaires et documentaliste francophones sous les auspices de l’AIFBD (Association Internationale francophone des bibliothécaires et documentalistes) et de l’IFLA. Plus de 300 participants étaient présents, de provenance de 26 pays et états, parmi lesquels de grands noms et experts en sciences de l’information et en bibliothéconomie. Le président du Congrès et un des fondateurs de l’AIFBD est Réjean Savard que la plupart d’entre nous connaissent bien.

En clôture du congrès, avec un collègue bibliothécaire de l’Université Yale, Jeffry Larson*, j’ai eu l’occasion de présenter la conclusion et la synthèse du Congrès. Réjean Savard m’a adressée cette demande le lundi le 4 août, pour remplacer à pied levé un conférencier, retenu à la dernière minute. Je vous envoie ci-joint le texte intégral de cette conférence de clôture que j’ai prononcée mardi le 5 août.

L’objectif de cette organisation est de bâtir des réseaux entre bibliothécaires et documentalistes qui ont en commun le français pour échanger des idées et des expériences et pour mettre sur pied des projets de coopération, de partenariat et d’entraide entre gens du Nord et gens du Sud. Dans le contexte d’internationalisation de l’UdeM, de tels projets devraient être destinés à prendre de l’ampleur.

Trois de nos collègues de l’UdeM y ont participé et ont fait des interventions remarquées. Sur la thématique Réseautage; passé, présent, avenir , Catherine Bernier et Catherine Fortier, Bibliothèque des lettres et sciences humaines, avec Pascale Grenier de Bibliothèque et Archives nationales du Québec ont parlé d’une initiative porteuse intitulée le Programme d’échanges professionnels à l’intention des bibliothécaires et documentalistes francophones : Vice-Versa et Jacques Messier, Bibliothèque des lettres et sciences humaines, à propos du Patrimoine et des bibliothèques a fait état de la situation des bibliothèques des institutions religieuses au Québec dans son intervention Un patrimoine en péril?

Tous les textes des conférences de ce 1er Congrès de l’AIFBD seront publiés au cours des prochains mois.

Voici le texte de la conférence de clôture prononcée par Duong My Loan

Chers collègues, chers confrères et consoeurs,

Pour accueillir ce 1er congrès mondial de l’Association Internationale Francophone des Bibliothécaires Documentalistes quoi de mieux que la BAnQ, née de la fusion heureuse de la Bibliothèque nationale et des Archives nationales du Québec. La BAnQ, qui a ouvert ses portes en 2004 s’est démarquée dès les débuts par son dynamisme et son leadersip dans le milieu par son usage innovant des outils et des ressources technologiques modernes. Depuis, sans conteste, elle a réussi à se positionner, non seulement comme porte d’accès à la culture, au savoir et à l’information pour l’ensemble des Québécois mais aussi comme gardienne de la mémoire, de l’histoire et du patrimoine du Québec.

Cette grande réunion dans ce beau lieu, qui en lui-même est aussi une réussite architecturale, de bibliothécaires, documentalistes, archivistes francophones de plus de 20 pays a une résonnance particulière. Elle confirme la vitalité de la francophonie vieille de plusieurs siècles. La présence de L’AIFBD à Montréal cette semaine, et celle de l’IFla la semaine prochaine dans la ville de Québec, berceau de la nation québécoise est tout à fait bien indiquée. Ville multiethnique, multiculturelle par excellence, Montréal est la première métropole au Québec et au Canada, née des vagues successives d’immigrants qui, depuis presque 3 siècles l'ont bâtie. C’est la ville où vivent à côte à côte des gens venus de plus de 100 pays pour rebâtir ici leur avenir. Dans certaines écoles de quartier, on nous rappelle qu’il y a plus de 50 langues qui y sont parlées, de l’hindi au Khmer, au cantonnais, au laotien, au turc, au luo, dialecte du Kenya du père de celui dont on parle souvent de ces temps-ci et qui incarne aussi par son identité même la rencontre des mondes. À côté de ce bouillon de cultures, la belle ville de Québec, où se terminera cette grande rencontre avec la tenue du Congrès de l’Ifla qui regroupe cette fois des bibliothécaires de plus de 100 pays, qui fête cette année le 400 è anniversaire de sa fondation est l’image d’un autre Québec. C’est de là qu’est née la nation québécoise, francophone, envers et contre tous. Si le français, langue des royautés et de l'aristocratie depuis le Moyen âge, langue de l’élite et de la diplomatie longtemps par la suite, une des langues officielles de l’ONU, a toujours été considérée par ce fait comme la langue réservée à l’intelligentsia, au Québec, elle est d’abord et avant tout la langue du peuple. Et c’est parce qu’elle a été la langue du peuple qu’elle a survécu jusqu’à nos jours, grâce à une poignée d’irréductibles qui ont défriché ce vaste territoire au début du 17è siècle et y ont planté leurs racines. Grâce à eux, depuis, les générations se sont succédées et pour tous les nouveaux venus, le français est devenu la lingua franca qui leur permet de vivre et de travailler. Pour certains qui s'en sont bien appropriée, mieux encore, elle est devenue non seulement la langue de communication mais d’expression de leur identité.

Dans les années 70, à mon arrivée ici après plusieurs années en Europe, quand j’ai commencé au service du catalogage, le rêve de Paul Otlet de Henri Fontaine d’une bibliothèque universelle paraissait encore lointain. Le catalogue des bibliothèques de l’UdeM était encore sur fiches cartonnées. Mais le réseautage commençait, notammant au niveau de la mise en commun des services avec le catalogage collectif. je me souviens d’UTLAS, née dans la foulée des collaborations entre les universités canadiennes francophones et anglophones. Les microfiches sont arrivées dans les années 80 et le catalogue en ligne fut implanté dans les années 90. La version Web a suivi quelques années plus tard, au début des années 2000. Puis d’un coup, le Web 2.0 est arrivé, tout s’est accéléré et le rêve de la bibiothèque universelle de Paul Otlet est maintenant réalisable.

Depuis la dernière décennie, les bibliothèques universitaires du Québec sont fréquentées par une nouvelle génération d’étudiants qui arrive beaucoup mieux préparée à l’utilisation des outils technologiques que celle des années 90. Dans le nouvel écosystème documentaire, des suprématies commencent à s’effriter. La classification de la LC a -elle toujours sa place ? L’organisation actuelle des connaissances est–elle adéquate dans un monde où la notion de l’espace doit être tenue en compte comme l'ont préfiguré certains visionnaires ? Les outils collaboratifs sont apparus et avaec eux les nouvelles cohortes d'étudiants, plus proactives, plus autonomes technologiquement parlant qui s’attendent à ce que la bibliothèque leur offre des services et des ressources comme celles qui sont disponibles dans la plupart des grandes bibliothèques nord-américaines et canadiennes. Bref, le Web 2.0 est venu mêler les cartes et les a redistribuées aux usagers. Le réseautage a pris une toute autre dimension. La bibliothèque n’est plus seulement la place où l’usager va trouver ses ressources informationnelles, elle doit devenir le lieu d’échange d’informations, le point de rencontre et de dialogue avec des usagers qui réclament des outils efficaces pour alimenter la réflexion et créer du contenu en contribuant à l’intelligence collective.

Un autre volet du mandat du bibliothécaire a pris toute son importance: l’action culturelle. Dans cette foulée, pour développer les contacts et les partenariats, les bibliothécaires francophones ont plus que jamais sentis la nécessité de joindre leur efforts pour développer et enrichir leurs ressources de l’apport des uns et des autres. Les organisations francophones du milieu de la documentation et des sciences de l’information se regroupent afin de créer une synergie documentaire qui reflète les valeurs de la francophonie. Permettre le partage de connaissances et les bonnes pratiques dans le champ de la bibliothéconomie, de la documentation et des sciences de l’information et contribuer au développement et au ressourcement professionnels par une expérience pratique dans une autre organisation sont les valeurs qui guident les projets comme ceux Vice/Versa proposés par mes collègues Catherine Fortier, Catherine Bernier et Pascale Grenier. Un tel programme qui vise à promouvoir de mobilité professionnelle destiné aux bibliothécaires et documentalistes de la francophonie, existe déjà depuis plusieurs années pour les professionnels de la documentation du monde anglophone. Il permet d'étendre nos réseaux pour mettre en commnun l'expertise et le savoir. D’autres collègues ont parlé des expériences dans ce domaine, des projets porteurs d’un message de collaboration, de partage et d’entr'aide.

Alors que les frontières naturelles devenues poreuses rendent ces actions transversales plus faciles, la notion de fédération des ressources humaines comme matérielles fait son chemin permettant de diffuser des collections patrimoniales et donner l’accès à tous à leurs richesses et sortir de leur isolement les bibliothécaires des pays du sud pour que les gens du Nord et les gens du Sud puissent profiter du savoir des uns et des autres. La mise en commun des ressources par le numérique est aussi un impératif pour assurer leur pérennité et leur diffusion.

Car les bibliothèques en perdition ne sont pas le fait des pays du sud. Les outrages du temps ne sont pas les seules causes. L’incurie a sa part de responsabilité mais aussi l’absence de volonté politique, ou tout simplement les querelles de clocher. Et mon collègue Jacques Messier nous le rappelle dans sa conférence sur les bibliothèques des institutions religieuses au Québec menacées de disparition. Les histoires de juridiction, de politique et de bureaucratie entre entités, entre individus aussi, nous les connaissons tous, chacun de nous a son lot d’anecdotes à ce sujet. Les enjeux relatifs au passage du patrimoine bibliothéconomique religieux québécois vers le domaine public sont un exemple de certains aspects historiques, religieux, sociaux et juridiques associés à la vaste question de gestion de l'information et de propriété intellectuelle des ressources, patrimoniales ou institutionnelles. Par contre, il est possible, grâce à des partenariats fructueux et des actions communes de sauver ces patrimoines. L’expérience du réseau multilingue francophone pour le patrimoine juif, Rachel , que nous a relaté Jean-Claude Kuperminc de l’Alliance israélite universelle en témoigne.

Avec le Web 2.0, la relation avec l’usager passe plus que jamais par l’exploitation des contenus. La bibliothèque universitaire a perdu son rôle de centralité, les réseaux se forment aux gré des intérêts et des affinités. Éminemment démocratiques, les outils collaboratifs ont redonné aux usagers le pouvoir et les administrations sont parfois prises de court avec l’ouragan du numérique. Plus que jamais les initiatives personnelles peuvent changer la donne. Les SIGB libres appropriés par les usagers ou d’autres catégories de professionnels peuvent représenter des sources d’inquiétude pour la profession.

C'est pourquoi il y a lieu de s’inquiéter que le rôle de passeurs de culture des bibliothécaires soit menacé par d’autres professions, communicateurs, informaticiens, concepteurs de réseaux qui font des portails thématiques, qui mettent en ligne des répertoires, des bases de données etc…. Marielle de Miribel de l’Université de Paris 10 en a parlé dans sa conférence sur «Quelques difficultés en matière de leadership dans les bibliothèques». Pour répondre aux exigences du public, les bibliothécaires ont des défis technologiques à relever. Les communications des autres sessions ont montré les expériences réussies d’ici et d’ailleurs.

Pour finir, la création de l’AIFBD nous offre une tribune pour que les bibliothécaires francophones puissent trouver leur voix et leurs places dans l’univers documentaire. L’IFLA, rappelle d’ailleurs Marie-Claire Germanaud est née d’une initiative française. Dans un monde de plus en plus diversifié et complexe, pour tous aient leur place au soleil, pour refléter la pluralité et la diversité de notre monde, des gens du nord comme des gens du sud, l’AIFBD est là pour donner la résonnance à toutes les voix, à toutes les cultures qui s’expriment dans cette autre langue universelle qu’est le français. Chantal de Grandpré a parlé des écrivains issus de la francophonie dont les manuscrits et les écrits sont déposés à la Bibliothèque francophone multimédia de Limoges. Cela me fait penser à un jeune bibliothécaire chinois, récemment diplomé de l’EBSI, citoyen canadien. Il a récemment obtenu un visa de pour travailler de son pays natal (la double nationalité n’existe pas en Chine) comme directeur pour monter un centre de documentation pour l’Alliance française à Pékin . N’est ce pas cela la francophonie?

Merci et longue vie à la francophonie !

Par My Loan Duong, MLS, McGill,
Ce texte a été prononcée à la comférence de clôture du congrès, à 15 h 30 , le 5 août 2008, à la BAnQ
* Voir Jeffry Larson et l'Initiative de Collaboration entre les bibliothèques françaises et nord-américaines (ICBFN) connue aussi sous son nom anglophone: Collaborative Initiative for French and North-American Libraries - (http://bbsi2point0.blogspot.com/2008/08/initiative-de-collaboration-entre-les.html)

mardi 22 juillet 2008

Les portails des sites Web ne sont pas neutres!

"Dites-moi comment est votre portail et je vous dirai le style d'administration de votre organisation" ou:
« Les portails d'entreprise ne sont pas de simples sites WEB!»

Dans sa chronique, publiée en mai 2008 dans la revue Documentaliste, Sciences de l'information Dominique Cotte*, maître de conférences en SIC à l'Université Lille-3, écrit qu'il serait une grave erreur d'appréhender un portailde site Web à partir uniquement de son ergonomie, de son aspect graphique ou de ses usages. Car, il faut être très naif, ou «vouloir à tout prix croire aux contes de fée » pour penser que les portails d'entreprise sont neutres et les prendre pour de simples sites WEB. En fait, les portails des entreprises et des institutions, en l'occurrence les portails de bibliothèques aussi, sont le miroir de l'organisation et ont tous une dimension politique qui porte la signature de la logique managériale de chaque direction. Au delà des technologies employées qui peuvent être semblables ou différentes d'un site à l'autre, l'étude de l'agencement des rubriques et des phases en amont et de la disposition de celles-ci est révélatrice, selon Dominique Cotte, « des enjeux managériaux, sociaux, politiques, informationnelles qui sont à l'oeuvre de manière sous-jacente».

Les portails reflètent le type de gestion ou la logique managériale de l'organisation

Comme les modifications des structures d'une institution ou l'attribution des missions ou des fonctions qui sont confiées aux cadres, le site d'entreprise relève parfois (et ceci s'observe même dans les organisations apprenantes) d'une stratégie de communication mise en oeuvre par ce personnel qui plutôt que le personnel professionnel, le site de certaines bibliothèques, le portail porte une signature associée à une certaine logique de gestion. Cette logique est proposée par les administrateurs qui définissent les rôles de chacun par le biais de la présentation des ressources informationnelles. Or le problème de ces sites, c'est que l'information joue un rôle et ce rôle n'est pas souvent associé à la logique de la gestion de l'information. Une analyse de l'intérieur permet de constater que ce n'est pas toujours aux professionnels de l'information ou au webmestre que sont confiées les stratégies de diffusion et d'organisation de l'information. Le fait est souvent c'est au gestionnaire que revient l'exercice de définir l'architecture du portail et la taxonomie sur le portail pour repérer l'information, ce qui se reflète incidemment sur la structure hiérarchique de gestion en place. (À ce propos, petite parenthèse: en ce qui concerne le site de la BBSI, la responsabilité des rubriques le « Blogue de votre bibliothécaire » et les «Notes et comptes-rendus de lecture » sont assumées par votre bibliothécaire et ne sont pas commanditées par la direction).

Bref, l'analyse de l'architecture d'un portail est révélateur des choix de l'organisation. Et c'est pourquoi, souvent les professionnels en charge des rubriques ne sont pas ceux qui décident de l'agencement et de l'organisation des pages! Ce qui est hautement regrettable en raison du risque de voir « le versant informationnel [...] assimilié à la communication interne de l'organisation et les compétences en matière d'organisation de l'information non utilisées». Le fait que la stratégie de communication de l'information aux usagers soit confié à des cadres qui orientent la logique de gestion de l'information des instances décisionnelles risque de mettre l'organisation devant son propre miroir et par conséquent provoquer le syndrome de Narcisse. On peut se demander à bon escient si les difficultés que rencontrent les utilisateurs pour se retrouver dans l'organisation des pages sont vraiment accidentelles.

On le constate facilement. L'ergonomie de certains sites sont des univers fermés et «les enjeux managériaux, sociaux, politiques, informationnels [sont] à l'oeuvre de manière sous-jacente ». L'analyse de la recomposition des secteurs ou services, la présentation des organigrammes (dans les rubriques comme Qui fait quoi ou Comment nous rejoindre ) comporte pour tout oeil averti une dimension politique. Il est relativement facile de voir, en analysant les portails , même si les technologies employées sont peu différentes d'un site à l'autre, comment le versant informationnel est organisé pour comprendre l'attribution des mandats et des rôles en regard à l'organisation des tâches. En fait, la présentation des objets est assimilé aux enjeux de la politique de gestion de l'organisation et cela se reflète dans l'organisation des contenus.

Ce n'est pas surprenant d'ailleurs que ces organisations sont les plus lentes à prendre le virage du WEB 2.0. L'effet multiplicateur créé par les outils de la nouvelle génération de l'internet et le phénomène collaboratif qu'ils suscitent, risquent de remettre en question l'environnement mis en place. La structure flexible des wikis et le caractère instantané des blogues sont à l'étroit dans un environnement non participatif et peuvent être une menace à l'hégémomie managériale qui dicte l'organisation et le classement des rubriques. À ceux-ci, les cadres d'ailleurs préfèrent des bulletins ou des communiqués.

Dans ce contexte, on peut dire que le portail rêvé par Nancy Courtney dans Library 2.0 and Beyond comme d'autres bibliothécaires* peut attendre. Aux impatients qui aspirent à faire de leur site quelque chose comme Amazon.com avec des inferfaces simples, des recommandations d'orthographe, des renvois aux revues de lecture, des suggestions thématiques, des fils Rss pour mettre en réseau les ressources, des paniers de commande, des bouquets pour intéresser l'usager et élargir l'offre, je recommanderai de commencer à petite échelle, en intégrant et en proposant à leurs usagers tout simplement d'autres ressources qui apportent de la valeur ajoutée aux informations existantes.

Vous trouverez de bonnes idées pour ce faire dans les deux monographies mentionnées en bas de page

My Loan Duong, MLS McGill

* « Les organisations au miroir des portails » Chronique de Dominique Cotte dans Documentaliste, Sciences de l'information , n.2 , mai 2008, p.11
Library 2.0 and Beyond: Innovative Technologies and Tomorrow's User,ed. Nacy Courtney. Westport: Libraries Unlimited. 2007, 152 p.. ISBN 1591585376
Acadamic Librarianship by Design. A blended librarian's Guide to the tools and techniques. Steven J.Bell and John D. Shank. Chicago: American Libary association, 2007, 181 p.
Lire : La Référence, décembre 2007 : Les bibliothèques de l'UDEM

L'Alliance nationale d'intervention judiciaire et de formation contre la cybercriminalité voit le jour à Montréal

Des industriels, des universitaires et des juristes regroupés dans l'Alliance nationale d'intervention judiciaire et de formation contre la cybercriminalité s'unissent pour lutter contre la hausse des délits informatiques. Selon Radio-Canada en date du 21 juillet 2008, «l'Alliance combinera les ressources de renseignements et l'expertise en recherche et développement pour concevoir ses méthodes de prévention»
Le directeur de l'institut d'ingénierie des systèmes d'information et professeur à l'université Concordia,Mourad Debbabi, indique que la cybercriminalité et les fraudes reliées au commerce électronique ont coûté aux É-U plus de 3,6 milliards de dollars l'année dernère.
Née du partenariat entre l'Université Concordia, Bell Canada, Rogers Communications, Microsoft Canada et le bureau de la concurrence du Canada, l'organisme tentera d'enrayer les crimes, en hausse constante comme comme le piratage, la pornographie juvénile, les crimes haineux et le télémarketing frauduleux. « L'organisme a besoin de la contribution de tous afin de réduire les menaces à la sécurité », soutient la vice-rectrice à la recherche et aux études supérieures de l'Université Concordia, Louise Dandurand.

Le Guide pratique du catalogueur en ligne : un outil hautement colloboratif de partage des connaissances

En Novembre 2006, la BNF a mis en ligne le Guide pratique du catalogueur pour établir le dialogue et la concertation entre les catalogueurs et les spécialistes de BNF avec leurs collègues éparpillés dans le monde. Grâce à cet outil collectif et interactif qui s'enrichit de l'apport et de la contribution de tous les spécialistes en charge du traitement des ressources documentaires de 56 pays et les bibliothécaires qui travaillent isolés dans certaines régions vont se sentir moins seuls au monde. Ils pourront consulter «les principes de catalogage et d'indexation appliqués par la Bibliothèque nationale de France dans le catalogue BN-OPALE PLUS et les produits issus de ce catalogue», voire dialoguer avec leurs collègues pour échanger et enrichir par le fait même le contenu. le guide est établi à partir des documents normatifs nationaux et internationaux ou sur les règles reconnues pour la rédaction des notices bibliographiques et des notices d’autorité quel que soit le type de document ou de support.
Constitué de fiches qui détaillent chacune un aspect particulier de catalogage, le guide présentent des exemples donnés en ISBD avec la traduction en format UNIMARC et INTERMARC. Les fiches sont accessibles via un sommaire détaillé ou par une recherche par mots clé.

À titre indicatif, les 10 fiches les plus visitées sont celles qui ont trait aux
usages nationaux (noms anglais), auxoOuvrages de référence cités dans les notices d'autorité, à la construction d’indices Dewey pour indexer les imprimés, aux usages nationaux (noms belges et néerlandais), auxpPrincipes généraux de l'indexation Dewey pour les imprimés, aux usages nationaux (noms portugais), aux abréviations dans la description bibliographique, aux abréviations des noms des États des États-Unis , aux noms de l’Antiquité grecque, aux usages nationaux : noms espagnols.

D'autre part, 10 fiches ont été récemment mises en ligne dont l'Introduction aux pratiques de romanisation, les monographies appartenant à une collection éditoriale( description et liens, l'indexation matière RAMEAU des documents iconographiques à la BnF, la collection éditoriale, section, sous-collection : définitions, les signes diacritiques utilisés en translittération (arménien), la lecture des chiffres romains, l'indexation matière RAMEAU des supports pédagogiques et compilations d'examens à la BnF, la translittération des chiffres grecs, la Notice d'autorité Dewey (rédaction à la BnF)et les usages nationaux : noms norvégiens.

Source : François Morey, chargé de la communication professionnelle, Bibliothèque nationale de France. Direction des services et des réseaux. Département de l'information bibliographique et numérique. Pôle communication et formation professionnelle. Communiqué

mardi 15 juillet 2008

Scribd: pour déposer vos archives sans limite d'espace EBSCO passe en mode WEB 2.0

Scribd, sorte de « dépôt en ligne » gratuit… mais sur lequel on peut mettre à peu près n’importe qui offre à ses utilisateurs un espace disque illimité marque, à mon avis un point d’avance sur d’autres outils du même genre. À l'instar des plateformes des outils collectifs du même genre Blogger, WordPress et Tumblr, Scribd est un outil collaboratif qui offre des espaces pour le dépôt et la publication des ressources informationnelles, il présente une fonctionnalité supplémentaire, celle de permettre à tout individu de publier, distribuer, partager et découvrir des écrits, des documents, des articles, des essais, des bulletins, des albums de photos, des travaux, des rapports, des partitions de musique formatés selon les modèles professionnels sans avoir à recourir à des logiciels difficiles d'exploitation ou dispendieux et ce sans restriction d'espace de dépôt.
En effet, contrairement à d'autres serveurs de blogs, Scribb garde vos écrits pour une durée illimité même si pendant des années, l'utilisateur n'a pas alimenté son dépôt ou ajouté des documents. le roman commencé il y a dix ans est sauvegardé dans le dépôt et l'utilisateur peut toujours le récupérer pour l'enrichir. Bref, c'est un excellent outil, eficace, puissant et sécutaire aussi pour ceux qui ont à rédiger des thèses et des mémoires ou le genre de travail qui occupent plusieurs années de vie et qui peuvent de cette façon recevoir les feed-backs de leurs professeurs.

jeudi 10 juillet 2008

Brèches dans la sécurité des ordinateurs et failles dans les logiciels libres

Une «importante brèche colmatée». Un article publié le 9 juillet 2008 sur le site de Radio-Canada mentionne que pour une rare fois Microsoft, Sun Microsystems et Cisco ont uni leurs efforts pour corriger au plus vite un problème informatique. Il faut dire que cette fois, le problème est grave puisqu'il menace la sécurité et l’intégrité du réseau Internet à l’échelle mondiale. La faille se situe au niveau du système Domain Name System (DNS) qui convertit les noms des sites en des séquences de chiffres qui constitue l’adresse IP des ordinateurs. Elle permettrait aux pirates de s’infiltrer dans le réseau internet pour y faire ce qu’on désigne sous le mot d’«hameçonnage». Les fausses adresses dirigent les utilisateurs vers des faux sites bancaires par exemple où, à l'insu des internautes, les pirates pourront lire les courriels confidentiels ou voler les renseignements et les informations personnels. « Aucune opération de sécurité n'a jamais été réalisée à cette échelle » ajoute Dan Kaminsky, un spécialiste en sécurité de la firme IO Active, qui a découvert la faille par hasard. Les géants mondiaux de l'informatique offrent depuis mardi le 8 juillet sur leur site respectif un logiciel de correction gratuit pour corriger cette faille et certaines entreprises de logiciels antivirus l'ont aussi ajouté dans leur mise à jour de sécurité régulière. Dan Kaminsky recommade aux internautes de tester la vulnérabilité de leurs postes en utilisant le logiciel gratuit sur site internet Doxpora

Les logiciels libres : attention aux failles!

Les utilisateurs de logiciels et des systèmes d'exploitation libres sont inquiets et pour cause. La découverte d’une faille de sécurité majeure dans plusieurs logiciels ou des couches logicielles gratuits qui serait présente depuis déjà deux ans affecte 4 systèmes d'exploitation ag gratuits et au moins 25 logiciels libres sans parler des ordinateurs qui les abritent. Deux lignes de codes erronées qui se situent au niveau de la génération des clés pour le cryptage et le décryptage en seraient responsables. Ces fonctions sont très utilisées par le protocole SSH, le serveur Web Apache ou encore le logiciels de messagerie et le protocole VPN.
Découverte en mai dernier, cette faille qui existe depuis 2 ans maintenant est due à la suppression d’une portion de code utilisée par le package OpenSSl de Debian afin de stopper l’apparition d’alertes dans les outils de validation de la sécurité du code. Mais « au lieu d’utiliser les données aléatoires pour générer des valeurs de clés, la bibliothèque OpenSSL utilise l’identifiant en cours». Comme dans le système d’exploitation libre Linux, la valeur maximale par défaut pour identifier un processeur est de 32 768, ce problème cause une vulnérabilité au niveau de la création des nombres aléatoires.
On recommande que les certificats émis à partir de systèmes Debian soient recréés et renvoyés à l’autorité de certification pour une nouvelle validation. les administrateurs de systèmes devront procéder à un audit des clés utilisés sur le serveur par le protocole SHH et interdire l’utilisation des clés vulnérables qui risquent de compromettre la sécurité des système Linux.

Cherchez à qui le crime profite: erreur ou sabotage?

On ignore toujours combien d’ordinateurs ont été touchés par le problème et plusieurs analystes se demandent si la faille est bien due à une erreur ou à la volonté «d’introduire des portes cachées» dans les systèmes d’exploitation libres. D’autant plus que le très contesté Windows Vista de Microsoft est épargné du problème…

Source : Julien Jay, le lundi 26 mai 2008 , NetEco

vendredi 6 juin 2008

Bibibliothèques dans l'écosystème des réseaux sociaux

Disons les choses comme elles sont: dans l'écosystème du numérique, les technologies du WEB 2.0 sont désormais les concurrents directs des bibliothèques traditionnelles. Au tournant de ce millénaire, des «univers parallèles d'informations» (parallel information universe) se sont créés. Les plates-formes des réseaux sociaux ou à voacation professionnelle ont pour effet de générer des véritables mines d'informations, voire des véritables réservoirs de données de toute nature et de répertoires de communautés d'intérêt qui en font de moteurs de recherche très efficaces et de plus en plus incontournable.
Comment dans ce contexte, les bibliothèques en tant qu'institutions, sources et génératrices d'informations doivent vivre dans ce nouvel environnement, avec des technologies qui les doublent, qui les prennent souvent de vitesse, qui les court-circuitent et qui finalement représentent une menace à leur survie? Face à ces géants que sont les moteurs de recherche comme Google * (605.576.000 visteurs), Amazon*(139.193.000 visiteurs), Wikipedia* (240.754.000), Amazon *(155.193.000), Facebook *(100.319.000), la plateforme d'un catalogue local ou institutionnel ne pèse pas lourd. Et si pour les uns, l'avenir semble sans nuages, dans le monde de l'édition, des bibliothèques et de la culture, la numérisation pose des défis énormes car pour les acteurs du monde du livre le phénomène de la numérisation représente non seulement une menace sur les revenus des écrivains mais aussi de graves problèmes juridiques en termes de droits d'accès à l'information. Pour les bibliothèques, le défi vient des utilisateurs eux-mêmes avec les réseaux de communautés d'intérêts comme Facebook, par exemple, qui font intoduisent de nouvelles règles et de nouveaux enjeux dans le domaine de la transmission du savoir et de l'information. Dans le nouvel écosystème, où des univers parallèles d'informations» dament le pion aux bibliothèques, qui sera le perdant? Library Journal dans sa livraison du 1er mai 2008, v.133, n.8, sous la plume de Mike Eisenberg, examine et décrit les forces, les faiblesses, les opportunités et les dangers de quelques plateformes parmi les plus populaires et offrent des pistes de solution pour les bibliothèques qui ont tout intérêt à profiter de ces outils interactifs pour améliorer leur services.

Second Life : Les avatars, clones des personnages vivants dans le monde réel sont les personnages de ce monde virtuel qui agissent, travaillent, et performent dans des espaces copiés, inventés sur les modèles existants de la «vraie vie». Surtout utilisés dans le domaine du divertissement mais potentiellement très efficace dans les bibliothèques, les avatars remplacent avantageusement et à moindre frais les personnels, pas de grève, pas de congé pour aider les usagers à se retrouver dans les dédales des sites des bibliothèques et des bases de données. Les bibliothécaires pourront en faire usage comme des guides virtuels pour faire visiter leurs établissements et faire connaitre leurs ressources et leurs activités, pour répondre aux informations de première ligne et pour promouvoir des idées ou de nouvelles expériences. Second Life sera bientôt offert en libre accès selon les créateurs, Linden Labs.
My Space et Facebook: Avec 100 millions de membres pour My Space et 19 millions pour Facebook, ces deux réseaux de partage et d'échange sociaux représentent un marché planétaire pour toutes les entreprises et les organisations qui veulent se constituer une banque de données dans des marchés segmentés et personnalisés d'où son potentiel énorme au point de vue marketing. Les entreprises qui ont vu la manne, ont tout intérêt à en faire usage pour découvrir les nouvelles tendances et les besoins émergents et promouvoir leurs produits. Pour le moment, ces deux plateformes ne se communiquent pas encore entre elles et c'est là la faiblesse mais les membres de Facebook et de Myspace sont jeunes et constituent un moyen très efficace pour les bibliothèques pour rejoindre et communiquer avec cette catégorie de clientèle. Le danger: les sollicitations indues et la vigilance est de mise.
Les iPod, les cellulaires, les PDAs (personal digitals assistants font partie des gadgets personnels les plus utilisés par les jeunes adolescents. Diffuseurs de musique, d'images, de vidéos, de photos, de messages textuels, outils de la communication instantanée entre les individus, le nombre d'utilisateurs de ces appareils ne cesse de grossir. On en dénombre 203 millions en 2006 et il n'est pas rare qu'un individu en possède plusieurs de ces gadgets à la fois. Mais les formats et les capacités de réception et d'entreposage sont en constante évolution et les modèles changent à une fréquence bi-annuelle ce qui représente un vrai casse-tête pour les organisations qui veulent les offrir à leurs usagers en prêt, d'autant plus que ces appareils digitaux ne sont pas encore interopérables.

Les espaces communautaires, des «hubs» qui fédèrent et regroupent des personnes partageant les mêmes intérêts ou des hobbies communs, générent un savoir collectif grâce à leurs forums de discussion, leurs blogues, leurs espace d'informations et constituent de véritables portails thématiques de veille. La possibilité de « tagger » qui permet d'annoter les informations et les ressources leur confère un statut de moteurs de recherche très pertinents et efficaces. De là , l'intérêt évident pour les bibliothèques d'utiliser ces réseaux comme solutions hybrides et complémentaires, basées sur la notion de sérendipité ou du hasard.

Passage d'une démarche basée sur le document à celle de l'usager

Le passage d'une démarche basée sur le document à celle de l'usager rencontre cependant des résistances. La dernière livraison de Direction informatique du 27 juin 2008 , les études montrent que »les outils du Web 2.0 et les réseaux sociaux n'ont pas encore convaincu les entreprises». Cette étude réalisée entre février et mars 2008 par Jemm Research, à la demande d'IBM, avec l'objectif d'évaluer la perception et l'avancée du Web 2.0 en milieu professionnel démontre que l'usage est en fonction de l'âge de l'utilisateur et de sa fonction: réalisée entre février et mars 2008 par Jemm Research, à la demande d'IBM, avec l'objectif d'évaluer la perception et l'avancée du Web 2.0 en milieu professionnel. À partir d'un panel d'une centaine de personnes, sélectionnées parmi 12 000 collaborateurs dans 2 500 entreprises en France, il ressort que « pour les utilisateurs, le Web 2.0 reste encore un concept très marketing, même s'il existe clairement un continuum entre les outils de collaboration déjà utilisés dans l'entreprise et les outils communautaires », note Christophe Toulemonde, directeur du cabinet Jemm Research et auteur de l'étude.
En fait, les observateurs croient que «si certains outils et certains acteurs sont identifiés, le concept reste davantage associé à un usage personnel que professionnel.»

Les technologies du WEB 2.0 livrent l'information mais contribuent aussi l'enrichir grâce à l'addition de commentaires, d'images et de sons et par la recherche plein texte. La possibilité de générer du contenu par les usagers supposent que les bibliothèques, qu'elles soient académiques, publiques ou spécialisées doivent introduire de nouveaux services et ressources, sous peine d'obsolescence.
Tous s'entendent pour penser que, pour conserver leur rôle de médiation documentaire, les bibliothèques et surtout les bibliothèques universitaires qui ont affaire à des usagers de la génération du WEB 2.0 doivent utiliser les mêmes concepts que la clientèle qu'elles desservent et developper des stratégies de communication et de diffusion basées sur les nouvelles habitudes de recherche des usagers en matière de repérage et de communication. Elles doivent désormais tendre vers la logique de services pour mettre en valeur leurs ressources, pour diffuser les recherches et les publications, pour faciliter les échanges et finalement pour valoriser les contenus et les fonds. Les bibliothèques n'ont plus le monopole de la conservation, de l'enregistrement de la diffusion du savoir et des ressources informationnelles. Les catalogues locaux et institutionnels ne répondent plus à la demande et tant que les usagers ne pourront pas trouver dans les bibliothèques une ressource aussi vite qu'ils l'avaient retracée dans Google, les usagers se tourneront ailleurs. Les bibliothèques misent de plus en plus sur l'«approche qualité» qui focalise sur l'usager plutôt que sur les ressources. Dans cette démarche qualité basée sur le client, le portail de la bibliothèque joue un rôle essentiel: en plus d'être attrayant, il doit offrir des outils appropriés, adaptées à ses besoins pour accéder aux ressources et à son profil et le portail doit offrir des fonctionnalités d'échange et de communication. Avis aux administrateurs, dans cette «démarche qualité», basée sur l'accessibilité et bien sûr l'initiative, certains sacrifices sont peut-être nécessaires.

«Takes what man makes and use it. But do not worship it, for it shall pass» Author inconnu »

Mais les bibliothèques ne sont pas seulement placées devant des choix technologiques qui favorisent l'autonomie et la participation entre les usagers. Le défi est plus grand. L'interopérabilité a introduit le phénomène de la «redocumentarisation » et l'introduction de nouveaux instruments et outils pour traiter, diffusion et classifier l'information qui sont en train de remettre en cause des normes jusqu'ici en vigueur dans l'organisation des ressources documentaires. Cette nouvelle donne va problabement aussi bouleverser des principes de gestion et de traitement documentaires qu'on pensait jusqu'ici immuables.

Chiffres extraits du Times magazine, june 16, 2008 Who Will Rule the Next Internet? de Josh Quittner
À lire aussi : La valorisation de la recherche: savoir investir dans le savoir par Yvon Lemay, professeur adjoint, EBSI, Documentation et bibliothèques , avril-juin 2007, pp 103-112
WEB 2.0: Where Will the Next Generation Web Take Libaries?, Tom Strorey, NextSpace , n.2, 2006 : Cinq bibliothécaires parmi les chefs de file parlent de la mouvance du Web 2.0, des habilités et des technologies des oultils du Web 2.0, des métadonnées et des bibliothèques.
Tagging, Jenn Riley, Techessence. Info Web site, july 8, 2006

jeudi 29 mai 2008

Google dans le catalogue de votre bibliothèque

L'article The Wired Campus publié dans le numéro de mars 2008 du bulletin Chronique of Higher Education, mentionne que des protocoles d'entente sont en train d'être signés entre des bibliothèques universitaires et collégiales aux E-U et le moteur de recherche Google pour permettre aux usagers des bibliothèques de télédécharger les ressources numérisées par Google au cours des dernières années.
«If you can beat them, join them » Google a suscité beaucoup de contreverses avec son projet de numérisation en partenariat avec des bibliothèques nationales. Les réactions ont été nombreuses et des administrateurs ont parlé certaines de main-mise sur le patrimoine mondial, d'autres de concurrence déloyale. N'empêche que jusqu'à date, plus d'un million de titres de monographies sont délà en ligne et pourquoi pas? réalisme oblige, certaines institutions universitaires commencent à regarder cette question sous un angle différent . Après tout la misssion d'une bibliothèque n'est-elle pas de faire tout ce qui est possible pour donner l'accès aux ressources informationnelles à leurs usagers?

Car tous s'entendent sur la pertinence de numériser les ressources documentaires, les moyens disponibles ne permettent pas à toutes les bibliothèques d'effectuer le travail selon le calendrier établi. Bien souvent, leurs usagers qui n'ont pas accès à des documents dont ils ont besoin pour leurs travaux et leurs recherches doivent avoir recours au PEB, ce qui a occasionnent des coûts. Or il se peut que cette ressource soit disponible dans Google en format électronique et en version intégrale. Pourquoi ne pas en profiter ?

C'est pourquoi Google a mis en place une banque des logiciels permettant aux institutions qui le désirent de déposer dans leurs fonds les ressources qui les intéressent de la base de Google. Selon l'auteur de l'article, Jeffrey R. Young, une des premières bibliothèques universitaires à profiter de cette offre, est l'University of Texas at Austin’s . Si un usager qui cherche dans le catalogue de UofT at Austin ne trouve pas un document et que par chance ce titre a été numérisé par Google, un lien le conduira à la ressource en question avec possibilité de le consulter en version intégrale. Pour les livres non libérés de droits d'auteur, Google permet l'accès à des extraits.

Pour terminer, rappelons qu'en France, aux dernières nouvelles la bibliothèque de la ville de Lyon, la deuxième plus grande ville en France, a conclu avec Google un partenariat pour numériser plus de 500 000 titres de sa prestigieuse collection et de les mettre en accès libre.

My Loan Duong, MLS McGill