vendredi 26 octobre 2007

Les BUs sont-elles encore le (au) «coeur» de l'université?

Dans le milieu universitaire en Amérique du Nord, les bibliothèques universitaires ont occupé jusqu'ici une place privilégiée. Perçues autant par la communauté universitaire que par ses hauts dirigeants comme la plaque tournante de l'information et du savoir, le lieu de dépôt et de diffusion des ressources documentaires indispensables à la conduite de l'enseignement et à la recherche de l'institution, les BUs ont jusqu'ici bénéficié d'un biais favorable lors des demandes de subvention ou de crédits accordés pour le financement de ses services et ses activités. C'est pourquoi les administrateurs de BUs ont reçu comme une douche froide une récente étude, publiée dans College & Research Libraries, may 2007, vol.68, n.3 d'un groupe de professeurs d'université, de directeurs de BU, et de chercheurs de plusieurs grandes universités américaines. Pilotée par Beverly P. Lynch, professeur en sciences de l'information à l'Université de California de Los Angeles, les conclusions de cette étude qui reprend les données d'une enquête antérieure conduite par Deborah Grimes en 1992-1992 indiquent que les BUs n'occupent plus la place centrale qu'elles détenaient au sein de leurs établissement pour fournir, diffuser et distribuer les ressources informationnelles et documentaires à la communauté universitaire.

Le concept de la centralité des bibliothèques universitaires remis en question

Les chercheurs ne vont plus nécessairement d'emblée vers les catalogues locaux pour trouver leurs ressources. Selon Lynch et ses collègues, les développements technologiques et la transformation de l'environnement documentaire ont remis en question le concept de la centralité des BUs. L'arrivée en force des technologies de l'information, l'invasion des moteurs de recherche comme Google, MSN, Yahoo, la présence des produits interopérables, des logiciels gratuits avec la panoplie des offres regroupées de publications de toutes sortes, ont contribué, en moins d'une décennie, à faire du catalogue local des bibliothèques une ressource accessoire ou complémentaire parmi le vaste ensemble d'outils et de ressources dédiés à la recherche et l'enseignement. Alors que la bibliothèque et son catalogue étaient, il y a quelques décennies, indissociables: l'une étant le reflet de l'autre, pour le meilleur et pour le pire, le catalogue local à moins d'être convivial, n'est plus la plaque tournante de l'accès aux ressources de l'institution. Le monde de la documentation s'est transformé avec l'ère du numérique qui a fait basculer le principe de la notion du droit de propriété à celui du droit d'usage et les ressources documentaires sont passées du «rayonnage au fonds virtuel» (Duong, CorpoClip, n.173, nov. 2007). Désormais les professionnels de l'information devront composer avec «les utilisateurs qui en demandent et les éditeurs de technologie de pointe qui tendent de plus en plus à investir le marché de l'intermédiation».

La levée des barrières à l'accès aux ressources a accru considérablement la visibilité des produits et en conséquence, l'ergonomie et le temps d'accès sont constamment améliorés à la satisfaction des utilisateurs les plus exigeants. Avec l'économie numérique, l'information va au devant de l'utilisateur. Les catalogues des BUs qui sont issus des systèmes intégrés de gestion de bibliothèques de la deuxième génération vieillissent mal et sont supplantés par les interfaces des catalogues de la dernière génération. De plus en plus, les usagers trouvent leurs ressources ailleurs que dans le catalogue de leur bibliothèque ou s'attendent à des catalogues de type Google, avec des options de recherche élaborées qui renvoient à des ressources complémentaires ou connexes enrichies de revues de lecture, de reproductions des couvertures des ouvrages et des tables des matières avec en prime de fichiers d'autorité et renvois à la copie originale ou aux bibliothèques dépositaires.

Le catalogue local au rancart?

Ce point de vue est repris dans une autre étude publiée sous le titre Researchers’ Use of Academic Libraries and their Services, a report commissioned by the Research Information Network and the Consortium of Research Libraries, RIN & CURL April 2007. Selon les chercheurs cependant, le catalogue local a toujours son importance, en autant qu'il offre les solutions appropriées pour répondre aux nouvelles attentes de l'usager car celui-ci désire toujours avoir en mains et sur place ce dont il a besoin. Le catalogue local n'est plus la ressource à laquelle s'identifiait exclusivement la BU mais plutôt considéré comme un outil dans l'ensemble plus vaste des moyens offerts ou mis en place par l'institution pour accéder aux informations. L'utilisateur de la bibliothèque s'attend à voir à côté du catalogue local d'autres ressources comme les dépôts institutionnels, les bases de fichiers numérisés etc.«alongside the catalogue [he]foresees discovery systems for other collection types (the institutional repository, the digital asset repository, etc)». Parallèlement, ils s'attendent aussi à ce que le catalogue local soit relié à d'autres environnements externes comme Google ou Amazon par les fils RSS et autres.

Roy Tennant dans l'article «Demise of the Local Catalog», (LJ, july 2007)écrit que même si les systèmes intégrés de gestion de bibliothèque ne seront plus sur le devant de la scène, il est trop tôt de dire que le catalogue local doit être mis au rancart. Les usagers préfèrent encore trouver le plus possible d'informations sur un sujet ou une thématique à un seul endroit, dans une seule recherche plutôt qu'avoir à se promener à 36 endroits différents et jouer avec plusieurs interfaces. Cela est possible et selon l'auteur, plusieurs produits offrent la possibilité de sauver le temps et d'éviter les problèmes pour les chercheurs. La solution «All in one» existe, par exemple: les bibliothèques de l'Université de Washington offre une version «locale», taillée sur mesure de Worldcat.

Tous conviennent que les BUs continueront à jouer un rôle majeur dans la gestion et la conservation des ressources documentaires imprimées, numériques et autres. Les BUs doivent prendre en charge le transfert de contenu électronique des fichiers et des articles numérisés pour la communauté universitaire, de la diffusion des publications produites par ses membres, de l’entreposage des documents et de la création des bases de connaissances, de l'archivage des ressources imprimées, de l'édition des thèses, des mémoires, revues et de journaux produits par la communauté, tout cela dans un contexte de concurrence entre non seulement les universités elles-mêmes mais aussi entre les départements, facultés et services à l'intérieur de l'institution, alors que l'argent se fait rare.

Les BUs vivent sous haute pression car elles doivent aussi penser à la réorganisation des espaces de travail et de leurs services en fonction d'un environnement technologique en changement constant. Alors que les éditeurs de technologie de pointe se présentent de plus en plus comme une menace en investissant les sphères de la documentation, les BUs devront renforcer (et défendre) plus que jamais leur rôle en tant qu'intermédiaire et de médiateur entre l'information et l'usager. Les interfaces des catalogues de la dernière génération doivent être des outils de découverte, d'innovation et d'exploration vers d'autres ressources et sites. Le catalogue local étant considéré comme le seuil ou la porte d'entrée de toute bibliothèque, c'est à partir de cet outil et de son efficacité, que les services de la BU sont évalués. Car, pour gagner le coeur et le...portefeuille des bailleurs de fonds, les BUs sont placées devant l'obligation d’anticiper les besoins de leurs usagers, de créer de nouveaux modèles toujours plus innovants et d'offrir de solutions adéquates aux demandes informationnelles croissantes de la communauté universitaire.

*Quelques catalogues de la 3è génération : McMaster University Library Catalog, University of Washington Library Catalog, University of Toronto Library Catalog
par My Loan Duong, MLS,

jeudi 4 octobre 2007

Wikiscanner pour dépister ceux qui publient dans Wikipedia

Aux grands maux, les grands remèdes: Avis aux «wikipédiens manipulateurs». Développé par Virgil Griffith, un étudiant en sciences cognitives, le logiciel Wikiscanner lancé le 13 août dernier aux États-Unis permettra dorénavant d'identifier l'adresse IP de tous ceux qui modifient les contenus dans l'encyclopédie en ligne Wikipédia. L'outil permet , grâce à une base de données de 34, 5 millions de contributions anonymes d'extraire les adresses IP des wikipédiens et donc de trouver les organismes et les entreprises où elles se logent. Ces organismes et ces entreprises sont retracés grâce aux bases de données publiques comme DNS Stuff, Arin Whois.... Plus déroutant encore, il semble que des journalistes «ont repéré de nombreuses modifications mensongères faites par des organismes très officiels...» Comme quoi la prudence est toujours de mise quand on surfe sur le Net...(Source : Bases/Netsources. n.69, juillet-août 2007, p.8)