lundi 30 mars 2009

Le gouvernement du Québec , Microsoft et les logiciels libres (suite)

Du nouveau au sujet de la poursuite de Savoir-Faire Linux contre la Régie des rentes du Québec dont j'ai parlé dans un billet daté de mars 2008. Un an après le dépôt de la plainte déposée par Savoir-faire Linux, la Cour supérieure du Québec a ordonné à à la Régie des Rentes du Québec de communiquer à Savoir -Faire Linux les modalités des contrats qu’elle a signés sans appel d’offres avec Microsoft.
«le juge Claude Bouchard, dans sa décision du 12 mars dernier (2009), estime que cet argument rend légitime la demande de Savoir-Faire Linux de voir les contrats.» Sur le blog de Tristan Péloquin, sous le titre
Microsoft devra divulguer ses contrats avec l’État,on peut lire aussi que:« Le Tribunal estime qu’il y a lieu d’autoriser la communication des contrats ouverts à Savoir-Fraire Linux en ne donnant accès toutefois qu’aux informations nécessaires pour lui permettre d’identifier les parties à celui-ci et ses signataires, la nature du contrat et son objet, et en oblitérant les informations commerciales confidentielles propres à l’entreprise Microsoft Licensing General Partnership, ou tout autre renseignement de nature confidentielle».
Cette annonce est une petite victoire pour l'entreprise montréalaise. Dans la plainte que Savoir-Faire Linux, cette entreprise spécialisée dans les logiciels libres, a déposée en mars 2008 contre la Régie des rentes du Québec portant sur l'octroi à Microsoft d'un important contrat pour le renouvellement du système d'exploitation de son parc informatique a fait valoir que le gouvernement du Québec ce qui a contrevenu au Règlement sur les contrats d’approvisionnement de l’État sur les processus d’attribution des contrats .

Dans la Presse du lundi 30 mars (p.A9), sous le titre Contrat de 1,32 million à Microsoft Tristan Péloquin nous apprend que le gouvernement du Québec persiste et signe. Le ministère de l'Éducation gouvernement du Québec vient de récidiver en octroyant un autre contrat de 1,32 millions sans appel d’offres pour acquérir 1800 licences de la suite bureautique 2007 de Microsoft encore. Ici aussi, le gouvernement a repris le même argument, soit qu'il ne peut y avoir d'appel d'offre puisque seul « Microsoft fournit le logiciel Office 2007», plaidant ainsi qu'il s'agit non une nouvelle offre de services mais d'une mise à jour des produits déjà utilisés. Pour le fondateur Savoir-Faire Linux, l'attribution de ces contrats s'est faite « sans “recherches sérieuses et documentées” de solutions alternatives». Le président de la compagnie Cyrille Béraud ajoute : «C'est comme si le gouvernement changeait son parc d'automobile pour des BMW en disant qu'il n'y a que des BMW qui fabrique des BMW»

Le fait que Microsoft devra dévoiler ses contrats et ouvrir ses livres est un petit pas en avant dans le processus selon Savoir-Faire Linux qui a aussi dénoncé l'opacité des contrats conclus entre le gouvernement québécois avec la multinationale.

Notons que l'usage des logiciels libres est très peu répandu dans les universités québécoises apr ailleurs subventionnées par le gouvernement toutes abonnées à Microsoft. De plus en plus de voix dans les campus s'élève contre ce monopole et demandent que le gouvernement explique son choix de favoriser les outils de Microsoft au détriment des logiciels libres et ouverts. Manque de volonté politique ? Cité dans l'article publié dans la Presse, le professeur Louis Martin, titulaire de la chaire Logiciel libre, finance sociale et solidaire de l'UQUAM ajoute: « Le problème , c'est qu'il y a une profonde méconnaissance de ce que sont ces logiciels. Ce n'est pas une panacée , mais c'est une solution qui mérite d'être étudiée sérieusement».

Cette cause est suivie avec un grand intérêt par les institutions para publiques et publiques au Québec et nul ne doute que le jugement aura une incidence profonde sur le paysage informatique et des pratiques en matière de soumission et d'attribution de contrats de logiciels et d'outils de bureautique.

à lire : mercredi 26 mars 2008. Les logiciels libres : retard au Québec?

lundi 9 mars 2009

Le rapport d'étonnement : pour étonner qui?

On entend parler souvent de ce «nouvel» outil de gestion qu'est le rapport d'étonnement. En fait, le rapport d'étonnement n'a de nouveau que le nom et il y a longtemps que les organisations en font usage et l'incluent dans leur boîte à outils pour sonder les opinions, pour recueillir les commentaires et pour susciter l'adhésion et l'intérêt des usagers et du personnel.

Un regard neuf sur les pratiques et les usages de l'organisation

Sur le blog Diawan.com , le RE est décrit comme un document « généralement court, rédigé pour faire part d’une surprise, d’un sentiment d’incompréhension face à un événement ou une situation ». Le propre d'un RE est le caractère spontané des réflexions et des commentaires car il vise à recueillir les impressions et les sentiments de personnes qui sont face à une nouvelle situation comme un nouvel emploi par exemple. Sur le principe que les premières impressions sont parfois les plus justes et les plus durables (de la même façon que le premier bouquet d'un vin ou la première effluve d'un parfum laisse une trace plus forte dans la mémoire olfactive), il est considéré que les impressions et les commentaires rédigés de première main et livrés de façon spontanée et encore de façon désintéressé (c'est bien plus tard que les nouveaux venus vont apprendre à connaitre les jeux de pouvoir et d'influence qui font partie de la dymnamique de l'organisation) sont en général plus fraîches et plus fiables. Le but est de permettre aux nouveaux venus non seulement de s'investir dans l'organisation par leurs commentaires et leurs idées neuves mais de connaître leur perception sur les pratiques et les usages en cours. Utilisé comme outil d'intégration et d'accueil du nouveau personnel, le RE sert à identifier par les réactions de nouveaux venus ce qui, en termes de pratiques de gestion, d'organisation ou de culture institutionnelle a suscité le plus leur éronnement.

On fait aussi un RE après une session de formation, une réunion importante, ou pour rendre compte de ses impressions sur la tenue d'un congrès, d'un cours ou d'une session de travail, d'une conférence, d'un évènement social, littéraire, artistique, scientifique.

Il y a lieu toutefois de tenir compte des limites du RE. Chaque personne ayant sa propre expérience, un vécu et un parcours professionnel ou intellectuel ou émotionnel particulier, les réactions face au même évènement ou à la même situation ou encore à la même problématique, peuvent être tout à fait différentes d'une personne à une autre. La spontanéité aussi a e ses avantages et ses inconvénients. Le regard «neuf» risque d'être parfois un regard superficiel.

C'est pourquoi, il faut tenir en compte que cet exercice qui a ses qualités, ne serait-ce que par son caractère convivial et sans contrainte, a aussi ses limites. Appliqué comme moyen pour créer le sentiment d'adhésion du nouvel personnel à leur employeur, pour susciter son intérêt, pour solliciter de nouvelles idées et de nouvelles contributions, il peut aussi décevoir quand certaines conditions ne sont pas présentes.

«Je suis dans mon lit bien chaud, et soudain je fais partie d'un plan stratégique»*

Le RE peut aussi décevoir quand les attentes sont irréalistes, conséquence d'un regard trop rapide ou trop optimiste sur les choses. Et rien n'est pire pour la crédibilité de l'administration que quand les gens se rendent compte qu'on a mis la barre trop haute. Il faut garder en tête que dans les organisations, les contraintes de toutes sorte peuvent survenir et que souvent un grain de sable peut enrayer tout le processus. Les promesses irréalistes, parfois de tendance démagogique, formulées dans l'enthousiasme d'une promotion par un administrateur à l'égo un peu trop prononcé peuvent revirer aux dépens de celui-ci. Les dynamiques dans une organisation sont complexes, changeantes et imprévisibles. Dans un des chapitres de l'ouvrage Grandeur et décadence de la planification stratégique/The rise and fall of strategic planning: Henry Mintzberg cite l'exemple du roi dans le Petit Price De Saint Exupéry qui se vantait de pouvoir commander le soleil de se coucher et de se lever ...«à une certaine heure de la journée». Comme quoi, avis à ceux qui veulent changer le monde, un peu d'humilité ne fait jamais tort.


*Propos de Woody Allen reportés par Henry Mintzberg dans Grandeur et décadence de la planification stratégique/The rise and fall of strategeci planning: Henry Mintzberg; traduit de l'américain par Pierre Romelaer. Réédition. Paris : Dunod, c2004. 455 p. ISBN 2100082612. Compte-rendu de lecture par My Loan Duong, mai 2007

À lire aussi:

Intelligence économique et stratégie des entreprises. Rapport Henri MARTRE
Paris, La documentation française. France. Groupe Intelligence économique et stratégie des entreprises, 1994.

Intelligence économique. Les yeux les oreilles de l’entreprise. Bruno Martinet, Yves-Michel Marti. Éditions d’Organisation, c1995

Publié par © My Loan Duong

samedi 7 mars 2009

L'indice de développement des TIC

Les trois critères servant à évaluer le niveau de développement, d'utilisation et d'exploitation des TIC dans une organisation,dans une institution, un service d'information, une bibliothèque, un centre de recherche, plus communément connu comme les indicateurs de développement des TIC portent sur 1/ l'accès aux TIC dans l'organisation (les ressources matérielles et l'infrastructure technologique offerts, i.e.les postes de travail, les prises électriques, les réseaux sans fil disponibles ou non, les logiciels, les outils et services disponibles etc...) 2/ le niveau de compétence des internautes/usagers en regard des TIC et 3/ la satisfaction en matière de réponse aux besoins documentaires des utilisateurs.

Renouveler l'exploitation des stocks

Dans les bibliothèques universitaires, ce niveau de développement de l'utilisation des TIC pose un défi énorme. Les observateurs de la révolution numérique y voient un enjeu pour la profession même des bibliothécaires-documentalistes qui ont désormais perdu désormais le monopole absolu de l'acquisition, de l'organisation et de la gestion des stocks qu'ils détenaient auparavant. Pour faire face à la concurrence suscitée par la privatisation de l'information grâce aux outils de la génération du WEB 2.0, pour reprendre Bertrand Calenge, «les bibliothécaires doivent jouer «sur un double registre: il faut prendre les gens comme ils sont et selon leurs usages et en même temps il faut leur apporter quelque chose de plus».

Prendre les gens comme ils sont dans un milieu universitaire d'une grande métropole nord-américaine comme Montréal où se côtoient quatre universités, c'est disons le franchement se mettre au diapason avec une population de jeunes instruits, ouverts sur le monde et possédant un haut niveau de compétences en regard de l'utilisation des TICs. Cette population s'attend évidemment à ce que l'infrastructure technologiques et les outils de communication et d'exploitation des données offertes par leur université rejoignent celles qu'ils connaissent et utilisent déjà.

* Nommé personnalité de l'Infodoc 2008, Archimag, n.220, décembre 2008-janvier 2009

Les TIC au Canada : constat préoccupant ?

Si on doit se fier au rapport publié récemment par l'Union internationale des télécommunications (UIT) qui a comparé l'évolution des technologies de l'information et des communications (TIC) dans 154 pays sur une période de cinq ans, soit de 2002 à 2007, la position du Canada est préoccupante. Dans le dernier numéro de la Direction Informatique, Alain Beaulieu rapporte qu'il ressort que le Canada « avec un indice de 6,34, le Canada se positionne au 19e rang du classement de l'UIT, seulement deux positions en arrière des États-Unis (6,44)» . Les onze indicateurs servent à établir cet indice UIT de développement des TIC tiennent compte l'accès aux TIC dans chaque pays, de leur utilisation, par leur population, de l'état des compétences dans le domaine des citoyens, du nombre de ménages ayant un ordinateur de la proportion des citoyens ayant accès à Internet et du taux d'alphabétisation de la population.

Cet exercice de comparaison de l'UIT montre que ce sont «les pays d'Europe de Nord sont les pays les plus avancés dans le domaine des TIC [...] Ainsi, on trouve en première position la Suède, dont l'indice atteint 7,50, suivi de la République de Corée (7,26), du Danemark (7,22), des Pays-Bas (7,14), de l'Islande (7,14) et de la Norvège (7,09) ». La corrélation entre le revenu national brut par habitant (à parité de pouvoir d'achat) et le degré d'adoption des TIC est clairement établi, on s'en doute bien mais il y a des exceptions car certains pays figurant en haut du classement comme le cas de la République de Corée qui affiche un degré d'adoption plus élevé que ce à quoi on aurait pu s'attendre, compte tenu de son niveau de revenu et ce qui est encourageant «en termes d'évolution, les auteurs du rapport notent une amélioration généralisée du niveau de développement des TIC dans tous les pays, sauf un (Myanmar), au cours des cinq dernières années.»

D'autre part, pour toutes sortes de raisons (instabilité politique, problèmes d'ordre structurel), certains pays ont fait de meilleurs progrès que d'autres. On note que des pays d'Europe de l'Est comme Les États baltes et la Roumanie font partie des pays qui ont progressé beaucoup dans ce domaine de même que le Luxembourg, les Émirats arabes unis, l'Irlande, Macao (Chine), le Japon, l'Italie et la France. Le Pakistan, l'Arabie saoudite, la Chine qui est passée de la 90e position à la 73e durant cette période et le Viet Nam, sont bien remontés dans le classement de l'UIT. Mais au niveau de l'accès aux TIC, ce qui couvre la téléphonie fixe et mobile, la largeur de bande Internet et les ménages ayant un ordinateur et une connexion Internet, les progrès sont les plus perceptibles mais par contre pour l'utilisation des TIC, qui inclut le nombre d'internautes et les connexions à large bande fixe et mobile, les progrès ont été plus lents.

Même si, comme le note l'auteur «l'indice du Canada ait augmenté entre 2002 et 2007lequel est passé de 5,33 à 6,34, son rang dans le classement de l'UIT a toutefois régressé de façon importante durant cette même période, passant de la 9e position à la 19e» .

Il appert que globalement l'ampleur et l'évolution de la fracture numérique mondiale,de cette fracture n'a pas vraiment changé entre 2002 et 2007. et c'est à Singapour et aux États-Unis que les TIC coûtent le moins cher.Il s'agit que déterminer si «le prix combiné du coût moyen de la téléphonie fixe, de la téléphonie mobile et de l'accès Internet à large bande » a beaucoup augmenté.
Dans le monde, en 2008 les prix des TIC représentaient, en moyenne, 15 % du revenu national brut moyen par habitant. Pour certains pays développés il représente la de 1,6 % du revenu national brut et monte à 20% pour les pays en développement. Ce qui montre clairement l'ampleur du fossé numérique entre les oays à faibles revenu et les pays riches. Notons que le Canada fait partie des trois pays où l'accès Internet à large bande coûte le moins cher avec les États-Unis et la Suisse, «alors que c'est à Hong Kong (Chine) que la téléphonie mobile coûte le moins cher.»

Publié par © My Loan Duong