jeudi 29 mai 2008

Google dans le catalogue de votre bibliothèque

L'article The Wired Campus publié dans le numéro de mars 2008 du bulletin Chronique of Higher Education, mentionne que des protocoles d'entente sont en train d'être signés entre des bibliothèques universitaires et collégiales aux E-U et le moteur de recherche Google pour permettre aux usagers des bibliothèques de télédécharger les ressources numérisées par Google au cours des dernières années.
«If you can beat them, join them » Google a suscité beaucoup de contreverses avec son projet de numérisation en partenariat avec des bibliothèques nationales. Les réactions ont été nombreuses et des administrateurs ont parlé certaines de main-mise sur le patrimoine mondial, d'autres de concurrence déloyale. N'empêche que jusqu'à date, plus d'un million de titres de monographies sont délà en ligne et pourquoi pas? réalisme oblige, certaines institutions universitaires commencent à regarder cette question sous un angle différent . Après tout la misssion d'une bibliothèque n'est-elle pas de faire tout ce qui est possible pour donner l'accès aux ressources informationnelles à leurs usagers?

Car tous s'entendent sur la pertinence de numériser les ressources documentaires, les moyens disponibles ne permettent pas à toutes les bibliothèques d'effectuer le travail selon le calendrier établi. Bien souvent, leurs usagers qui n'ont pas accès à des documents dont ils ont besoin pour leurs travaux et leurs recherches doivent avoir recours au PEB, ce qui a occasionnent des coûts. Or il se peut que cette ressource soit disponible dans Google en format électronique et en version intégrale. Pourquoi ne pas en profiter ?

C'est pourquoi Google a mis en place une banque des logiciels permettant aux institutions qui le désirent de déposer dans leurs fonds les ressources qui les intéressent de la base de Google. Selon l'auteur de l'article, Jeffrey R. Young, une des premières bibliothèques universitaires à profiter de cette offre, est l'University of Texas at Austin’s . Si un usager qui cherche dans le catalogue de UofT at Austin ne trouve pas un document et que par chance ce titre a été numérisé par Google, un lien le conduira à la ressource en question avec possibilité de le consulter en version intégrale. Pour les livres non libérés de droits d'auteur, Google permet l'accès à des extraits.

Pour terminer, rappelons qu'en France, aux dernières nouvelles la bibliothèque de la ville de Lyon, la deuxième plus grande ville en France, a conclu avec Google un partenariat pour numériser plus de 500 000 titres de sa prestigieuse collection et de les mettre en accès libre.

My Loan Duong, MLS McGill

lundi 26 mai 2008

Des nouveaux rôles pour les bibliothécaires

Note: Ce texte d’opinion est publié dans Corpo Clip, bulletin de la Corporation des bibliothécaires professionnels au Québec, n. 175, juin-juillet 2008, p.10-11, sous le titre: Des nouveaux rôles pour les bibliothécaires.

Dans l’éditorial du dernier Corpo-Clip (n. 174 - mars à mai 2008), Michel Claveau se demandait si la Corporation de bibliothécaires professionnels du Québec ne devrait pas bientôt changer de nom pour devenir la Corporation des cyberthécaires du Québec. Alors que le «dernier bastion» qu’est le livre en papier est en train de céder place dans l’édition savante au livre électronique, que sont les bibliothécaires devenus à l’ère du numérique ? Voici une revue de lecture des blogues qui décrivent comment les pratiques bibliothéconomiques ont évolué pour relever les défis du XXI è siècle.
Avis aux nostalgiques du passé et aux accros des stéréotypes : tout confirme que l’image de la bibliothécaire à chignon est une espèce en voie de disparition. On ne fouille plus dans les rayons poussiéreux pour trouver la perle rare. Maintenant, la perle rare, c’est la ressource «orpheline» rescapée grâce à la numérisation dans le dépôt institutionnel d’une bibliothèque.

La notion de l’éloignement physique est effacée, remplacée par le concept d’adaptabilité (Timeless adaptability), selon Laura Cohen qui explique dans "The best part of Library 2.0" que, pour se maintenir à flot dans cette «culture du flux» qui n’accepte aucun moment d’arrêt ou de ralenti, les nouveaux bibliothécaires devront posséder ni plus ni moins que le don de l’ubiquité. Ainsi, un billet intitulé "Are Reference Desk dying out ?" publié sur le site du Chronicle of Higher Education, nous apprend que Mme Jacobs, bibliothécaire de référence à l'Université de Californie, n’est jamais présente …à son bureau. Elle reçoit les demandes d'aide et de référence par courriel et utilise l’internet ou le téléphone portable pour rejoindre ses usagers. "En faisant comme je le fais maintenant, je touche deux fois plus d'étudiants que lorsque j'étais assise derrière un bureau (...) ils aiment cette technologie, et qui suis-je pour leur dire que ce n'est pas le meilleur moyen de communiquer ?". Audace, créativité et innovation sont désormais les mots d’ordre pour survivre dans le cyberespace.

Eric Fierson, bibliothécaire à l'Université du Michigan à Ann Arbor, a décidé d’«aller au devant des utilisateurs». Il utilise à profusion les outils de la génération du Web 2.0 dont les blogues, les outils de réseau sociaux comme FaceBook, etc pour rester en contact direct avec ses étudiants sans oublier cependant la relation face à face. Il est devenu le "bibliothécaire avec café au lait" et tient son bureau, dans un café populaire de Ann Arbor avec un PC portable et une connexion sans fil : «C'est également important d'aller là où les usagers se trouvent physiquement aussi», souligne-t-il. Ceux qui souhaitent le consulter pour de l’aide dans leurs recherches sont invités à s’y rendre.

Ceci fait dire à Dennie Heye dans «Creativity and Innovation : two key characteristics of the successful 21st century information professionnal" que «les professionnels de l'information proposent désormais des services presque paradoxaux. Nous devons fournir le réel et le virtuel : collections imprimées et plein texte en ligne, et en même temps nous impliquer dans le processus d'aide et de formation via la messagerie instantanée. (...) ». Les blogues sont en vogue comme les wikis et les autres outils de réseautage social. Sortir des sentiers battus, créer et innover est devenu le nouveau credo des professionnels de l’information. FaceBook ou MySpace sont très «utiles, intéressants, authentiques». Elle cite les manières d’en faire bon usage dans "Blog Without a Library" : créer un profil ou créer un groupe d’usagers pour la bibliothèque, faire connaître les nouvelles actualités, faire de la pub pour des services, dépister les comportements de recherche d'info et cibler des groupes d'utilisateurs spécifiques.

Améliorer le design du site WEB doit être la préoccupation constante des administrateurs de sites. « La nature sociale du Web a fait émerger une attente d'interaction avec l'information ». Elyssa Krosky sur le blog InfoTangle dans "Information Design for the new web" fait les recommandations suivantes : rester simple, miser sur les services au public, développer des bases de données, utiliser les solutions innovantes, les multimédias (baladeurs), les nouveaux outils (blogues, wikis, Second life, Facebook) pour rejoindre le public et dialoguer avec les usagers, adopter la philosophie du New Web « évoluer, bouger, rester ouvert», éduquer les parents, former et informer les usagers. Pour sa part, Stephen Abrams conseille d’offrir des formations à l'utilisation des nouveaux outils et à la recherche aux bases de données aux usagers.
Rob Curley, journaliste, dans une interview sur le blogue "Média Café rappelle que le site du professionnel de l’information doit être l’endroit où le public sait qu'il peut trouver l'info car « tout ce qui peut être cherché devrait être sur votre site web ». Le site doit promouvoir l’utilisation des technologies nouvelles comme la vidéo, le son, les animations Flash, etc. Il ajoute: «Si votre chef n'a pas entendu parler de Youtube ou iTunes, préparez votre CV». Une recommandation revient souvent : privilégier la navigation alternative et tous ces outils disponibles qui permettent de dialoguer avec les utilisateurs et d’enrichir le contenu comme les tags, le «top ten», les informations liées, la cartographie, le widget, le mashup et autres et rester à la fine pointe de la technologie. Il faut aussi que le contenu de votre site soit accessible sur tous les appareils imaginables : Web, Email, RSS, iPods, téléphones portables et Sony PSPs.

Finalement le mot d’ordre, c’est oser. Pas encore de blogue dans votre organisation? Faites-le et les autres suivront. Cueillez les fruits qui sont à votre portée et tirez avantage des outils en libre accès même si dans votre organisation, personne ne l’a déjà fait. Les usagers, eux, vous suivront. D’autant plus que les outils et les logiciels libres sont très faciles à utiliser et ne demandent pas de soutien du service informatique.

Bref, depuis toujours, face aux défis de la technologie, au fil des siècles, les bibliothécaires ont su «se réinventer, créer et innover». Tout indique que cette fois encore, ils survivront au tsunami de la révolution numérique et n’est ce pas pour cela que l’avenir s’annonce des plus excitants pour les nouvelles générations de bibliothécaires?

Par My Loan Duong

mardi 13 mai 2008

«L'orthographe et la lecture, outils de sélection sociale?»

«Orthographe» qui vient de deux mots grecs, graphien (dire graphie ou écriture) et de orthos (droit, correct)désigne l'art d'écrire correctement. La définition même de ce mot est à la source du problème actuel qui se pose non seulement au Québec mais également en France.
Plus qu'une page chaque jour»*. Au Québec, prenant acte des risques d'une forte détérioration dans l'apprentissage de la lecture et de la grammaire dans les écoles primaires et secondaire et afin d'améliorer les compétences en français, la ministre Michelle Courchesne ministre responsable de l'Éducation, du Loisir et du Sport a récemment recommandé une heure de lecture obligatoire chaque jour en classe en plus du retour à la dictée au primaire. Voilà un bon début, estime Nathalie Collard qui note que ce phénomène n'est pas spécifique au Québec, mais international. Rappelons que Statistiques Canada dans une récente étude est arrivé à un constat plutôt navrant: la capacité du citoyen canadien de s'informer et de communiquer par écrit ne cesse de décliner. Il faut aussi ajouter que cette situation qui n'est nullement propre au Canada et au Québec est observée par les études menées dans différents pays développés.Le fait, confirmé par une enquête internationale en alphabétisation réalisée en 2003 indique un nivellement vers le bas au niveau de la compréhension en lecture des jeunes.
Au Québec, alerté finalement par cet état des faits qui ne peut qu'aller en s'aggravant, le MELS essaie de renverser la vapeur en préconisant la lecture comme activité académique obligatoire dans les écoles du Québec, reconnaissant ainsi tardivement que la lecture, élément du tritype républicain de l'école gratuite, universelle et obligatoire «lire, écrire, compter» doit être maîtrisé par tout jeune ayant achevé son cours primaire. Pour contrer cette situation devenue désatreuse selon certains*, le Ministère s'est doté d'un plan en 2006 pour essayer de réintroduire la lecture dans les écoles par la mise en place d'activités pédagogiques dans un environnement où les jeunes pourront être accompagnés d'un personnel compétent dans l'usage de l'information. En amont, le plan d'action prévoit aussi une concertation avec l'EBSI pour favoriser la formation des bibliothécaires scolaires en créant des cours spécifiques au programme offert pour aider et faciliter l'insertion professionnelle du bibliothécaire dans les milieux scolaires. Dans cette mouvance, des ressources supplémentaires seront allouées aux écoles pour favoriser la lecture et surtout, l'embauche des bibliothécaires dans les commissions scolaires. La barre est haute, selon les observateurs des milieux de l'enseignement et des bibliothèques dont la Corporation des bibliothécaire professionnelle du Québec s'est fait l'écho qui ont constaté les dégâts du déclin progressif de la lecture et de l'écriture à partir des années '60, mais bon, il faut bien commencer quelque part.

Un enjeu non seulement d'ordre professionnel mais social
Il demeure que le problème réside dans sa source et que ce n'est pas du jour au lendemain qu'on corrigera la situation. Sous le titre «L'orthographe et la lecture, outils de sélection sociale?» un article publié dans INTERCDI des mois de janvier/février 2008 de Daniel Moatti *, chercheur au laboratoire d'anthropogie de l'Université de Nice Sophia Antipolis rappelle qu'en dépit de l'internet, c'est l'orthographe qui va dorénavant démarquer les cohortes des futurs candidats aux emplois. Il va devenir de plus en plus difficile pour ceux qui souhaitent obtenir une promotion ou un bon poste en France. Parmi les qualifications exigées, celle d'un bon français écrit est aussi essentielle que la maîtrise des outils de bureautique.
Mais,«indiscutablement liées, la lecture et l'orthographe ne se conjuguent pas nécessairement ensemble», ajoute Daniel Moatti dans l'article. En général, un bon élève en dictée est un bon lecteur, mais tout grand lecteur n'est pas d'emblée fort en orthographe. Il est indéniable que lorsque les parents ne possèdent pas la culture (ou le moyens financiers qui permettent à leurs enfants de rattraper le retard, en l'occurence le choix par exemple, de l'école privée versus l'école publique), les «décrocheurs» continueront à occuper des «situations sociales défavorisées et handicapantes». Les méthodes coercitives telle que la réintroduction de la dictée comme outil de maîtrise de l'orthographe a ses limites car le problème est plus complexe que les solutions préconisées.

Pour les ministères de l'Éducation, il y a deux choix: si l'enseignement de l'orthographe ou de l'art d'écrire n'est plus une priorité, il faudrait entamer une vaste réforme de simplification de la langue qui répondrait aux pratiques informatiques et aux correcteurs de traitement de texte... et qui a pour conséquences de tourner les coins rond en plus «d'introduire parfois des fautes supplémentaires» ou des... anglicismes, très fréquents au Quéebec. À défaut, il faut rétablir les fondements de l'enseignement traditionnel avec retour aux dictées, à l'enseignement des règles de syntaxe, de grammaire et de conjugaison, à l'étude des textes classiques et à l'apprentissage des mots, ce qui suppose des moyens financiers, du temps et plus encore un changement de ...culture que les sociétés ne peuvent plus se permettre. Bien sûr, il y a l'école privée (et encore!)ou les aides aux études pour les nantis... tandis que les grandes organisations pourront toujours « recruter des formateurs en français pour aider [leurs] cadres à respecter l'orthographe et la syntaxe». Mais il est très difficile de retourner maintenant en arrière. Après plusieurs décennies de laxisme, on constate que la rupture est amorcée entre ceux qui possèdent l'orthographe et ceux qui ne l'ont pas. Car dans un monde de plus en plus globalisé, dans une culture de communication instannée où l'oral et le vocabulaire anglais ont préséance et où le temps à la lecture est réduit en peau de chagrin, les gouvernements peuvent-ils assumer les coûts d'une formation traditionnelle et «élitiste»? Par un ironique retour des choses, la lecture et l'orthographe qui, avant l'instauration de l'éducation primaire obligatoire étaient des outils de sélection sociale, sont plus que jamais, à l'ère du numérique et de la globalisation de l'information «un des outils de discrimination sociale handicapant ceux et celles qui ne les possèdent pas ». Triste constat que Pierre Bourdieu ne renierait pas.


*La Presse, Nathalie Collard. Section Opinion du 2 février 2008
**CorpoClip, Bulletin n.175, 2008 - Éditorial - Michel Claveau , pp. 1- 2
***INTERCDI des mois de janvier/février 2008, n.211, pp 89-91

dimanche 4 mai 2008

L'imagination au pouvoir : mai 68

"Power to the people". Deux experts en marketing, Yves Gougoux et Pascal Beucler, respectivement président et vice président de Publicis* Canada et de Publicis Consultants Worldwide ont évoqué ces paroles d'une chanson de John Lennon parler du réseautage social et de la prise en charge par les individus des outils de communication et d'information. Composée dans le sillage des révoltes estudiantines de mai 68, la chanson revendiquait alors en ces mots le pouvoir au citoyen: «Power to the people, power to the people right now». Constat: le client est plus que jamais roi.

Dans cet article, les auteurs décrivent comment l'univers du marketing et le métier de communicateur et de publicitaires ont été changé depuis la dernière décennie sous l'impact des outils du web 2.0. Il ressort, que dans le domaine de la communication et du marketing, le client, devenu créateur est plus que jamais roi. Les boites de communication et de marketing ne se battent plus entre elles, elles sont en compétition directe avec leurs propres ou leurs potentiels clients qui, avec les outils somme Facebook, Myspace, Youtube, Wikipedia disposent maintenant de leurs propres réseaux et occupent de plus en plus l'espace de la communication sociale. Tout cela dans un écosystème comptant déjà des géants ou prédateurs comme Google ou MSN qui continuent à imposer leur loi sur la planète virtuelle, alors que des joueurs plus récents Digg, Flickr, Izimi commencent à entrer dans la danse de compétition. Face à un tel environnement, les marketeurs, les communicateurs ...et les professionnels de l'information n'ont plus le choix et ne peuvent plus travailler du haut de leur tour d'ivoire. Forcés à reprendre contact avec leurs clients et usagers, ils doivent désormais changer leur façon de créer et d'agir. Au coeur de la nouvelle stratégie du monde du marketing, pour survivre, deux mots-clés ont fait leur apparition: appropriation et prise en charge.

Face aux nouveaux comportements des consommateurs ou des usagers, les modèles classiques ne représentent plus d'attrait, les agences de publicité, comme les autres organisations et les institutions doivent revoir leur façon de faire. Avec les outils du WEB 2.0,le «citoyen numérique» est non seulement plus exigeant, plus rigoureux, mieux informé, il est aussi plus enclin à prendre en charge et s'approprier des contenus. Désormais prestataires de service et utilisateurs sont des partenaires qui participent ensemble à la "co-création" par la «cogénération d'idées».

Le nouveau citoyen "numérique" créé son contenu, il le produit, il le traite, il le diffuse, il le partage. Que ce soit dans le monde de l'information, de la communication, de la recherche, de l'enseignement, dans l'écosystème numérique, la prise de parole et du pouvoir est maintenant dans le camp du consommateur, du client, de l'usager, du payeur de taxe, du citoyen tout court. Que cela plaise ou non, «imposer par le haut» ne fonctionne plus. Dans ce monde de consommation qui est le nôtre, le citoyen choisit et veut qu'on lui propose des services qu'il peut moduler à sa façon.

Les bibliothèques: des outils pour créer et l'audace de créer

Les organisations doivent donc se transformer, à défaut, l'usager s'en va ailleurs. Dans les bibliothèques, certaines, sont en alerte. Les usagers réclament la mise en place des outils et des services qui leur permettent d'agir et de réagir en réseau. Comme membre d'une communauté virtuelle, l'usager ne veut pas seulement prendre ce que la bibliothèque lui fournit, il veut avoir les moyens et les outils pour ajouter ses propos, son contenu à la création de l'information et apporter sa contribution sur des plateformes collectives. Il veut le dialogue pour s'approprier des ressources et les réutiliser à sa manière. Avec la possibilité de prendre la parole sur l'internet, le citoyen impose ses limites au discours institutionnel.

Souvent au cours de ces dernières années, les bibliothécaires de l'UdeM ont eu à répondre aux demandes des usagers concernant l'implantation des outils du Web 2.0 dans les bibliothèques. Les outils existent alors qu'attendons nous, demandent les usagers? Les ressources et compétences sont là, mais comment s'en servir, demandent les autres? Les raisons sont multiples. Les universités québécoises utilisent toujours le système d'exploitation Microsoft et Internet Explorer. Les logiciels libres de la génération Open Office n'ont pas fait leur entrée encore sur la plateforme des bibliothèques de l'UdeM. Les barrières techniques ne sont pas levées pour permettre le partage et l'appropriation des ressources comme ailleurs. Les applications ne conversent pas encore entre elles. SFX est disponible sur les nouvelles acquisitions mais non sur le catlague ATRIUM. Par exemple, le système intégré de gestion de bibliothèeques (SIGB exploité par Advance) du catalogue ATRIUM n'offre pas la technologie basée sur les normes web qui permettraient des applications de type web 2.0 pour les communications entre les bases et les répertoires et entre le portails de l'usager et les modules de prêt. Un exemple: les notices d'Atrium ne sont pas indexées par Google ou Worldcat (comme ce qui sera le cas très bientôt pour les bibliothèques de McGill), les données du catalogues ou des bases ne peuvent pas s'enrichir réciproquement. Néanmoins, au-delà de l'aspect technique des problèmes de la quincaillerie comme on dit, les obstacles peuvent être d'un autre ordre aussi.

Changement de comportement et d'attitude

N'importe quel administrateur a vu venir le train. Il était annoncé depuis les années 2002 avec l'apparition des outils du web 2.0. Le problème majeur réside ailleurs. Si les circuits d'influence ont changé (de verticaux, ils sont devenus horizontaux et multidirectionnels), les mentalités résistent encore. Mais plus pour longtemps. En fait, il ne suffit pas comme certains le pensent de simple changement et d'évolution. On parle maintenant de Révolution car de plus en plus c'est l'usager qui est aux commandes en s'appropriant les moyens d'informer et de communiquer. Et les décideurs suivront. Par un de ces surprenants détours de l'histoire, la technologie, aujourd'hui nous offre ce que la génération des soixante huitards ont réclamé, c'est à dire les clés du pouvoir.

Que reste-t-il de nos amours?

Il y a quarante ans, un certain printemps de mai, des jeunes, rebelles sans cause disent encore certains, ont fait trembler l'autorité, ont vilipendé les interdictions (souvenez vous du fameux slogan «il est interdit d'interdire»). Ils ont remis en question les privilèges, ont réclamé la fin du confort et de l'indifférence et le pouvoir à tous. Parmi tous les slogans impertinents, mordants, incisifs, nés dans la douce folie de ce mouvement contestaire, les soixante huitards nous ont laissé celui-ci, mon préféré: « Ceux qui n'ont pas d'imagination ne peuvent imaginer ce qu'ils manquent».

Note: La BNF prépare une exposition des tracts, des affiches, des prhotographies de sloagans et de graffitis, des journaux, des dessins en regard des évènements de mai 68. L'exposition aura lieu à partir du mois de juillet et se tiendra jusqu'au mois de septembre. Conservées grâce aux bons soins et au professionnalisme des bibliothécaires qui ont eu la bonne idée de rassembler ces témoignages d'un moment historique, cette collection comprend plus de 15 000 documents. seront exposés au cours du mois de juillet à la BNF.

* Paru dans le Devoir du 30 avril dans la section Idées.
**Pour ceux qui suivent les chroniques mondaines de la «presse people», le président du groupe Publicis basé à Genève est jusqu'à tout récemment Richard Attis, le nouveau mari de l'ex première dame de la Répubique française, Cécilia.