jeudi 14 juin 2007

L'affaire Steigenthaler, Wikipédia et les usages déviants de l'internet

Tout le monde connait Wikipédia, cette encyclopédie ouverte et gratuite créée en 2001 par Jimmy Wales, dans la mouvance de la philosophie Internet: n'importe qui peut créer le contenu et publier les textes. Cette absence de droit d'auteur a fait craindre pour la qualité des écrits et la fiabilité des auteurs. Crainte injustifiée, selon d'autres, qui dans une recherche publiée dans le magazine Nature soutiennent que sur le plan de la qualité, les articles publiés dans Wikipedia sont aussi crédibles que ceux de l'Encyclopedia Britannica. L'affaire Steigenthaler remet en question ce point de vue.
Au départ, c'était juste un blague, pas très subtile ( est-il utile de le souligner?) que Brian Chase de Nashville au Tennessee, en mai 2005, voulait faire à un collègue de travail. Elle remonte à mai 2005, quand Brian Chase trouve dans Wikipedia un article sur John Seigenthaler Sr, journaliste connu et ex-rédacteur en chef du journal The Tennessian de Nashville. Il le réédite, en ajoutant que ce notable est impliqué dans les assassinats de John et de Robert Kennedy. Six mois plus tard, en octobre 2005, Steigenthaler, par un hasard quelconque, prit connaissance de l'écrit. Il contacta alors Jimmy Wales pour dénoncer cette fausseté à son endroit . Le fondateur de Wikipedia accepta de retirer la biographie de la dernière mise à jour et des mises à jours antérieures qui étaient aussi disponibles sur le Web, la politique de Wikipedia étant de laisser accessibles toutes les versions. Cependant, quand Seigenthaler voulut connaître l'identité de l'auteur de ces faussetés pour exiger réparation, il subit une autre frustration: Wikipedia ne pouvait que lui fournir l'adresse IP de l'usager.
Outré, Seigenthaler relata sa mésaventure dans un article que USA TODAY publia le 30 novembre 2005 sous le titre : "A false Wikipedia 'biography' ; This is a story of how vandals, hiding behind federal privacy laws, can use the highly popular, free online encyclopedia to attack fellow citizens. It could happen to you" .
C'est que le droit américain fait la différence entre les éditeurs et les fournisseurs de service. À l'instar de AOL, Amazon, Yahoo, etc..., Wikipédia n'est pas considéré comme un éditeur mais un fournisseur de services car l'encyclopédie est ouverte et n'importe quel utilisateur peut y éditer des textes. N'étant pas considéré comme un éditeur, Wikipedia est donc protégé contre les poursuites en diffamation ( Article 230 du Communications Decency Act) . D'autre part, la responsabilité de Wikipédia en tant qu'organisation ne peut être invoquée ici puisque les faussetés sont l'oeuvre des internautes c'est à dire d'individus et que le propos diffamatoire n'étant pas connu d'avance, la compagnie n'en est pas responsable. Échaudées par l'expérience de Steigenthaler, un regroupement des personnes ayant été l'objet de diffamations sur Internet crée un site pour inviter ceux qui ont été l'objet de préjudices semblables à se joindre à eux et intente un recours collectif contre Wikipedia et d'autres sites similaires. Le groupe réclame que ces fournisseurs de services assument la responsabilité légale de leur contenu. Les chances de succès de cette poursuite? Pratiquement nulle, disent les experts.Car Wikipedia se définissant comme "fournisseur de services informatiques interactifs" ne peut être poursuivi pour les actes diffamatoires des internautes pris individuellement. Un peu plus tard, Brian Chase admit publiquement être l'auteur de la fausse biographie et présenta ses excuses à Seigenthal dans un texte publié par USA TODAY en décembre 2005. Entre temps, pour limiter les dégâts, le créateur de Wikipedia Jimmy Wales changea la politique d'accès à l'édition des informations sur Wikipedia. Désormais seuls les usagers dûment "enregistrés" peuvent changer le contenu.
Palliatif ou règlement provisoire qui ne résoud pas le problème de fond et qui laisse entière la question de la responsabilité des pollueurs d'internet.

* Une équipe d'experts mandatés par la revue Nature a comparé la véracité des informations dans Wikipédia avec Encyclopaedia Britannica a constaté que le nombre d'erreurs ou d'omissions trouvées dans Wikipédia sont sensiblement semblables à celles trouvées dans l'encyclopédie britannique. Sur 42 entrées , les experts ont décelé 4 erreurs dans Wikipédia contre 3 dans Britannica et au niveau des omissions ou erreurs ils ont retracé 162 contre 123 pour Britannica. Wikipédia étant une encyclopédie ouverte, le phénomène d'autorégulation entre les auteurs-lecteurs a contribué à améliorer le contenu, une information fausse mise par un visiteur se trouvant corrigée par un autre visiteur.

Bibliographie:
Don't blame character smear on Wikipedia; [FINAL Edition] USA TODAY. McLean, Va.: Dec 9, 2005. pg. A.22 Column Name: Letters Section: NEWS ISSN/ISBN: 07347456
It's online, but is it true? ; Misinformation undermines freewheeling Wikipedia; [FINAL Edition] Janet Kornblum. USA TODAY. McLean, Va.: Dec 7, 2005. pg. D.7
A false Wikipedia 'biography' ; This is a story of how vandals, hiding behind federal privacy laws, can use the highly popular, free online encyclopedia to attack fellow citizens. It could happen to you.; John Seigenthaler. USA TODAY. McLean, Va.: Nov 30, 2005. pg. A.11
Author of false Wikipedia biography apologizes ; Nashville man sends letter to journalist, says entries were intended as 'a joke'; Susan Page. USA TODAY. McLean, Va.: Dec 12, 2005. pg. A.4
La contreverse Wikipedia par Jérémie Lavoie et Amir Nakhjavani dans Le Pigeon Dissident: le journal des étudiantes et des étudiants de la Faculté de droit de l'Université de Montréal. vol.29, n. 5, 24 janvier 2006, pp: 1-2

Mots-clés: Droits d'auteur; Propriété intellectuelle; Diffamation- Internet; Wikipedia:

jeudi 7 juin 2007

«To Google », «To Wilf » : enrichissez votre vocabulaire informatique anglais!

Depuis son apparition, il y a un an, dans le Merriam-Webster et dans l'Oxford English Dictionary, comme le mouchoir-papier Kleenex, «to Google» est devenu un terme générique et entré comme dans l'usage courant pour décrire le fait de chercher dans la Toile et ce, sans distinction du moteur utilisé. Voilà un nouveau verbe donc dans l' anglais courant, «to google», à noter dans le jargon de l' internet. Autre phénomène très «in» , l'expression «to wilf» qui veut dire en français le fait de ne plus savoir ce qu'on voulait chercher. Cet acronyme des premières lettres de «What Was I Looking For?» illustre l'action de flâner dans l'internet et de se promener au milieu des sites sans savoir pourquoi on est entré dans la toile et ce qu'on venait y chercher. cette habitude est semble -t-il bien ancrée dans les moeurs contemporaines puisqu'une étude réalisée en Angleterre auprès de 2400 internautes montre que le quart des visiteurs consacrent plusieurs journées par mois à faire du «wilf» , c'est à dire à explorer les sites d'actualité, de voyages et autres sans but précis. ( tiré de NETSOURCES , n. 67, mars-avril 2007).
My Loan Duong, MLS

830 dépôts d'archives en ligne : OpenDao et un wiki en bibliothéconomie et en sciences de l'information: Bibliopedia

Deux nouveaux liens déposés sur le site de la BBSI dans la rubrique Ressources documentaires :
OpenDoa , un répertoire qui recense 830 dépôts d'archives est hébergé par l'Université de Nottingham (Grande-Bretagne) avec la collaboration de l'université de Lund ( Suède), le CURL (Consortium of Research Libraries), l'OSI (Open Society Institute) , le JISC (Joint Information System Comittee) et le SPARC Europe (Regroupement des bibliothèques européennes). Pour assurer la qualité des sites, chaque dépôt sélectionné est testé et évalué par l'équipe éditoriale afin de répondre aux besoins du milieu universitaire et de la recherche. (Source: NetSources, n.65, novembre-décembre 2006, p.13)
Et Bibliopedia, un wiki spécialisé en bibliothéconomie et en scineces de l'information, lancé en 2006 par le conservateur de la médiathèque du Perreux-sur-Marne, David Liziard. Bibliopedia est le premier wiki francophone en bibliothéconomie. Conçu avec la même interface que Wikipedia, connu maintenant à l'échelle planétaire, Bibliopedia est un web collaboratif . Sa vocation : "de compléter le portail Sciences de l'information de Wikipédia, en permettant une approche plus pratique, sans l'aspect encyclopédique". Dans Bibliopedia, on trouve des articles sur les métiers des sciences de l'information, l'histoire du livre et de l'information, les pratiques professionnelles des bibliothécaires, des archivistes, de documentalistes, le catalogage, l'indexation, le développement des collections, la diffusion de l'information, l'organisation des ressources documentaires, le marketing des services, la gestion des services et des institutions, l'informatique documentaire, de sites reliés à la profession, des revues professionnelles en ligne, des listes de diffusion et des "biblioblogs". Tous les bibliothécaires du monde francophone sont invités à partager leurs expertises et de contribuer à faire de ce wiki un outil collectifs de partage de connaissances et des (bonnes) pratiques en bibliothéconomie. (Source NetSources, n. 65, novembre-décembre 2006, p.9)
Publié par My Loan Duong, MLS, McGill University à l'adresse 12

Web 2.0 : The Machine is US/ing Us

L'utilisation des ressources documentaires dans les bibliothèques est de plus en plus tributaire de la notion d'appropriation du contenu. La relation entre l'utilisateur et le document s'est transformée avec les outil Web 2.0. qui permettent aux usagers de prendre possession de l'information et des connaissances, de les utiliser et les enrichir par le fait même. Ce vidéo réalisé par Michael Wesch, professeur d’anthropologie et d'ethnographie culturelle Kansas State University et spécialiste des comportements humains à l'ère de la digitalisation et de l'immédiat au Web 2.0 : The Machine is Us/ing US, est très belle illustration de l'appropriation de l'information et des connaissances grâce aux nouvelles technologies et de la plasticité du document numérique.