vendredi 14 décembre 2007

« Les pensées des hommes sont devenues un objet important du commerce »

Voltaire, cité par Emmanuel Pierrat dans La guerre des copyrights ne croyait peut-être pas si bien dire quand il affirmait en 1733: «les pensées des hommes sont devenues un objet important du commerce». De nos jours, avec la globalisation des marchés, la revendication des droits immatériels a pris une ampleur planétaire et le monde s’est transformé en un champ de bataille où s’affrontent «les droits de l’usager ou du consommateur et les droits des créateurs». Au nom de principes différents, les conflits ont atteint une virulence et une fréquence telles qu'elles conduisent à des affrontements entre, non seulement les personnes et les collectivités, mais entre les sociétés et les pays, ceux du Nord qui revendiquent la propriété de la création et ceux du Sud qui réclament au nom de l'équité et la justice le droit à l'utilisation et à l'exploitation de ces créations. Pris entre ces deux légitimités, pas facile pour les juristes de prendre partie entre les «nouveaux propriétaires» de plus en plus nombreux et les contrefacteurs ou concurrents qui pullulent. Les copyrights, présents dans tous les secteurs de l'activité humaine touchent tous les aspects de la création et si leurs applications protègent les auteurs des créations des effets de la contrefaçon qui coûtent des centaines de milliers d'emplois chaque année dans le pays développés, ils privent par contre d'autres individus au droit légitime à l'accès à l'information et au savoir.

À qui appartient le trèfle à quatre feuilles?

Van Cleef & Arpels , les célèbres joailliers parisiens poursuivent la designer Heidi Klum pour avoir reproduit un médaillon sur le modèle de « leur trèfle à quatre feuilles» . Ce à quoi, Klum réplique que le motif de ce trèfle à quatre feuilles est déjà depuis plusieurs siècles sur le dôme de la cathédrale de Milan. Les fragrances sont désormais protégées par des droits d'auteur, indépendamment du contenu où elles sont entreposées , et si jamais Deutsche Telekom et la société de boissons Red Bull gagnent leur procès pour garder l'exclusivité des teintes de leurs logos, des couleurs déposées sur leurs annonces ne seront plus du domaine public. (Cyberpresse: «Et si les couleurs nous appartenaient: libérez le magenta» La Presse, 16 novembre 2007).

Pour les juristes, le droit à l'image pour l'auteur qui diffère d'un pays à l'autre est un vrai «trouble-fête». En France, en cette matière Emmanuel Pierrat parle de «vide juridique» tandis qu'en Californie, la loi reconnait aux héritiers un droit à l'image pendant une durée de cinquante ans à compter du décès. La propriété intellectuelle s'étend jusqu'aux concepts intellectuels et le savoir est privatisé. Dans le domaine de l'archivistique, à Montréal, en 1993, Solutions Documentaires Gestar, une compagnie privée qui offre des services de Gestion Intrégrée des Documents (GID) et de gestion de contenu (CMS) a fait enregistrer comme marques de commerce les expressions Subdivision uniforme®, Subdivision spécifique®, Subdivision nominative®, Documentik®, Classification universelle des documents administratifs®, Méthodologie CUDAD® et Codification numérique continue®. Depuis cette date, leur utilisation est interdite dans tout autre produit commercial.

Des revendications à l'accès «aux nouvelles semences, aux vaccins, aux traitements médicaux, aux publications savantes» par les pays du tiers monde, en passant par celle de la reconnaissance du droit à la «propriété des peuples aborigènes sur leur folklore», la course au copyright a atteint une dimension telle que Pierrat se demande si ce n'est pas le début de «la fin du domaine public», aidée déjà par «l'allongement par le législateur des durées de protection».

En Californie, la grève des scénaristes regroupés dans le syndicat des Writers Guild of America qui perdure depuis cet automne a pour source la revendication, au nom des droits de propriété intellectuelle des scénaristes, à une partie des redevances sur les revenus très lucratifs générés par la diffusion sur l'internet, sur les cellulaires et dans les autres médias , ainsi que sur les produits dérivés (DVD, etc...) des créations artistiques auxquelles ils ont participé. Ils sont rejoints dans cette «cause commune» par les ...réalisateurs québécois descendus dans la rue pour revendiquer au nom du même droit, une part du lucratif marché des produits dérivés ( «À qui appartient cet enfant?» de Nathalie Petrowsky dans La Presse , Cahier Arts et spectacles du 12 décembre 2007). Si les droits d'auteur des créateurs des tableaux vivants, si présents dans l'art contemporain sont reconnus, pourquoi pas les droits des réalisateurs?. On n'en finit plus comme vous pouvez le voir.

C’est bien connu, au royaume du copyright, le flou artistique est de rigueur. Et ce n'est pas demain que le débat sur le droit d'auteur se réglera. La situation se corse avec l'émergence de l'internet qui a «bon dos», selon Pierrat étant donné que le piratage a toujours existé. L'auteur voit dans ce phénomène l'émergence d'une nouvelle valeur car il est clair que cette course effrénée à la protection des droits immatériels s'exerce «au détriment d'une foule de principes essentiels».

Emmanuel Pierrat est avocat et spécialiste dans les domaines touchant aux droits d'auteur, aux droits de l'information et de la propriété intellectuelle . En tant que romancier, il connait les deux côtés de la médaille. Sur le même sujet, nous lui devons entre autres Le bonheur de vivre en enfer publié dans la rubrique Lus et notés pour vous du mois de décembre 2005.

mardi 4 décembre 2007

Libre mais privé de liberté ...d'expression

«Une nouvelle morale juridique française en matière d'écriture». Tels sont les propos d'Emmanuel Pierrat (Livres Hebdo, 26 octobre 2007)commentant la loi du 9 mars 2004 qui interdit, en France, la publication d'un livre, non pas en raison de ce qu'il contient, mais «en raison de celui qui l'écrit». Remis en liberté au début de cette année après avoir purgé une peine de prison de quatre ans, soit la moitié de la peine imposée pour avoir frappé mortellement sa compagne Marie Trintignant au cours d'une dispute, à Vilnius en Lituanie en juillet 2003, Bertrand Cantat, le leader du groupe Noir Désir se voit dorénavant interdire de «diffuser tout ouvrage ou oeuvre audiovisuelle dont il serait l'auteur ou le coauteur qui porterait sur l'infraction commise et d'intervenir publiquement en rapport avec cette infraction».

La loi Perben II qui limite la liberté d'expression, sacro-sainte dans le paysage juridique de l'hexagone et en vigueur depuis la fin de l'Ancien Régime, se veut une disposition s'incrivant dans la ligne droite du principe moral qui vise à ménager des victimes et de leurs familles. L'auteur du crime ne pourra plus bénéficier du droit à la liberté d'expression pour «clamer son innocence, dénoncer les conditions de détention, expliquer son geste ...voire même s'excuser». Cette loi qui prive l'individu du droit de publier est considérée par certains comme un recul en matière de liberté d'expression.

Aux États-unis, pour ménager les familles des victimes, indignées de voir certains criminels s'enrichir des fruits de leur méfaits, seuls les droits d'auteur sont confisqués mais non le droit de s'exprimer. Les redevances de ces droits confisqués peuvent être aussi versées en compensations aux familles des victimes.

Bref, en droits d'auteur, dorénavant le crime devra moins payer.

15 milliards pour Facebook?

Les jeunes de trente-cinq ans et moins connaissent tous Facebook. Ce nouveau moyen de communication, créé par des diplômés de Harvard a été très vite adopté par les étudiants des universités nord-américaines. Aux HEC à Montréal, 75 % des étudiants y sont abonnés et y passent au moins une heure par jour en moyenne pour se tenir au courant de la vie universitaire, pour relater leurs expériences universitaires ou personnelles, pour parler de leurs intérêts et de leurs projets. À la différence de MySpace dont la clientèle est plus jeune, cette liste d'envoi a la particularité de regrouper des jeunes adultes, diplômés d'universités ou en voie de l'être avec un potentiel de revenus intéressants donc bons consommateurs en perspective. En plus d'être une mine d'or pour les employeurs, à qui elle fait sauver énormément de temps car ils peuvent y trouver le profil de leur choix, avec couleurs des cheveux et des yeux en sus, cette liste qui permet d'échanger les photos et la musique et de développer des multiples applications est une ressource fort convoitée par les entreprises en raison de son marché segmenté. C'est aussi l'endroit virtuel à la mode pour renouer ou se faire des contacts ou pour établir son réseau social.

Mais cette mine d'or vaut-elle vraiment 15 milliards?

Selon Pascal François, professeur agrégé en finance aux HEC, dans une entrevue avec Bruno Asseo (Journal officiel des étudiants et des étudiantes de HEC Montréal du 29 novembre 2007, vol.51, n.5, p.3) ce chiffre est une extrapolation «dangereuse», car on est arrivé à ce chiffre «en calculant ce montant à partir des 246 millions de dollars qui représentent les 1,6% des parts de Facebook achetées par Microsoft». Or, il faut noter qu'on a affaire à une entreprise privée et «la théorie financière est moins bien armée pour évaluer ce genre d'entreprise, à cause du peu d'informations disponibles». En fait, Facebook affiche un revenu de 100 millions de dollars en 2006 et on estime que ses revenus seront de 200 millions en 2007 . On est donc loin du chiffre de 15 milliards. Pascal François, pense «qu'un multiple de 10» serait plus raisonnable, car «en faisant confiance aux 200 millions de chiffres d'affaires, on arrive à 2 milliards et non 15 milliards».
Néanmoins, même si elle est surévaluée, l'entreprise a un potentiel de croissance énorme et d'autre part les 15 milliards constituent un montant virtuel. Tant qu'il n'y aura pas d'introduction boursière, l'évaluation de 15 milliards restera de l'ordre du «wishful thinking» et cette surenchère ne risque pas d'avoir de graves conséquences.
Dernière nouvelle: le site Facebook sera bientôt annexé au moteur de recherche du géant Google. Ce qui augmentera considérablement sa visibilité et son potentiel de développement des applications subséquentes. Mais toute médaille a son revers et jeunes internautes, attention! Big Brother n'st pas loin et évitez d'y poster les photos de votre dernière soirée bien arrosée de célibataire.
Autre nouvelle encore: Dans le cahier Affaires de la Presse du 5 décembre 2007, nous apprennons que deux entreprises montréalaises bOK et Babytel se préparent à apporter la téléphonie sur Face Book. bOK développe une application qui permet de faire des appels gratuits sur téléphone cellulaire en cliquant sur le nom de la personne qu'on veut rejoindre. Le serveur bOk se charge de faire l'appel. Le logiciel est crée par un étudiant de McGill de 19 ans , Amin Mirzaee.

par My Loan Duong, MLS, BBSI

vendredi 23 novembre 2007

Webcasts juridiques

Eh oui, une nouvelle collaboratrice à ce blogue! Pour me présenter rapidement, je suis bibliothécaire de référence à la Bibliothèque de droit de l’Université de Montréal. Diplômée de l’EBSI en 2000, j’ai depuis travaillé aux États-Unis, puis à l’ICIST et maintenant à l’UdeM. My Loan m’avait déjà invitée à participer lors de la création du blogue, mais le temps me manquait. Lorsque j’ai écrit ce texte pour un bulletin que nous préparons à l’intention des étudiants et professeurs de la faculté de droit, je me suis cependant dit que le sujet pourrait être d’intérêt pour l’ensemble des bibliothécaires, et quel meilleur endroit que le blogue de la BBSI pour ainsi partager l’information?

Webcasts juridiques

En droit comme ailleurs, les nouvelles technologies permettent d’offrir de nouveaux services ou encore d’offrir différemment des services existants. C’est le cas de la retransmission vidéo sur le web, communément appelée «webcast».

Tribunaux

La Cour d’appel d’Ontario offre depuis septembre un nouveau service de visionnement de ses audiences en ligne, tant en direct qu’en différé, les vidéos des audiences étant archivées depuis septembre 2007.

L’expérience de la Cour d’appel d’Ontario est jusqu'à maintenant unique au Canada, mais nous pouvons espérer que d’autres tribunaux suivront son exemple. Aux États-Unis, les cours d’appel de nombreux états offrent leurs audiences en format audio ou vidéo, tant et si bien qu’une liste des états participants a été établie.

La retransmission vidéo d’audiences n’est pas un phénomène limité à l’Amérique du Nord. Ainsi, les audiences de la Cour européenne des Droits de l’Homme sont disponibles en langue originale ainsi qu’en français et en anglais.

Quelques tribunaux internationaux se joignent également au cortège. Par exemple, la Cour internationale de justice de La Haye retransmet ses audiences en de rares occasions, lorsque l’intérêt suscité par l’affaire est jugé très important. L’enregistrement est alors disponible durant une semaine seulement, puis est retiré du site. Un exemple pouvant être offert est celui de la requête pour avis consultatif sur les conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans le Territoire palestinien occupé.

Law Library of Congress

Les webcasts juridiques ne prennent pas uniquement la forme d’une retransmission vidéo d’audience. La Law Library of Congress diffuse les enregistrements vidéos des conférences qu’elle offre régulièrement sur un éventail de sujets de droit, qu’il s’agisse d’une table-ronde sur «National Security and the Rule of Law» ou d’une discussion sur «Perspectives on Childhood and the Law».

Universités

Les universités ne sont pas en reste. À Toronto, la faculté de droit de l’University of Toronto présente depuis de nombreuses années sur son site web des vidéos des conférences, présentations et autres symposiums qu’elle organise. Aux États-Unis, de nombreuses universités offrent des webcasts, mais un des exemples les plus frappants demeure celui de UC Berkeley, qui présente ses cours et conférences au grand public. Une rapide recherche a permis de repérer quelques cours de droit, entre autres «Technology and Intellectual Property in Law» et «Theories of Law and Society».

Ici à l’Université de Montréal, les conférences du Centre d’études et de recherches internationales (CERIUM) sont disponibles en ligne depuis 2004.

Aspects techniques

Les principales plateformes utilisées pour la retransmission vidéo sur le web sont Windows Media et RealPlayer, bien qu’on fasse également parfois appel à QuickTime. Ces lecteurs de médias numériques sont disponibles gratuitement sur le web et peuvent être téléchargés et installés facilement.

Conclusion

Cette technologie est fort intéressante pour le domaine juridique et, ce qui nous concerne surtout, pour les étudiants en droit. Elle offre en effet l’avantage non négligeable de permettre de visionner des audiences de diverses cours d’appel sans devoir se déplacer, ainsi que de regarder des conférences et tables rondes sur des sujets de droit variés. Voilà sans nul doute un outil à découvrir.

lundi 12 novembre 2007

«A Vision of Students Today»

Nouveaux comportements informationnels et regards sur la génération du Web 2.0

Avec l'internet, les réseaux d'information, les nouveaux modes de génération du savoir, de distribution des ressources informationnelles et de production de services, la société actuelle a franchi une nouvelle étape .

Voici deux vidéos qui illustrent le changement de paradigme dans le domaine de la communication du savoir et de l'information:

Pour les sociologues et les anthropologues, les changements introduits par les nouvelles technologies de l'information et de la communication dans les domaines de l'apprentissage, de la formation au cours de ces dernières décennies sont comparables au phénomène de l'urbanisation, conséquence directe de la transformation des modes de travail et de production, au début du 20è siècle et de l'apparition de la sociologie urbaine, courant de pensée né avec l'École de Chicago, créée en 1892. Comme l'introduction de la mécanisation des tâches et la production en série dans les usines, le travail à la chaine et la robotisation ont provoqué la réorganisation de l'espace du travail etde l'espace urbain par l'exode des travailleurs de la campagne à la ville , le monde du travail subit actuellement les effets de l'implantation massive des outils informatiques. Les effets de ce changement dans les modes communication et de production sur la vie collective se répercutent sur les interactions entre les individus et engendrent des bouleversements profonds dans tous les domaines de l'activité humaine. Avec l'émergence de nouvelles valeurs , de nouvelles mentalités font jour sur fonds de chocs culturels qui rappellent le phénomène de l'urbanisation dont la ville de Chicago a été le creuset, il y a plus d'un siècle . Le vidéo réalisé par des étudiants du programme de cours de Michael Wesch, professeur d’anthropologie et d'ethnographie culturelle Kansas State University et spécialiste des comportements humains à l'ère du Web 2.0 The machine is US/ing US , illustre bien ce propos en démontant en toutes pièces les dynamiques qui interviennent dorénavant dans les échanges, les modes de communication et les rapports entre l'apprenant et l'enseignant Education today and tomorrow.

Impact direct sur les sciences de l'information:

La bibliothéconomie, science de l'organisation du savoir et des connaissances subit actuellement une révolution qui touche ses fondements de base. Dans l'espace virtuel, le document n'a pas de forme matérielle, ni de forme fixe, il peut prendre des aspects multiples, il est volatile, il peut être substitué, il est partout et nulle part. Il ne peut être répertorié, catégorisé, classé, comme dans l'espace linéaire, il n'a pas de place "logique", il n'y a pas de hiérarchie, de classification par sujet, domaine ou format. Un même document peut se retrouver à plusieurs endroits sous diverses catégories. Il peut être ici mais il est ailleurs, d'où vient-il? de qui provient-il? L'information s'organise désormais en passant outre des contraintes matérielles, de temps comme d'espace, tel que le montre ce vidéo: Information R/evolution.

Tout un défi pour les gestionnaires de l'organisation de l'information que de pouvoir prendre en charge ces ressources changeantes et multiples, pour les détecter, les diffuser et les conserver dans l'univers virtuel.

vendredi 26 octobre 2007

Les BUs sont-elles encore le (au) «coeur» de l'université?

Dans le milieu universitaire en Amérique du Nord, les bibliothèques universitaires ont occupé jusqu'ici une place privilégiée. Perçues autant par la communauté universitaire que par ses hauts dirigeants comme la plaque tournante de l'information et du savoir, le lieu de dépôt et de diffusion des ressources documentaires indispensables à la conduite de l'enseignement et à la recherche de l'institution, les BUs ont jusqu'ici bénéficié d'un biais favorable lors des demandes de subvention ou de crédits accordés pour le financement de ses services et ses activités. C'est pourquoi les administrateurs de BUs ont reçu comme une douche froide une récente étude, publiée dans College & Research Libraries, may 2007, vol.68, n.3 d'un groupe de professeurs d'université, de directeurs de BU, et de chercheurs de plusieurs grandes universités américaines. Pilotée par Beverly P. Lynch, professeur en sciences de l'information à l'Université de California de Los Angeles, les conclusions de cette étude qui reprend les données d'une enquête antérieure conduite par Deborah Grimes en 1992-1992 indiquent que les BUs n'occupent plus la place centrale qu'elles détenaient au sein de leurs établissement pour fournir, diffuser et distribuer les ressources informationnelles et documentaires à la communauté universitaire.

Le concept de la centralité des bibliothèques universitaires remis en question

Les chercheurs ne vont plus nécessairement d'emblée vers les catalogues locaux pour trouver leurs ressources. Selon Lynch et ses collègues, les développements technologiques et la transformation de l'environnement documentaire ont remis en question le concept de la centralité des BUs. L'arrivée en force des technologies de l'information, l'invasion des moteurs de recherche comme Google, MSN, Yahoo, la présence des produits interopérables, des logiciels gratuits avec la panoplie des offres regroupées de publications de toutes sortes, ont contribué, en moins d'une décennie, à faire du catalogue local des bibliothèques une ressource accessoire ou complémentaire parmi le vaste ensemble d'outils et de ressources dédiés à la recherche et l'enseignement. Alors que la bibliothèque et son catalogue étaient, il y a quelques décennies, indissociables: l'une étant le reflet de l'autre, pour le meilleur et pour le pire, le catalogue local à moins d'être convivial, n'est plus la plaque tournante de l'accès aux ressources de l'institution. Le monde de la documentation s'est transformé avec l'ère du numérique qui a fait basculer le principe de la notion du droit de propriété à celui du droit d'usage et les ressources documentaires sont passées du «rayonnage au fonds virtuel» (Duong, CorpoClip, n.173, nov. 2007). Désormais les professionnels de l'information devront composer avec «les utilisateurs qui en demandent et les éditeurs de technologie de pointe qui tendent de plus en plus à investir le marché de l'intermédiation».

La levée des barrières à l'accès aux ressources a accru considérablement la visibilité des produits et en conséquence, l'ergonomie et le temps d'accès sont constamment améliorés à la satisfaction des utilisateurs les plus exigeants. Avec l'économie numérique, l'information va au devant de l'utilisateur. Les catalogues des BUs qui sont issus des systèmes intégrés de gestion de bibliothèques de la deuxième génération vieillissent mal et sont supplantés par les interfaces des catalogues de la dernière génération. De plus en plus, les usagers trouvent leurs ressources ailleurs que dans le catalogue de leur bibliothèque ou s'attendent à des catalogues de type Google, avec des options de recherche élaborées qui renvoient à des ressources complémentaires ou connexes enrichies de revues de lecture, de reproductions des couvertures des ouvrages et des tables des matières avec en prime de fichiers d'autorité et renvois à la copie originale ou aux bibliothèques dépositaires.

Le catalogue local au rancart?

Ce point de vue est repris dans une autre étude publiée sous le titre Researchers’ Use of Academic Libraries and their Services, a report commissioned by the Research Information Network and the Consortium of Research Libraries, RIN & CURL April 2007. Selon les chercheurs cependant, le catalogue local a toujours son importance, en autant qu'il offre les solutions appropriées pour répondre aux nouvelles attentes de l'usager car celui-ci désire toujours avoir en mains et sur place ce dont il a besoin. Le catalogue local n'est plus la ressource à laquelle s'identifiait exclusivement la BU mais plutôt considéré comme un outil dans l'ensemble plus vaste des moyens offerts ou mis en place par l'institution pour accéder aux informations. L'utilisateur de la bibliothèque s'attend à voir à côté du catalogue local d'autres ressources comme les dépôts institutionnels, les bases de fichiers numérisés etc.«alongside the catalogue [he]foresees discovery systems for other collection types (the institutional repository, the digital asset repository, etc)». Parallèlement, ils s'attendent aussi à ce que le catalogue local soit relié à d'autres environnements externes comme Google ou Amazon par les fils RSS et autres.

Roy Tennant dans l'article «Demise of the Local Catalog», (LJ, july 2007)écrit que même si les systèmes intégrés de gestion de bibliothèque ne seront plus sur le devant de la scène, il est trop tôt de dire que le catalogue local doit être mis au rancart. Les usagers préfèrent encore trouver le plus possible d'informations sur un sujet ou une thématique à un seul endroit, dans une seule recherche plutôt qu'avoir à se promener à 36 endroits différents et jouer avec plusieurs interfaces. Cela est possible et selon l'auteur, plusieurs produits offrent la possibilité de sauver le temps et d'éviter les problèmes pour les chercheurs. La solution «All in one» existe, par exemple: les bibliothèques de l'Université de Washington offre une version «locale», taillée sur mesure de Worldcat.

Tous conviennent que les BUs continueront à jouer un rôle majeur dans la gestion et la conservation des ressources documentaires imprimées, numériques et autres. Les BUs doivent prendre en charge le transfert de contenu électronique des fichiers et des articles numérisés pour la communauté universitaire, de la diffusion des publications produites par ses membres, de l’entreposage des documents et de la création des bases de connaissances, de l'archivage des ressources imprimées, de l'édition des thèses, des mémoires, revues et de journaux produits par la communauté, tout cela dans un contexte de concurrence entre non seulement les universités elles-mêmes mais aussi entre les départements, facultés et services à l'intérieur de l'institution, alors que l'argent se fait rare.

Les BUs vivent sous haute pression car elles doivent aussi penser à la réorganisation des espaces de travail et de leurs services en fonction d'un environnement technologique en changement constant. Alors que les éditeurs de technologie de pointe se présentent de plus en plus comme une menace en investissant les sphères de la documentation, les BUs devront renforcer (et défendre) plus que jamais leur rôle en tant qu'intermédiaire et de médiateur entre l'information et l'usager. Les interfaces des catalogues de la dernière génération doivent être des outils de découverte, d'innovation et d'exploration vers d'autres ressources et sites. Le catalogue local étant considéré comme le seuil ou la porte d'entrée de toute bibliothèque, c'est à partir de cet outil et de son efficacité, que les services de la BU sont évalués. Car, pour gagner le coeur et le...portefeuille des bailleurs de fonds, les BUs sont placées devant l'obligation d’anticiper les besoins de leurs usagers, de créer de nouveaux modèles toujours plus innovants et d'offrir de solutions adéquates aux demandes informationnelles croissantes de la communauté universitaire.

*Quelques catalogues de la 3è génération : McMaster University Library Catalog, University of Washington Library Catalog, University of Toronto Library Catalog
par My Loan Duong, MLS,

jeudi 4 octobre 2007

Wikiscanner pour dépister ceux qui publient dans Wikipedia

Aux grands maux, les grands remèdes: Avis aux «wikipédiens manipulateurs». Développé par Virgil Griffith, un étudiant en sciences cognitives, le logiciel Wikiscanner lancé le 13 août dernier aux États-Unis permettra dorénavant d'identifier l'adresse IP de tous ceux qui modifient les contenus dans l'encyclopédie en ligne Wikipédia. L'outil permet , grâce à une base de données de 34, 5 millions de contributions anonymes d'extraire les adresses IP des wikipédiens et donc de trouver les organismes et les entreprises où elles se logent. Ces organismes et ces entreprises sont retracés grâce aux bases de données publiques comme DNS Stuff, Arin Whois.... Plus déroutant encore, il semble que des journalistes «ont repéré de nombreuses modifications mensongères faites par des organismes très officiels...» Comme quoi la prudence est toujours de mise quand on surfe sur le Net...(Source : Bases/Netsources. n.69, juillet-août 2007, p.8)

mardi 25 septembre 2007

Second life : la deuxième vie ou l'univers en 3 dimensions

Le phénomène de la Seconde Vie (Second Life) fera-t-il long feu? Certains y croient, d'autres non. Coup d'oeil sur une nouvelle tendance .

Vous avez besoin d'un terrain, d'un site pour y construire un projet que vous caressez ? Pour en faire une terrain de jeu ou une place de réunions et de rencontres avec des amis ou des collègues partageant les mêmes intérêts que vous ? À moins que vous ne vouliez bâtir votre propre univers, à votre image, sur vos propres terres . «Perhaps you have an idea for a huge project which you want to realize, and you just need a lot of open space to build. Maybe you and a group of friends and colleagues are looking for a gathering place which can expand as your community grows. Or maybe you have visions of a world under your own control, where you add land with each increase of your population»
Créé en 2003 par la firme californienne Linden Lab, le logiciel Second Life permet de réaliser tous vos rêves d'expansion et d'aventure . La seule limite à vos désirs d'expansion et à de liberté est votre imagination. Le logiciel Seconf life est un outil destiné à offrir une plateforme aux organismes ou aux individus qui veulent se contruire une autre représentation, cette fois virtuelle de leur existence. Mais avant tout, c'est un site participatif , nouvelle tendance :«C'est un monde nouveau qu'il faut apprendre à apprivoiser», résume Boris Ung, étudiant à l'Université Laval et créateur du campus de l'Université Laval installé près d'un phare, au bord d'une mer composée de codes binaires. Boris Ung a investi 250$ pour se bâtir sur le terrain du campus virtuel de l'Université Laval un espace où il expose «les travaux de création publicitaire d'étudiants en communication et propose des liens pour des cours en ligne offerts par l'institution scolaire ainsi que pour quelques publications». L'expérience de ce jeune étudiant est reporté dans la rubrique les Actualités , du journal le Devoir, samedi, 8 septembre 2007, p. a2.
http://secondlife.com/community/land-islands.php

À voir et à s'inspirer.

mardi 24 juillet 2007

Google, Wikipedia, Amazon...pour le reste , il y a le web 2.0

Quand Roy Tennant écrivait en 2003 que les catalogues locaux des bibliothèques devaient bientôt être mis au rancart, il pensait à ceci : avoir accès à tout ce qui se publie sur un sujet ou une thématique , à un seul endroit, par une seule recherche , au même endroit. La mise à la retraite des catalogues locaux était déjà amorçé.


«The End of the Romantic Library? » Tel est le titre d'un essai patu dans Smart Libaries, un bulletin de l'ALA. En fait, pour plusieurs, la bibliothèque traditionnelle représentait une certaine image assez romantique, La fin de la bibliothèque traditionnelle? «Un million (de catalogues) dans un» . Google , de plus en plus vu comme le guichet unique de l'information, serait cette source , en tout cas aux yeux de plusieurs, sinon de tous. Au cours d'un souper social, au printemps dernier, j'ai eu encore une fois l'occasion de l'entendre dire. Me trouvant placée en sandwich à côté de deux éminents professeurs d'une institution universitaire montréalaise que je ne nommerai pas, un des deux m'interpellaient par ses propos «Vous devez être contente, c'est formidable, depuis que Google existe, je n'ai plus à mettre les pieds dans la bibliothèque, quand je veux retrouver une ressource ou une information, je regarde dans google et je fais venir la ressource par le prêt»


L'informatique est passé de l'ère du « hardware lock » quand à l' ère de « software lock in » où les éditeurs de logiciels faisaient la loi pour entrer avec Internet dans une l'ère du « data lock in ». dans cette nouvelle ère, illustrée par le succès de sites comme Google, Amazon, ou eBay, ce sont les entreprises qui détiennent le plus de données qui mènent le jeu et leur principal patrimoine est constitué du contenu donné ou prêté gratuitement par leurs utilisateurs.
Lorsque vous confiez la gestion de vos mails à Google, que vous publiez un commentaire ou faites un simple achat sur Amazon, que vous confiez vos photos à Flickr ou vos signets à del.icio.us, vous vous liez à ce site de manière d'autant plus durable qu'il ne vous propose généralement pas de moyen simple de récupérer vos données et vous échangez un service contre un enrichissement des données qu'il gère.
De nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer la « fausse liberté » offerte par le Web 2.0 face à laquelle les utilisateurs doivent rester vigilants :
en n'échangeant leurs données que contre des services réels,
en examinant les conditions d'utilisation des sites pour connaître les droits qu'ils cèdent en échange de ces services,
en exigeant des moyens techniques qui leur permettent de récupérer ces données en s'appuyant sur des standards ouverts.
Mais encore?
Que faut-il retenir de tout cela?
Le Web 2.0 est avant tout un terme un peu vague qui regroupe le web tel qu'il se dessine en ce moment même.
Comme toute évolution, il comporte une part de risques techniques, ergonomiques, financiers et de protection de la vie privée.
Au-delà de l'aspect marketing du terme qui irrite les puristes, il traduit un formidable bouillonnement d'idées, de pratiques et de nouvelles utilisations.
Le fait même que son contour soit encore flou montre que tout est encore ouvert et que le web continue à faire la part belle aux initiatives personnelles.
Le message du Web 2.0 est un message d'espoir.
Références
Sur le web
Définitions du Web 2.0 par Wikipédia [en français] [en anglais]
Le Web 2.0 vu par Paul Graham (en anglais)
Thèse de Roy Fielding (en anglais)
Analyse de Rob Hof (en anglais)
Une fausse liberté par François Joseph de Kermadec (en anglais)
Et sur XMLfr
Le W3C annonce deux nouveaux groupes pour les clients Web riches (brève)
Qu'est-ce que le Web 2.0? (brève)
Orbeon met de l'Ajax dans PresentationServer (article)
Sortie de Cocoon 2.1.8 (brève)

Ces exemples sont intéressant dans la mesure où Wikipédia, les blogs, les wikis ou les systèmes de « tagging » utilisent généralement très peu des technologies citées comme étant celles du Web 2.0.
Ils illustrent ce que Paul Graham n'hésite pas à appeler le principe de « démocratie » du Web 2.0.
Ce principe de démocratie n'est rien d'autre que la reconnaissance du fait que le réseau Internet tirera tout son potentiel du réseau humain formé par ses utilisateurs. Au réseau technique doit donc se superposer un réseau humain et ce réseau humain doit participer à l'élaboration de son contenu.Ce n'est pas non plus une découverte puisqu'en 2000 Edd Dumbill lançait déjà WriteTheWeb, un site d'information destiné à encourager un web accessible en lecture et écriture qui remarquait que "le courant s'inversait" et que le web n'était plus à sens unique.
Cet effet réseau était également le fil conducteur de la séance plénière d'ouverture de Tim O'Reilly à la conférence OSCON 2004, un an avant de devenir le volet social du Web 2.0.
L'autre définition
Avec un volet technique et un volet social, le Web 2.0 ne risque t-il pas d'apparaître quelque peu dépareillé et de ressembler à un rassemblement hétéroclite de nouveautés?
Si ces deux volets avaient été introduits dans l'ordre inverse, on pourrait voir dans le volet technique une conséquence du volet social, le caractère collaboratif des applications Web 2.0 justifiant le recours à des technologies favorisant plus d' interactivité.
Cette analyse a posteriori exclurait du Web 2.0 des sites comme Google Maps généralement considérés comme l'exemple type du Web 2.0.
Paul Graham tente de concilier ces deux volets en proposant la deuxième définition que je retiendrai ici :
"Le Web 2.0 c'est utiliser le web comme il a été conçu pour être utilisé. Les « tendances » que nous distinguons sont simplement la nature inhérente du web qui émerge des mauvaises pratiques qui lui ont été imposées pendant la bulle [Internet]"
Cette nouvelle définition du Web 2.0 n'est pas sans rappeler d'autres grands « buzzwords » et slogans liés à Internet :
La devise du W3C est « Leading the Web to Its Full Potential... » ce que l'on pourrait traduire par « tirer du Web tout son potentiel ». Ironiquement, le Web 2.0 se fait pour le moment sans le W3C avec des technologies dont une grande partie est spécifiée par le W3C et il est tentant de voir dans la création récente d'une activité « clients web riches » une tentative rejoindre un train en marche.
Les Services Web sont une tentative pour rendre le web accessible aux applications, ce qu'il aurait toujours du être.
Le Web Sémantique, grand absent du Web 2.0, est pourtant le Web 2.0 vu par le créateur du Web 1.0.
REST est la description des interactions techniques entre clients et serveurs telles qu'elles doivent être pour être efficace sur le web.
XML est une adaptation de SGML pour faciliter l'échange de documents sur le web, ce qui aurait du être possible depuis le début (HTTP a été conçu avec cette préoccupation).
...
Ici encore, le Web 2.0 s'inscrit dans la continuité des « little big bangs » du web qui l'ont précédé

mercredi 11 juillet 2007

Sur la redocumentarisation

Au cours du débat électoral télévisé au printemps 2007 opposant les candidats à la présidence, Nicolas Sarkozi et Ségolène Royal, un échange a porté sur l’âge du réacteur nucléaire ERP. Contredisant son adversaire, Ségolène Royal soutenait qu’il s’agissait de la 3è génération du réacteur. Dans les minutes qui suivirent le débat, un internaute consulte l’article sur le réacteur en question publié sur l’Encyclodédie Wikipédia et constate que des corrections ont été apportées dans le texte. Pour donner raison à son candidat, un partisan de Nicolas Sarkozy a gommé le chiffre 3 pour le remplacer par le chiffre 4 ! S’en suit un chassé-croisé de corrections des partisans des deux bords. Au total : entre la soirée du débat et le lendemain à midi, «l’encyclopédie a connu une cinquantaine de modifications entre mercredi soir et jeudi midi. Deux fois plus qu’en un mois ! ».

Ces faits nous font penser à cet autre cas de redocumentarisation illustré par l’affaire Steigenthaler qui a donné lieu à une poursuite contre Wikipédia pour diffamation en 2005. Ils ont été relatés dans la revue en ligne Écrans par Denis Delbecq. Dans le prolongement de l’affaire EPR évoqué aussi par Olivier Ertzscheid, maitre de conférence à l’Université des sciences sociales de Toulouse, Jean-Michel Salaün, directeur de l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’Université de Montréal nous livre sur son blogue ses réflexions sur la notion de la re-documentatisation en le situant dans le contexte de du numérique.

D’abord, qu’entendons-nous par «documentariser»? C’est, selon Jean-Michel Salaün, «ni plus ni moins que le fait de traiter un document», c'est-à-dire le cataloguer, le synthétiser, l’indexer pour le renforcer. L’objectif de la documentarisation est d’optimiser l’usage d’un document afin de permettre un meilleur accès à son contenu et une meilleure mise en contexte. En redocumentarisant un texte, l’usager renforce son utilisation par le réarrangement des contenus sémiotiques. Ce réarrangement couvre deux dimensions. La dimension interne consiste en l’extraction de morceaux musicaux, par exemple, pour les ré-agencer avec d’autres ou encore l’annotation en marge d’un écrit. La dimension externe implique la reconstitution d’un ensemble d’archives ou d’un fonds privé par le reclassement des ressources selon une logique d’associations. Sur le Web, les possibilités de redocumentisation sont décuplés et même les documents traditionnels, retransposés numériquement acquièrent cette plasticité propre aux documents numériques qui leur confère une nouvelle dimension reflétant, pour reprendre J-M Salaün, «une organisation post-moderne de notre rapport avec le monde».

Cependant, souligne J-M Salaün, la redocumentarisation ne constitue pas une rupture même si la transformation du document est telle qu’on peut se demander s’il s’agit toujours de la même entité. Les exemples de redocumentarisation, même déviantes, comme dans les cas mentionnés, montrent que la valeur de preuve intrinsèque à toute ressource reste présente puisque la falsification est retraçable et que les interventions successives peuvent l’enrichir autant qualitativement par l’ajout des sources référencées et que quantitativement par les discussions.

Dans une perspective plus globale, cette évolution de la nature du document s’inscrit dans l’évolution même des techniques de l’écrit et de l’organisation documentaire en relation avec le social. Et si changement de paradigme il y a, il s’inscrit, plutôt dans la continuité des quatre âges de l’imprimé définis par A. Marshall qui sont l'âge du livre (Gutenberg au 19è) suivi par l'âge de la presse (19è) puis l'âge de la paperasse (20è) pour aboutir à cette époque dans laquelle nous évoluons, l’âge des fichiers, dont les figures marquantes sont T. Berners-Lee et T. Nelson

Par My Loan Duong, MLS, Bibliothèque de bibliothéconomie et des sciences de l’information, 22/06/07. Corpo Clip , bulletin n.172 - août 2007 à octobre 2007, p.13



jeudi 14 juin 2007

L'affaire Steigenthaler, Wikipédia et les usages déviants de l'internet

Tout le monde connait Wikipédia, cette encyclopédie ouverte et gratuite créée en 2001 par Jimmy Wales, dans la mouvance de la philosophie Internet: n'importe qui peut créer le contenu et publier les textes. Cette absence de droit d'auteur a fait craindre pour la qualité des écrits et la fiabilité des auteurs. Crainte injustifiée, selon d'autres, qui dans une recherche publiée dans le magazine Nature soutiennent que sur le plan de la qualité, les articles publiés dans Wikipedia sont aussi crédibles que ceux de l'Encyclopedia Britannica. L'affaire Steigenthaler remet en question ce point de vue.
Au départ, c'était juste un blague, pas très subtile ( est-il utile de le souligner?) que Brian Chase de Nashville au Tennessee, en mai 2005, voulait faire à un collègue de travail. Elle remonte à mai 2005, quand Brian Chase trouve dans Wikipedia un article sur John Seigenthaler Sr, journaliste connu et ex-rédacteur en chef du journal The Tennessian de Nashville. Il le réédite, en ajoutant que ce notable est impliqué dans les assassinats de John et de Robert Kennedy. Six mois plus tard, en octobre 2005, Steigenthaler, par un hasard quelconque, prit connaissance de l'écrit. Il contacta alors Jimmy Wales pour dénoncer cette fausseté à son endroit . Le fondateur de Wikipedia accepta de retirer la biographie de la dernière mise à jour et des mises à jours antérieures qui étaient aussi disponibles sur le Web, la politique de Wikipedia étant de laisser accessibles toutes les versions. Cependant, quand Seigenthaler voulut connaître l'identité de l'auteur de ces faussetés pour exiger réparation, il subit une autre frustration: Wikipedia ne pouvait que lui fournir l'adresse IP de l'usager.
Outré, Seigenthaler relata sa mésaventure dans un article que USA TODAY publia le 30 novembre 2005 sous le titre : "A false Wikipedia 'biography' ; This is a story of how vandals, hiding behind federal privacy laws, can use the highly popular, free online encyclopedia to attack fellow citizens. It could happen to you" .
C'est que le droit américain fait la différence entre les éditeurs et les fournisseurs de service. À l'instar de AOL, Amazon, Yahoo, etc..., Wikipédia n'est pas considéré comme un éditeur mais un fournisseur de services car l'encyclopédie est ouverte et n'importe quel utilisateur peut y éditer des textes. N'étant pas considéré comme un éditeur, Wikipedia est donc protégé contre les poursuites en diffamation ( Article 230 du Communications Decency Act) . D'autre part, la responsabilité de Wikipédia en tant qu'organisation ne peut être invoquée ici puisque les faussetés sont l'oeuvre des internautes c'est à dire d'individus et que le propos diffamatoire n'étant pas connu d'avance, la compagnie n'en est pas responsable. Échaudées par l'expérience de Steigenthaler, un regroupement des personnes ayant été l'objet de diffamations sur Internet crée un site pour inviter ceux qui ont été l'objet de préjudices semblables à se joindre à eux et intente un recours collectif contre Wikipedia et d'autres sites similaires. Le groupe réclame que ces fournisseurs de services assument la responsabilité légale de leur contenu. Les chances de succès de cette poursuite? Pratiquement nulle, disent les experts.Car Wikipedia se définissant comme "fournisseur de services informatiques interactifs" ne peut être poursuivi pour les actes diffamatoires des internautes pris individuellement. Un peu plus tard, Brian Chase admit publiquement être l'auteur de la fausse biographie et présenta ses excuses à Seigenthal dans un texte publié par USA TODAY en décembre 2005. Entre temps, pour limiter les dégâts, le créateur de Wikipedia Jimmy Wales changea la politique d'accès à l'édition des informations sur Wikipedia. Désormais seuls les usagers dûment "enregistrés" peuvent changer le contenu.
Palliatif ou règlement provisoire qui ne résoud pas le problème de fond et qui laisse entière la question de la responsabilité des pollueurs d'internet.

* Une équipe d'experts mandatés par la revue Nature a comparé la véracité des informations dans Wikipédia avec Encyclopaedia Britannica a constaté que le nombre d'erreurs ou d'omissions trouvées dans Wikipédia sont sensiblement semblables à celles trouvées dans l'encyclopédie britannique. Sur 42 entrées , les experts ont décelé 4 erreurs dans Wikipédia contre 3 dans Britannica et au niveau des omissions ou erreurs ils ont retracé 162 contre 123 pour Britannica. Wikipédia étant une encyclopédie ouverte, le phénomène d'autorégulation entre les auteurs-lecteurs a contribué à améliorer le contenu, une information fausse mise par un visiteur se trouvant corrigée par un autre visiteur.

Bibliographie:
Don't blame character smear on Wikipedia; [FINAL Edition] USA TODAY. McLean, Va.: Dec 9, 2005. pg. A.22 Column Name: Letters Section: NEWS ISSN/ISBN: 07347456
It's online, but is it true? ; Misinformation undermines freewheeling Wikipedia; [FINAL Edition] Janet Kornblum. USA TODAY. McLean, Va.: Dec 7, 2005. pg. D.7
A false Wikipedia 'biography' ; This is a story of how vandals, hiding behind federal privacy laws, can use the highly popular, free online encyclopedia to attack fellow citizens. It could happen to you.; John Seigenthaler. USA TODAY. McLean, Va.: Nov 30, 2005. pg. A.11
Author of false Wikipedia biography apologizes ; Nashville man sends letter to journalist, says entries were intended as 'a joke'; Susan Page. USA TODAY. McLean, Va.: Dec 12, 2005. pg. A.4
La contreverse Wikipedia par Jérémie Lavoie et Amir Nakhjavani dans Le Pigeon Dissident: le journal des étudiantes et des étudiants de la Faculté de droit de l'Université de Montréal. vol.29, n. 5, 24 janvier 2006, pp: 1-2

Mots-clés: Droits d'auteur; Propriété intellectuelle; Diffamation- Internet; Wikipedia:

jeudi 7 juin 2007

«To Google », «To Wilf » : enrichissez votre vocabulaire informatique anglais!

Depuis son apparition, il y a un an, dans le Merriam-Webster et dans l'Oxford English Dictionary, comme le mouchoir-papier Kleenex, «to Google» est devenu un terme générique et entré comme dans l'usage courant pour décrire le fait de chercher dans la Toile et ce, sans distinction du moteur utilisé. Voilà un nouveau verbe donc dans l' anglais courant, «to google», à noter dans le jargon de l' internet. Autre phénomène très «in» , l'expression «to wilf» qui veut dire en français le fait de ne plus savoir ce qu'on voulait chercher. Cet acronyme des premières lettres de «What Was I Looking For?» illustre l'action de flâner dans l'internet et de se promener au milieu des sites sans savoir pourquoi on est entré dans la toile et ce qu'on venait y chercher. cette habitude est semble -t-il bien ancrée dans les moeurs contemporaines puisqu'une étude réalisée en Angleterre auprès de 2400 internautes montre que le quart des visiteurs consacrent plusieurs journées par mois à faire du «wilf» , c'est à dire à explorer les sites d'actualité, de voyages et autres sans but précis. ( tiré de NETSOURCES , n. 67, mars-avril 2007).
My Loan Duong, MLS

830 dépôts d'archives en ligne : OpenDao et un wiki en bibliothéconomie et en sciences de l'information: Bibliopedia

Deux nouveaux liens déposés sur le site de la BBSI dans la rubrique Ressources documentaires :
OpenDoa , un répertoire qui recense 830 dépôts d'archives est hébergé par l'Université de Nottingham (Grande-Bretagne) avec la collaboration de l'université de Lund ( Suède), le CURL (Consortium of Research Libraries), l'OSI (Open Society Institute) , le JISC (Joint Information System Comittee) et le SPARC Europe (Regroupement des bibliothèques européennes). Pour assurer la qualité des sites, chaque dépôt sélectionné est testé et évalué par l'équipe éditoriale afin de répondre aux besoins du milieu universitaire et de la recherche. (Source: NetSources, n.65, novembre-décembre 2006, p.13)
Et Bibliopedia, un wiki spécialisé en bibliothéconomie et en scineces de l'information, lancé en 2006 par le conservateur de la médiathèque du Perreux-sur-Marne, David Liziard. Bibliopedia est le premier wiki francophone en bibliothéconomie. Conçu avec la même interface que Wikipedia, connu maintenant à l'échelle planétaire, Bibliopedia est un web collaboratif . Sa vocation : "de compléter le portail Sciences de l'information de Wikipédia, en permettant une approche plus pratique, sans l'aspect encyclopédique". Dans Bibliopedia, on trouve des articles sur les métiers des sciences de l'information, l'histoire du livre et de l'information, les pratiques professionnelles des bibliothécaires, des archivistes, de documentalistes, le catalogage, l'indexation, le développement des collections, la diffusion de l'information, l'organisation des ressources documentaires, le marketing des services, la gestion des services et des institutions, l'informatique documentaire, de sites reliés à la profession, des revues professionnelles en ligne, des listes de diffusion et des "biblioblogs". Tous les bibliothécaires du monde francophone sont invités à partager leurs expertises et de contribuer à faire de ce wiki un outil collectifs de partage de connaissances et des (bonnes) pratiques en bibliothéconomie. (Source NetSources, n. 65, novembre-décembre 2006, p.9)
Publié par My Loan Duong, MLS, McGill University à l'adresse 12

Web 2.0 : The Machine is US/ing Us

L'utilisation des ressources documentaires dans les bibliothèques est de plus en plus tributaire de la notion d'appropriation du contenu. La relation entre l'utilisateur et le document s'est transformée avec les outil Web 2.0. qui permettent aux usagers de prendre possession de l'information et des connaissances, de les utiliser et les enrichir par le fait même. Ce vidéo réalisé par Michael Wesch, professeur d’anthropologie et d'ethnographie culturelle Kansas State University et spécialiste des comportements humains à l'ère de la digitalisation et de l'immédiat au Web 2.0 : The Machine is Us/ing US, est très belle illustration de l'appropriation de l'information et des connaissances grâce aux nouvelles technologies et de la plasticité du document numérique.

jeudi 10 mai 2007

Jean-Michel Salaün , directeur de l'EBSI : personnalité de l'INFODOC

Jean-Michel Salaün , directeur de l'École de bibliothéconomie et des sciences de l'information de l'Université de Montréal parmi les personnalités de l'infodoc 2007 nommées par les lecteurs de la revue Archimag
Archimag. Paris. Bimestriel, 1986-fév. 1989;mensuel, mars 1989- Fait suite à Archibald magazine. "Le magazine de la documentation et de l'archivage". ISSN: 07694547. no.200 (DEC/JAN:2006/2007) pp 5-10 Les lecteurs de la revue Archimag ont nommé Jean-Philippe Accart (directeur du service de recherche de la Bibliothèque nationale de Suisse à Berne), Anne-Marie Bertrand (directrice de l'École nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques, Enssib, Lyon), Jean-Noël Jeannerey (président de la Bibliothèque nationale de France), Jean-Michel (consultant en management de l'information-documentation-connaissance et vice-président de l'Association pour l'analyse de la valeur) et Jean-Michel Salaün, directeur de l'École de bibliothéconomie et des c sciences de l'information de l'Université de Montréal (EBSI), personnalités de l'infodoc de 2007. Dans le numéro de janvier de cette année, ils font avec Bruno Texier un tour d'horizon sur le nouveau rôle des "professionnels de l'infodoc", sur les faits les plus significatifs qui ont marqué le milieu de l'information au cours de ces dernières années et sur l'avenir des bibliothèques et de l'infodoc. Pour tous, cette reconnaissance en tant que professionnels de l'infodoc prouve que bibliothécaires, archivistes, documentalistes, ont su relever avec brio les défis des changements technologiques: "la profession, dans son ensemble, n'est pas à côté de ce qui se passe, elle est dedans" selon Jean-Philippe Accart. Tandis qu' Anne-Marie Bertrand qui se considère plutôt comme bibliothécaire déclare être autant surprise qu'honorée d'être reconnue comme professionnelle de l'infodoc, Jean-Noël Jeanneney, en tant président de la BNF, y voit une reconnaissance "de la présence des bibliothécaires comme médiateurs et leur capacité d'adaptation à de nouveaux médias". Jean Michel, issu lui, de l'École nationale des ponts et chaussées pense que "le domaine et le milieu sont suffisamment réceptifs , ouverts et dynamiques pour accepter la synergie des forces et développer des mécanismes d'innovation". De plus en plus dans les années à venir, le management de l''information et de la documentation sera une affaire de management tout court. Tous sont préoccupés par la vitesse et l'ampleur des changements.La formation des professionnels doit suivre "l'évolution des services et produits en fonction des besoins des utilisateurs " selon Jean-Philippe Accart qui observe aussi une plus grande diversification des tâches. Pour Anne-Marie Bertrand, directrice de l'École nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques (ENSSIB), les bibliothèques publiques comme les bibliothèques universitaires subissent les effets de la "fragmentation de l'espace public", avec les blogs, les wikis, etc. Il s'agit maintenant "de savoir prendre en compte cette irruption de l'espace privé dans l'espace public" à défaut de quoi "on risque d'être confronté à une bouillie intellectuelle". La numérisation est au coeur des projets pilotés à la Bibliothèque Nationale de France avec la création d'une bibliothèque numérique européenne pour préserver, valoriser l'histoire et la culture européenne et ouvrir le plus possible l'accès de ces collections au public. Pour Jean Michel, consultant en management de l'information-documentation-connaissance, il s'agit de "changer radicalement le périmètre de l'intervention professionnelle" et "sortir du centre de documentation, champ qui ne représente qu'une infime parcelle de u système informationnel" Finalement selon Jean-Michel Salaün , il est "hasardeux de prévoir, tellement les changements vont vite". Les nouveaux modèles d'organisation documentaire qui vont émerger doivent tenir compte de ce déplacement des frontières entre le public, le collectif et le privé, dans le cadre d'une nouvelle régulation d'ordre juridique et technique. Cette nouvelle approche de la gestion de la mémoire dans un "environnement en révolution technique" doit se faire dans un contexte où la prochaine génération des professionnels de l'infodoc devra tenir en compte des effets de la mondialisation et de la diversité culturelle dans "toutes ses dimensions de patrimoine documentaire et des pratiques d'échange s de documents de toutes sortes". Enfin, le directeur de l'EBSI est convaincu que "les archivistes, bibliothécaires et documentalistes conserveront la responsabilité de mettre de l'ordre dans le chaos" et que "de nouveaux modèles d'organisation documentaire vont se construire"
Bibliographie:
Jean-Philippe Accart : Le métier de documentaliste / Jean-Philippe Accart et Marie- Pierre Réthy. Éditions du Cercle de la librairie, c2003.451 p. ISBN 2765408726. Z 669.5 F7 A23 2003 Guide pratique : acquérir et exploiter ses bases de données en ligne / Paris : Serda, 2004.49 p. : ill. en coul. Collection Archimag, [Hors-série], 1242-1367 Archimag. Hors-série. QA 76.9 D32 G85 2004 Anne-Marie Bertrand : Les publics des bibliothèques / Anne-Marie Bertrand. Centre national de la fonction publique territoriale (France). Paris : Éditions du CNFPT, 1999. 77 p. ISBN 2841431541. Z 711 B478 1999 Les bibliothèques / Anne-Marie Bertrand. Nouv. éd. Paris : Éditions La Découverte, c2004. 123 p.ISBN 2707143340. Z 797 A1 B469 2004

Planification stratégique et plan d'action : voués à l'échec?

Dans Grandeur et décadence de la planification stratégique* ; traduit de l'américain par Pierre Romelaer. Réédition. Paris : Dunod, c2004. 455 p. ISBN 2100082612 ( Autre titre: The rise and fall of strategic planning. HD 30.28 M5612 2004 ) Henry Mintzberg, professeur en management à l'Université McGill, deux fois lauréat du McKinsey Award pour les meilleurs articles publiés dans le Harvard Business Review, commence sa réflexion par cette phrase de Woody Allen: « J'étais dans mon lit bien chaud et soudain, je fais partie d'un plan stratégique». Sur la planification stratégique à française, le célèbre professeur avoue qu'il a des idées toutes faites comme il dit et s'il adore la France, il aime moins sa façon de concevoir la planification stratégique. Car, pour Henry Mintzberg, la planification stratégique, programmée selon la logique cartésienne est souvent vouée à l'échec.
Devant la quantité de « verbiages et autres insignifiances » qu'il a dû ingurgiter avant de pouvoir extraire de toute cette littérature, la « petite parcelle d'or ou de vérité » qui lui a permis de terminer sa réflexion sur une note positive, le professeur Mintzberg propose une nouvelle vision de la planification stratégique. les erreurs fondamentales de la planification stratégique et propose une nouvelle réflexion sur la stratégie et la planification ainsi qu'un nouveau rôle pour la planification et les planificateurs. D'abord parce que ce qui est planifié pour demain est déjà trop tard. Si d'emblée le principe même de la planification, au départ ne peut être qu'une bonne chose (qui pourrait se déclarer contre la vertu?), l'examen et l'analyse des modèles de base de la planification stratégique du chapitre 2, l'amènent aux réflexions dans le chapître 3 intitulé " Quelques pièges réels de la planification" à examiner de quelle manière "certains planificateurs peuvent être tout aussi mauvais que les universitaires" ((:-)). Le chapitre 4 traite des travers les plus caractéristiques qui guettent les planificateurs : d'abord l' "obsession du contrôle" qui est en fait l' "illusion du contrôle" (comme exemple, il cite le roi dans le Petit Prince de Saint-Exupéry qui prétend avoir le pouvoir de commander au soleil quand se lever et quand se coucher ...mais seulement à certaines heures de la journée). En passant, Mintzberg refute cette référence fréquente à la "turbulence des temps présents" (pourquoi notre époque serait-elle plus importante que d'autres?) qui permettrait tout simplement à certaines personnes à l' "égo enflé de se sentir importantes". Dans le chapitre 5 intitulé Les erreurs fondamentales de la planification stratégique, l'auteur constate que la planification n'est pas nécessairement payante et qu'il y a des organisations qui ne conviennent pas tout simplement à ce genre de planification. Il note que la tendance à adopter des comportements de type politique peut nuire aussi à la mission même de l'organisation. Le fait que la planification renforce le pouvoir central situé au sommet de l'organisation risque de promouvoir un seul point de vue et d'entraîner un sentiment de découragement et de démotivation de la part des salariés et des planificateurs eux-mêmes. La formalisation des prédéterminations est une opération difficile et les résultats peuvent être bien en deçà des attentes. Enfin, après avoir rappelé qu'il y a différentes formes d'organisations, celles dont la configuration relève de l'organisation professionnelle (universités, sociétés d'ingénierie, hôpitaux) et celles qui relèvent d'une structure mécaniste traditionnelle, qui exigent chacune une approche différente, le professeur Mintzberg présente dans son dernier chapitre (6), une nouvelle conception des rôles de la planification.
Un bel ouvrage de philosophie de la gestion écrit par un économiste

Henry, 1939: Grandeur et décadence de la planification stratégique ; traduit de l'américain par Pierre Romelaer. Réédition. Paris : Dunod, c2004. 455 p. ISBN 2100082612. Autre titre: The rise and fall of strategic planning. HD 30.28 M5612 2004

mercredi 9 mai 2007

Services WEB pour les SIGB: H-Net Reviews, une base de données dans la mouvance du WEB 2.0

Depuis le début des années 2000, les technologies basées sur des normes web ont changé les pratiques des bibliothèques et dans la mouvance des outils interactifs, on assiste à la naissance des SIGB de plus en plus robustes qui doivent pouvoir offrir maintenant des services «sur mesure» aux usagers. L'émergence d'applications dont la fonction est de faire communiquer les modules et les données entre eux , connus sous le nom d'intégrateurs, a un impact sur les portails internet des bibliothèques pour une visibilité accrue.
Voici deux exemples concrets pour illustrer en quoi consistent les services WEB pour les SIGB :
Une revue savante de références bibliographiques sur la documentation en sciences humaines et sociales a été lancée dernièrement sous forme d'un site interactif, H-Net Reviews (ISSN 1538-0661) à la Bibliothèque du Congrès. Sous la responsabilité de Patricia Rogers qui agit à titre d'éditrice intellectuelle, ce périodique en ligne publie les revues et comptes-rendus de lecture des ouvrages disponibles à la LC d’une équipe composé de chercheurs et de bibliothécaires de la LC. Le lien à la revue est déposé dans le catalogue Atrium sous le titre H-Net Reviews in the Humanities and Social Sciences .

Avec cette revue savante en ligne (ISSN 1538-0661) la Bibliothèque du Congrès, une des plus grandes bibliothèques du monde veut apporter "une valeur ajoutée à son immense collection et contribuer ainsi à pourvoir les chercheurs d'un outil de références bibliographiques susceptibles de faciliter et d’augmenter l'accès aux ressources documentaires savantes ("to enrich access to scholarly materials via the Library of Congress Online Catalog http://catalog.loc.gov/"). Cette rubrique de la LC est assumé par le groupe" Bibliographic Enrichment Advisory Team (BEAT)"composé de bibliothécaires et spécialistes de divers horizons. Les sources référencées sont liées aux ressources documentaires, de toute nature, imprimées et autres, déposées dans le catalogue de la LC, permettant ainsi d'augmenter considérablement l'accès et la consultation immédiate aux informations. Les revues portent sur les publications disponibles à la LC et couvrent un éventail d'ouvrages, de travaux dans les disciplines en sciences humaines et sociales. Ces comptes-rendus comportent des liens hyperliens aux mots-clés (auteurs, titres, sujets) et aux autres bibliographies ou thématiques en rapport avec la recherche disponibles dans le catalogue de la LC. (À noter que cette revue en ligne est déposée dans le catalogue Atrium des bibliothèques de l'UdeM) .
Ce type de service WEB n'est cependant pas possible dans les bibliothèques de l'UdeM car les données du catalogue Atrium ne sont encore pas manipulables dans d'autres environnements WEB, les technologies n'étant encore développés et implantés à cet effet. La communication entre certaines applications n'est pas encore possible, contrairement aux SIGB d'autres bibliothèques universitaires nord-américaines (voir la chronique: Sur les traces de l'UH, les bibliothèques à l'ère du WEB 2.0). Il est impossible de faire un lien direct entre certaines applications avec les données du catalogue Atrium, comme échanger des informations avec les fournisseurs ou les libraes ou avec le registrariat, ou proposer des interfaces de recheches dans le catalogue à partir des pages web des professeurs iou des départements et facultés, etc.... Un petit exemple: à cause de l'absence de la mise en place de fils rss pour relier les deux applications, les comptes-rendus et les titres des monographies faisant l'objet de revue dans la rubrique «Lus et notés pour vous par votre bibliothécaire» alimentée par votre bibliothécaire depuis l’été 2005 ne peuvent être intégrés, par exemple à la bibliographie ou dans la page web de l'usager ou dans son cours car les données entre le catalogue et la page web de la revue ne sont pas intégrables.

Pour terminer, laissons la parole aux spécialistes pour vous éclairer sur les concepts des services web pour le SIGB

Les SIGB et les services WEB:

«Les Web services sont des technologies basées sur les standards du Web qui permettent à des applications de dialoguer entre elles. Ils fournissent un cadre pour trouver, décrire et exécuter ces applications.
Les caractéristiques des Web services.
Web based : les Web services sont basés sur les protocoles et les langages du Web, en particulier HTTP et XML (tout comme le Web lui-même s’appuie sur les protocoles d’Internet en particulier TCP/IP : c’est une « couche » supplémentaire).
Self-described, self-contained : le cadre des Web services contient en lui-même toutes les informations nécessaires à l’utilisation des applications, sous la forme de trois fonctions : trouver, décrire et exécuter. Il est donc nécessaire pour faire fonctionner un cadre de Web services de disposer d’un annuaire des applications disponibles, d’une description du fonctionnement de l’application, et d’avoir accès à l’application elle-même.
Modular : les Web services fonctionnent de manière modulaire et non pas intégrée. Cela signifie qu’au lieu d’intégrer dans une seule application globale toutes les fonctionnalités, on crée (ou on récupère) plusieurs applications spécifiques qu’on fait intéropérer entre elles, et qui remplissent chacune une de ces fonctionnalitésSource: Web Services et bibliothèques



Sur les traces de l'UH, les bibliothèques à l'heure du Web 2.0

Les bibliothèques de l’Université Houston au Texas à l'heure du Web 2.0



















Résolument tournées vers l'avenir, les bibliothèques de l’Université Houston (UH) présentent leur nouveau site Web. Coup d’œil sur le nouveau paysage virtuel des bibliothèques de l'UH et retour sur un chantier réussi
La version 2.0 du site des bibliothèques de l’Université de Houston au Texas a nécessité cinq années de travail intensif mais depuis son lancement au début de 2006, le nouveau portail a suscité beaucoup d’intérêt de la part de la communauté universitaire et de nombreux commentaires élogieux. Espace virtuel d’interaction et de réciprocité, plateforme ouverte à la recherche, autant qu'à la création, la diffusion et la publication de l'information, le site offre une panoplie d'outils associés à la technologie du Web 2.0. Dans le document UH Libraries Strategics Directions 2006-2010, le Comité qui a piloté les travaux de construction du nouveau site retrace les étapes marquantes du processus et présente la vision et les principes qui sont à la base de ce service Web des bibliothèques de l’Université de Houston. Comment le projet a-t-il été mené? Quelles sont orientations qui ont prévalu dans la conduite de ce projet ? Quels outils ont-ils été choisis? Pourquoi et comment?

Un projet mobilisateur et rassembleur: analyse des forces et des faiblesses, examen des opportunités et des menaces (SWOT Analysis)
Le chantier a commencé avec une étude environnementale pour identifier les forces et les faiblesses ayant trait aux facteurs internes dont les services, le climat organisationnel, le mode de gestion, la culture de l’organisation et les ressources humaines et financières disponibles. L’étude des opportunités et l'analyse des menaces émanant de facteurs externes ou sociaux notamment sur l'implication et le soutien de la communauté universitaire au projet avec en tête cet élément capital à tenir en compte: la participation de tous et de chacun ( la communauté est-elle prête à embarquer?) et des ressources matérielles et technologiques (infrastructures, réseaux, services) disponibles ou susceptibles d'être allouées ont ensuite permis de déterminer de la faisabilité du projet et dégager un portrait de la situation afin préparer le plan directeur pour la construction du site web 2.0 de l'UH.

Vision et énoncé des objectifs
S'alignant sur les grandes orientations de l'UH pour réaliser leur mission, les bibliothèques de l'UH entendent renforcer leur rôle comme élément vital et moteur intellectuel et documentaire de l'Université de Houston. Pour ce faire, elles veulent tirer profit des avancements technologiques pour promouvoir l'excellence dans l'enseignement et la recherche sur le campus selon les objectifs définis à partir du mot d'ordre est Anticiper. Pour cela, les bibliothécaires font i usage des outils de la génération du WEB 2.0 pour rejoindre les usagers, proposer des nouveaux services pour permettre des usagers de découvrir, créer et partager les connaissances.
.
Concrètement, la bibliothèque veut:
  • Offrir un espace d'interaction avec l'usager et faire de sorte qu'il puisse intervenir à toutes les étapes du processus documentaire dans un esprit de collaboration et de découverte mutuelle.

  • Se positionner comme un partenaire incontournable dans la vie académique des étudiants, des départements, des facultés et de la communauté.

  • Repousser plus loin le rôle et les fonctions de la bibliothèque en tant que vitrine, dépositaire et diffuseur de toutes les ressources documentaires de l'UH
  • Création d’un Comité directeur chargé de la planification stratégique du projet (Strategic Directions Steering Committee)
    Afin de créer un climat organisationnel propice aux échanges et rallier la communauté universitaire autour de ce projet, un vaste programme de communication à l’échelle du campus a été mis en place. Le comité chargé de préparer les grandes lignes du plan directeur et de piloter les opérations, composé de huit membres du personnel des bibliothèques de l'UH, sert aussi de mécanisme de liaison et de courroie de transmission entre les besoins exprimés par la communauté et les responsables du projet. Tous les types de collaboration et d’investissement nécessaires à la conduite et l’exécution du mandat sont sollicités afin d'assurer le consensus le plus large possible pour la préparation et la mise en oeuvre du plan d'action.
    Menées par le Comité directeur, les consultations à l'échelle horizontale et verticale auprès du personnel des bibliothèques, des responsables des départements et des facultés, des étudiants de tous les niveaux ont permis de présenter un premier canevas de réflexions qui ont servi de points de départ pour dégager des pistes d’action. Les idées retenues sont mises à l’épreuve dans le cadre d'une recherche-action pour tenir compte de la faisabilité de chaque proposition. Afin que les personnes consultées soient informées du suivi de leurs propositions, les comptes-rendus des rencontres et des sessions de travail ainsi que les rapports sur l'avancement du projet sont régulièment transmis par le Comité directeur, chargé de veiller à l'exécution des travaux, aux membres de la communauté tout au cours des travaux. Cette vaste consultation a permis de dégager le portrait du futur site des bibliothèques qui devrait reposer sur les principes suivants:

    • Promouvoir l’accès et le transfert de l’information ainsi que la collaboration à tous les niveaux sur la règle du «faire savoir» selon laquelle tout ajout contribue à l'enrichissement des connaissances

    • Offrir les outils, les ressources et les services susceptibles d’accéder au savoir, de créer la connaissance et d'enrichir le contenu pour faire en sorte que les bibliothèques puissent exercer le plus efficacement possible leur rôle de partenaire dans le processus d’enseignement et d’apprentissage

    • Servir de plateforme électronique pour l’accès, la création et la publication des communications savantes produites par les membres de la communauté de l’Université
    Un logo a été créé pour le site des bibliothèques de l'UH afin d'imposer sa présence virtuelle sur le campus.

    Redéfinir le nouveau paysage des bibliothèques de l'UH
    Un environnement proactif avec des plateformes diversifiées, voilà comment se présente la version Web 2.0 du site de l’UH. Tout en offrant les outils les plus performants pour favoriser l'apprentissage en ligne et à distance aux cours, aux séminaires et aux ressources documentaires numérisées de l’institution, le site des bibliothèques de l'UH privilégie le phénomène de «clustering» ou l'extraction de grappes (clusters) de documents non classifiés provenant des mêmes thématiques. En même temps que des systèmes qui permettent de gérer tous les types d'information, texte, image, son, et de tous format, structuré comme non structuré, statique ou dynamique, le site met en place des systèmes d'édition, de publication pour enrichir l'information entre les communautés de savoir ainsi des systèmes de gestion de la présentation, de contrôle et de validation, la personnalisation et, bien sûr, de navigation et de recherche. Les moteurs de recherche offrent la possibilité aux usagers d'organiser leur espace documentaire personnel en utilisant les fonctions de veille et de stockage et en créant ainsi des «partenariats en grappes» (cluster partner)".
    Sur le principe de la syndication du contenu, les rubriques sont fédérées les unes aux autres et associées en morceaux par la combinaison des technologies différentes dont les blogs, wikis et autres logiciels sociaux et collaboratifs: folksonomies, podcasts, fils RSS permettant la navigation par tags, la réutilisation et la mutualisation des contenus. On trouve donc une multitude de sites agrégateurs qui renvoient via un hyperlien à des actualités publiées ailleurs et à des objets mutimédia. L'utilisation au maximum des systèmes en open source permet le développement du contenu en coopération avec les usagers selon les besoins et les thématiques. Les outils Médiawiki pour les wikis et Movable Type pour les blogs sont incorporés au site Web avec l'utilisation importante de FAQ, forum et blog. Alors que les sites de la première mouture offre un format de présentation des rubriques en mode «fédéré» (exemple: le site des bibliothèques de l'UdeM), le nouveau modèle est «agrégateur» et les contenus s'enrichissent mutuellement. Les rubriques s'imbriquent les unes aux autres dans un ensemble dynamique où l'espace à la coopération est toujours présent. La section Research a Topic propose des rubriques qui renvoient directement aux thématiques de recherche et à l'ensemble des ressources dépsées sur le portail. La rubrique intitulée Subjects Blogs se présente comme un espace de «trouvailles» et de complémentarité aux ressources des bibliothèques de l'UH, et renvoient à d'autres informations reliées par les fils d'agrégation et grâce aux post-it qui permettent les commentaires et les discussions et ouvrent la voie à l'enrichissement du contenu et à la collaboration. Ces ajouts alimentent la rubrique Subjects Guides par le dépôt d'autres ressources informationnelles de tout type et de diverses provenances.

    Car la construction du portail des bibliothèques de la génération du web 2.0 repose sur le principe de la «décentralisation» radicale du contenu. Chaque personne est «propriétaire» de la section qui lui «appartient», ce qui lui permet de se maintenir à un bon niveau technologique et d’en assumer la qualité du contenu. Sur le principe que, potentiellement toute utilisation peut enrichir le site, des outils corporatifs comme Flick'R ou Del.icio.us sont mis en place pour incorporer les résultats de la recherche au contenu et les rendre réutilisables dans d'autres applications. Le portail est aussi un carrefour de formation qui intègre tout le processus d'apprentissage depuis la recherche de l'information jusqu'à la synthèse et la rédaction des travaux.

    Les bibliothécaires de Houston University: les leaders du chantier

    Pour piloter les opérations et superviser un tel environnement technologique, les bibliothèques de l'UH disposent d'un personnel aux compétences variées et complémentaires, capable d'innover et de s'adapter aux nouveaux modes de transfert des connaissances et d'opérer en mode de développement continue pour gérer non seulement le contenu (web content management) mais aussi le cycle de vie de l'information (information life cycle management). Et faut-il le rappeler? Réseau coopératif, le site est en mode de beta perpétuel. Se reconstruire est le credo des bibliothécaires. Les améliorations soient constantes et régulières grâce aux apports de tous et de chacun grâce à l'enrichissement et pour la réappropriation du contenu par les usagers.

    Dépôt institutionnel numérique et vitrine de l'UH
    Les bibliothèques sont, on le sait, à l'ère du numérique. Elles ont aussi pour rôle de collecter et de sauvegarder les ressources fragiles ou «périssables», offerts en formats multiples qui leur sont confiées. La constitution d'un fonds documentaire numérique à partir de la production de la communauté universitaire fait de plus en plus partie de leur mandat. Le dépôt institutionnel numérique offre l'accès aux ressources numérisées et à la documentation produite en ligne par les professeurs, les chercheurs et les étudiants des départements et les facultés dont les monographies, les articles, les rapports, les conférences, les données de recherche, les outils didactiques, les objets multimédia, les thèses, les archives, les revues électroniques et tout un ensemble de littérature grise. Le site Web 2.0 devient la vitrine de l'UH et l'objet et l'instrument de son rayonnement en mettant en valeur l'héritage culturel de l'institution et son patrimoine. La rubrique intitulée Digital Exhibits présente des expositions virtuelles des documents et des collections d'objets ou d'oeuvres rares acquis ou reçus en dons. Sous la rubrique References & Services, un ensemble de services d'aide et d'outils de recherche guide l'usager dans les dédales de l'exploitation et de la recherche des informations et offre des ressources informatiques appliquées à l'édition qui lui permettent de déposer sur le site tout type d'information (texte, image, son, statique ou dynamique) susceptible d' enrichir le contenu. Sur le site on trouve aussi un espace pour les échanges entre internautes sur les moyens et les façons de sauvegarder et de pérenniser les données informatiques.

    Dorénavant, les bibliothécaires universitaires publient, traitent, organisent et diffusent la production savante des membres de la communauté. Rendre l'information disponible, produire et éditer les connaissances pour les fins de recherche et d'enseignement, voici le nouveau credo des bibliothécaires. L'auto-archivage en libre accès requiert l'implication des bibliothécaires qui doivent promouvoir la consultation et l'exploitation de ces ressources tout en veillant au respect des droits juridiques de tous et de chacun. Pour tenir la communauté à jour des développements en regard des grands enjeux touchant la production de la littérature savante, le site présente une rubrique intitulée Transforming Scholarly Communication. À l'intérieur de cet espace, les bibliothécaires interviennent en jouant aussi un rôle de conseil et d'assistance technique pour répondre non seulement aux questions de référence ponctuelle mais aussi pour résoudre les problèmes juridiques auxquelles sont confrontées les personnes productrices de contenus et de connaissances dans l'institution sur les conditions légales de l'auto-archivage et du dépôt et aider les usagers, par exemple, à faire la différence entre une autorisation d'utilisation et le fait de céder ses droits.

    Le site web 2.0 de l'UH repousse les limites de la bibliothèque traditionnelle et reflète une l'image des bibliothèques de demain
    Lieu de convergence des connaissances et d'informations de l'institution, les bibliothèques de l'UH offrent un espace virtuel pour les communautés de savoir en favorisant la création de réseaux interactifs de partage et d'échange de connaissances et de compétences. Sur le principe que tout usager contribue à apporter une valeur ajoutée aux ressources informationnelles mises à sa disposition, les bibliothèques de l'UH présentent l'image de ce que les bibliothèques universitaires des années 2000 sont devenues depuis l'avènement de l'internet et l'évolution récente des technologies du web 2.0: un service WEB ouvert, dynamique, interactif grâce aux systèmes qui permettent la prise en charge par tous et chacun de l'organisation, de la gestion, du contrôle, de la production, de la réception, de la conservation, de l'utilisation et de l'archivage de la documentation produite par sa communauté et disponible en ligne. Sur le principe de la «longue traîne» (long trail), les réseaux d'information s'en alimentant les uns aux autres, étendent leurs tentacules et amplifient l'effet multiplicateur. De dépositaires des ressources documentaires acquises par l'institution, les bibliothèques sont désormais partie prenante dans la production des connaissances pour devenir un espace commun de travail, d'enrichissement, de transmission et de capitalisation du savoir.

    Par sa finalité, le service Web de l'UH va bien plus loin dans la conception traditionnelle des fonctions d'une bibliothèque, et plus qu'un rôle de soutien à l'enseignement et à la recherche, il s'affiche résolument comme le moteur de la diffusion et de la construction du savoir et de la société de l'information. Son portail est une belle preuve que le futur est présent.


    Les six piliers du WEB 2.0:


    Pour terminer, voici un extrait de l'article publié dans le Bulletin # 171 de Corpo-Clip, mai-juillet 2007, p. 10: « Les 6 piliers du WEB 2.0 » par My Loan Duong, source: Coombs, Karen «Building a Library Web site on the Pilars of Web 2.0», Klog, 27 janvier 2007
    À la base de la création de cet espace hautement dynamique et flexible dans lequel prévalent 6 règles d'or ou piliers qui forment les fondements de l'esprit d'échange, de collaboration et d'interaction du Web 2.0. Ces 6 piliers sur lesquels reposent la construction d'un site WEB de la génération du WEB 2.0 s'inscrivent sur ces fondements:
    1. le principe de la »décentralisation radicale du contenu qui est crée et mis à jours par différentes personnes«. Chaque personne est «propriétaire » de la section qu'il alimente et qu'il enrichit en plus d'assumer la qualité du contenu, ce qui d'autre part, lui permet de se maintenir à un bon niveau tecnologique.
    2. la réunion de petits morceaux ou la combinaison de différentes technologies dont les blogs, les wikis, les logiciels sociaux, les folkosomies, les podscasts, les fils Rss, et les services Web et surtout l'utilisation au maximun des systèmes en open source. Surle site de l'université Houston, les outils Mediawiki pour les Wikis et Movable Type pour les blogs sont intégrés dans le contenu des ressources informationnelles.
    3. le principe du Béta perpétuel: les améliorations doivent être constantes et régulières
    4. la réutilisation du contenu par les usagers, selon les structures de Flick'R ou Del.Icio.us permettant l'incorporation dans d'autres applications. par exemple, le contenu d'un guide de recherche thématique serait applicable sur le site web d'un département autre que celui concerné.
    5. le principe que tout usager peut devenir contributeur.
    6.et enfin sur le principe que toute utilisation et tout apport peuvent contribuer à enrichir le contenu.


    à lire aussi: Les bibliothèques de l’Université de Montréal: Mais où est donc le WEb 2.0? . La Référence, le journal étudiant de l'École de bibliothéconomie et des sciences de l'information, dimanche 9 décembre 2007 par Pascal Dessureault, Stefán Ketseti

    Les écoles de science de l'information au Canada

    Note de lecture: A History of Education for Library and Information studies in Canada. Ex Libris Association [Toronto : Ex Libris Association, 2004] 39 p. : portr. Collection ELAN, Ex Libris Association newsletter; special issue. Z 669.1 H57 2004

    À tout seigneur, tout honneur. Ce numéro spécial de l'été 2004 consacré à l'histoire des écoles de bibliothéconomie et des sciences de l'information au Canada commence par un hommage à la Graduate school of Library and Information Studies de l'Université McGill, qui fêtait cette année là son centenaire. Le bibliothécaire en chef de l'Université de l'époque, Charles H. Gould qui fut le premier Canadien à assumer les fonctions de président de l'American Library Association en a été le fondateur. Les débuts furent modestes, McGill recevait de la belle province un montant de $3000 pour payer les charges de cours du corps enseignant. Pendant plus de 23 ans, l'École ne dispensait que des cours d'été. Grâce à la générosité des donateurs comme Sir George Drummond et Henry Birks l'École put néanmoins mener ses activités avant que le rapport Willianson de la Carnegie Corporation ne défraie les fonds pour mettre sur pied le premier programme de baccalauréat en bibliothéconomie en 1930, et ce en pleine dépression!

    La Faculty of Information Studies de l'Université de Toronto a inauguré son programme de formation en bibliothéconomie en 1911, avec le soutien de George Locke, bibliothécaire en chef de la Toronto Public Library. Trente et un étudiants ont assisté à ce programme de quatre semaines avant que l'université de Toronto ne mette sur pied une école de bibliothéconomie en 1927. Winifred Barnstead en fut la première directrice. Au cours des années soixante dix et quatre vingt, la Faculty of Library Science (FLS) devient la FLIS ( Faculty of Library and information science).
    Marcel Lajeunesse nous rappelle que l'École des bibliothécaires a offert une formation pour les aspirants bibliothécaires pendant plus de 30 ans avant de devenir l'École de bibliothéconomie en 1961. Avant cette date, l'École n'était pas encore un département de l'Université de Montréal, mais une école affiliée qui a subsisté longtemps avec peu de moyens. Le corps enseignant n'était pas à plein temps et il n'y avait pas de bibliothèque rattachée à l'École pour soutenir le programme d'où pas de possibilité d'obtenir l'agrément de l'ALA . La première équipe de professeurs à temps plein , formée de Paule Rolland-Thomas, de Liana van der Bellen qui cumulait aussi la fonction de chef de la bibliothèque de bibliothéconomie, de Réal Bosa et du père Edmond Desrochers, sous la direction de Laurent-G Denis, mit sur pied le programme de baccalauréat en bibliothéconomie qui plus de dix ans plus tard devint le programme de maîtrise en bibliothéconomie au début des années 70. En 1984, L'École de bibliothéconomie changea de nom pour porter celui d'École de bibliothéconomie et des scineces de l'information ou ÉBSI. Depuis elle ne cessa de s'agrandir en ajoutant au proammade de maîtrise en bibliothéconomie d'abord le certificat d'archivistique (1983), puis le programme de doctorat en bibliothéconomie et en sciences de l'information(1997) et enfin le certificat de gestion en information numérique (2001).

    La School of Libary, Archival and Information Studies de l'University of British Columbia fut créée avec l'arrivée du recteur Norman MacKenzie à la fin des années 40 . Les pression étaient fortes pour que la province se dote d'une école car les écoles en Ontario et au Québec (McGill) ne suffisaient plus à combler les demandes de bibliothécaires en Colombie britannique. L'école obtint en 1962 l'accréditation de l'ALA.

    Suit la Faculty of Information and Media Studies de l'Université de Western Ontario. Une pénurie de bibliothécaires en Ontario a favorisé la création de cette école au milieu des années 60 sous la direction de James D. Osborn, bibliothécaire et érudit. À ses débuts, l'École était installée dans un bâtiment provisaire fait de matériaux préfabriqués sis dans le stationnement non pavé derrrière le satde de football de l'université. En 1996, la SLIS devient la FIMS ( Faculty of Information and Media Studies).

    La School of Libary and Information Studies de l''Université d'Alberta ouvrit ses portes en 1967 avec l' énergique Sarah Rebecca Reed à sa tête.
    La petite dernière est la School of Libary and Information Studies. La Dalhousie University mandata le bibliothécaire en chef de l'Université, Louis G. Vagianos comme directeur -fondateur pour créer cette école qui depuis 1857 formera les bibliothécaires des provinces maritimes.

    Mais la famille des écoles et des facultés en bibliothéconomie et sciences de l'information continue de s'agrandir, ce qui est un bon signe pour la profession puisqu'on annonce la gestation pour cette année la naissance d'une nouvelle école des sciences de l'information à l'Université d'Ottawa. Un directeur - fondateur sera bientôt nommé pour la prendre en charge.

    Cet article e été pubié pour la première fois dans la Revue de lecture du mois d'octobre 2006

    Dernière nouvelle: Kenneth Roy-Bonin a été nommé en mars 2007 pour préparer le chantier et l'ouverture de la School of Information Studies prévue pour septembre 2008. Pour les détails, veillez consulter ce lien: http://www.media.uottawa.ca/mediaroom/news_details-e.php?nid=1099

    Notes de lectures, publié en avril 2007

    Un groupe d'universitaires et d'érudits français publie une revue internationale annuelle sur le livre : Histoire et civilisation du livre: revue internationale. Avant l'ère de l'internet, les réseaux d'échanges interculturels ou sur le rôle des Passeurs culturels dans le monde des médias et de l'édition en Europe, XIXe et XXe siècles / sous la direction de Diana Cooper-Richet, Jean-Yves Mollier, Ahmed Silem. Deux ouvrages publiés par les Presses de l'Université de Montréal sur l'oeuvre et de la vie des lexicographes Pierre Larousse et Paul Robert. Et pour rester à jour dans le domaine des sciences et des techniques de l'information, ne manquez pas de consulter le Dictionary of information science and technology .

    Histoire et civilisation du livre : revue internationale. Genève : Librairie Droz S.A., 2005- v. : ill. ; 25 cm. Annuel. ISSN 1661-4577. Parutions 1 (2005)-. En collection: v.1(2005)-v.2(2006). DERN. RECU: v.2(2006) le DEC 11, 2006
    Ce nouveau périodique annuel peut être considéré d'emblée comme un apport important dans le domaine des livres et des bibliothèques, d'abord, parce que le rédacteur en chef n'est nul autre que l'éminent Frédéric Barbier (CNRS, École des hautes pratiques) et que la réputation de la Librairie Droz, l' éditeur de la revue, dans le milieu du livre est fort bien établie. Le comité scientifique n'est pas de reste non plus avec des personnalités qui ont fait leur marque dans le monde des lettres et des bibliothèques parmi lesquelles on peut compter les directeurs de l'École nationale des Chartres, de l'ENNSIB, de l'École pratique des hautes études, de l'École des hautes études en sciences sociales, de Jean-Yves Mollier de l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, de Daniel Richer, professeur au collège de France, pour n'en citer que quelques-uns, et aussi la présence dans le comité de rédaction de figures d'autorité comme Michel Melot (Inventaire général) et Jean-Dominique Mellot (BNF). Cette réunion d'érudits autour de ce projet nous permet de penser que la qualité des contributions sera fort bien assurée et de souhaiter fortement que ce périodique aura le rayonnement international qu'il mérite.
    La mise en page est soignée et, petit bémol, bien que la présentation du titre et les couleurs de la couverture soient plutôt ternes, les textes à l'intérieur sont agrémentés de bonnes reproductions d'illustrations en noir et blanc. Chaque parution comporte environ 400 pages et comprend trois sections. La première section regroupe les articles qui tournent autour d'une thématique de fond, tandis que les articles de la deuxième section abordent des sujets plus variés. Un troisième volet propose des comptes-rendus de lecture pour élargir et poursuivre la réflexion sur le dossier abordé. La partie thématique est accompagnée d'un index des noms, des lieux et des titres d'ouvrages citées ( Index librorum, locorum et nominum).
    Dans le premier volume, le dossier thématique s’intitule «Production et usages de l'écrit juridique en France du moyen âge à nos jours» comprend par exemple, les articles de Anne Lefebvre-Teillard ( Le livre juridique manuscrit , XIIè -XVè siècle), de Yves-Bernard Brissaud (Pistes pour une histoire de l'édition juridique français sous l'Ancien Régime), de Jean-Yves Mollier (Éditer le droit après la Révolution française). Le deuxième volume traite de «Lyon et les livres» avec, entre autres, les articles de Philippe Nieto (Géographie européenne des incunables lyonnais: deux approches cartographiques), de Brigitte Bacconnier (Le fabuleux destin des frères Duplain), d' Anne Béroujon (Les réseaux de la contrefaçon du livre à Lyon dans la seconde moitié du XVIIè siècle) et comprend en outre une bibliographie des travaux sur l'histoire du livre imprimé à Lyon depuis 1970.
    Les comptes-rendus de livres et les critiques qui accompagnent les articles en bas de page en font une revue savante qui vise aussi un public international, comme l'indique le sous-titre du périodique, même, si pour le moment, les textes en français dominent encore. L'éventail des oeuvres étrangères est bien représenté dans le premier volume où on trouve des articles sur les Traductions et traducteurs intaliens de Jean-Pierre Camus, évêque de Belley et romancier du XVII è siècle, sur l'histoire du livre en Hongrie avec un encadré nécrologique à la mémoire d'István György Tóth, universitaire, historien et spécialiste de la culture nobiliaire en Europe centrale aux XVIè -XVIII siècles. Dans le deuxième volume les livres analysés comportent un bon nombre des titres étrangers dont allemands, italiens et croates. Cette revue vise un public international de bibliophiles, d'universitaires, de chercheurs, de spécialistes dans le domaine du livre et des bibliothèques et c'est justement pour cette raison qu'on peut s'étonner de l'absence de résumés en langue étrangère surtout si les contributions d'auteurs d'autres pays sont acceptées.

    Passeurs culturels dans le monde des médias et de l'édition en Europe, XIXe et XXe siècles / sous la direction de Diana Cooper-Richet, Jean-Yves Mollier, Ahmed Silem. Colloque "Passeurs culturels dans le monde des médias et de l'édition en Europe, XIXe et XXe siècles" (2003 : Lyon, France). TP 87.2 C656 2003
    Ce collectif retient l'attention par la qualité et la diversité des interventions et par le fait qu'il aborde dans une perspective holistique le sujet de la circulation des idées et des transferts culturels, sujet encore très sensible en ce début du 21 è siècle où le choc des cultures, pour reprendre une expression éculée, n'a pas fini de soulever des passions. Quel a été rôle joué par ces traducteurs, éditeurs, libraires, communicateurs, intervenants des milieux artistiques et littéraires, journalistes, critiques littéraires, directeurs de théatre, bibliothécaires, la plupart polyglottes dans le paysage culturel au cours des deux derniers siècles en Europe ? Issus de différents domaines et de divers horizons, des chercheurs en sciences de l'information, en économie, en histoire, en politique, en sociologie sont réunis en septembre 2003 à Lyon pour en discuter. Le résultat: ce passionnant ouvrage en 17 chapîtres écrits par les spécialistes et universitaires des trois continents qui retrace le parcours de ceux qui ont servi de médiateurs multiculturalistes avant la lettre comme Elias Canetti, juif de Bulgarie, suisse détenteur d'un passeport anglais et écrivain de langue allemande. À leur manière, ces hommes et ces femmes ont été les précurseurs de la mise en réseau des biens culturels et ont, par ce fait défini un nouvel espace communicationnel dont le Web collaboratif est en quelque sorte l'aboutissement.
    Pour conclure la réflexion, le problème de la préservation de l'identité culturelle refait surface. Les intervenants ne peuvent éviter de s'interroger sur la menace que représente pour les cultures spécifiques et plus fragiles le fait que les biens culturels soient de plus en plus des produits d' échanges dans un monde dominé par une économie libérale et dans un contexte de globalisation et d'uniformisation.
    Comme tous les ouvrages de cette collection, la mise en page est soignée et la présentation élégante. Des notes accompagnent chaque chapître.

    Les dictionnaires Larousse : genèse et évolution / sous la direction de Monique C. Cormier et Aline Francoeur. Montréal : Presses de l'Université de Montréal, 2005. 323 p. : ill., Collection Paramètres; ISBN: 2760619915. PC 2617 J69 2005
    Les dictionnaires Le Robert : genèse et évolution / sous la direction de Monique C. Cormier, Aline Francoeur et Jean-Claude Boulanger. Montréal : Les Presses de l'Université de Montréal, c2003. 302 p. Collection Paramètres; ISBN: 2760619427 PC 2617 R6 D53 2003
    Sous la direction de Monique C. Cormier, professeur au département de linguistique et de traduction, deux ouvrages pun bliés par les Presses de l'Université de Montréal retracent le parcours et l'oeuvre des lexicographes Pierre Larousse (Toucy, 1817- Paris, 1875) et Paul Robert ( Orléanville, Algérie, 1910-Mougins, 1980). Portrait de deux bâtisseurs et visionnaires qui marqueront à tout jamais le paysage de la langue française et de la francophonie.

    Dictionary of information science and technology/ Mehdi Khosrow-Pour, editor.Hershey, PA : Idea Group Reference, c2007. 2 v. ISBN 1599043858. T 58.5 D527 2007
    Définitions complètes de plus de 10 000 mots avec leurs acronymes et les noms de 2 500 chercheurs internationaux avec leurs contributions dans le domaine des sciences et des technologies en information. L'avancement des sciences de l'information au cours des dernières décennies justifie cet ouvrage qui couvre de façon exhaustive les termes en regard des sciences et des technologies de l'information, un champ d'étude et de pratique appelé à croître considérablement.