lundi 15 octobre 2012

Pouvoir et contre-pouvoirs dans la gestion universitaire

Propos de Marcel Lajeunesse, ex vice-doyen à la faculté des arts et sciences et ex directeur de l'ECole de bibliothéconmomie et desciences de l'information de l'Unviersités de Montréal. Entretien paru dans le volume 41, n. 1 de la Revue Argus de la Copporation des bibliothécaires professionnels du Quéebec, octobre 2012
Dossier / le pouvoir ➜ Sources : Marc el Lajeunesse Pouvoirs et contre-pouvoirs dans la gestion universitaire P r o p o s d e M a r c e l L a j e u n e s s e r e c u e i ll i s p a r M y L o a n D u o n g Marcel Lajeunesse et moi sommes tous les deux bibliothécaires. Nous avons aussi ce point commun d’avoir fait carrière tous les deux au sein de la même institution, l’Université de Montréal. Pour l’un comme pour l’autre, ce parcours a duré plus de trente ans. Mais nos parcours professionnels ne se ressemblent pas. Nous ne sommes pas, pour ainsi dire, du même côté de la barrière. Marcel Lajeunesse a été professeur et puis cadre académique avant de revenir à l’enseignement et la recherche. Quant à moi, embauchée à l’Université de Montréal comme bibliothécaire au milieu des années soixante-dix, c’est surtout comme professionnelle et spécialiste que j’ai oeuvré jusqu’à la fin de 2008. Quand j’ai pris connaissance, le 29 mars dernier, de l’appel de textes d’Argus sur la thématique du pouvoir, du centre-ville de Montréal nous parvenait l’écho des manifestations des étudiants contre la hausse des frais de scolarité imposée par le gouvernement. Le conflit était à ses débuts, mais il était clair que le débat dépassait ce seul enjeu. Le 22 mars, plus de 200 000 personnes étaient descendues dans les rues de la métropole pour dénoncer une augmentation des frais qui ferait porter sur les plus démunis la mauvaise gestion des universités et pour réclamer la fin de la culture de l’impunité. J’ai pensé à Marcel Lajeunesse et aux discussions, parfois à bâtons rompus, que nous avions eues sur des sujets semblables et je lui ai proposé cet entretien. Marcel a accepté tout de suite. Car nous avons aussi en commun ceci : malgré le confort de notre retraite, nous ne sommes jamais devenus indifférents aux affaires des universités et au monde des bibliothèques. Nous nous sommes rencontrés deux fois autour d’un café pour échanger sur la thématique du pouvoir, lui pour l’avoir exercé et moi pour l’avoir connu et subi. En voici le résultat. J’ose espérer que vous aurez du plaisir à nous lire. MLD .: Vous avez connu une longue et riche carrière à l’Université. Vous avez pris votre retraite en 2006. Pour nos lecteurs, voulez-vous retracer votre parcours académique? ML: Pendant les trente-six ans que j’ai passés à l’UdeM, j’ai consacré la moitié de ma carrière à l’enseignement et la recherche en tant que professeur, tandis que l’autre moitié a été occupée par la gestion. Mon poste de cadre académique m’a conduit à la direction de l’EBSI pendant neuf ans et j’ai assuré pendant presque autant de temps la direction de la Faculté des arts et des sciences (FAS) comme vicedoyen. MLD . : Dites-moi ce en quoi consiste le rôle d’un directeur de département? ML. : Le directeur de département est d’abord choisi par ses collègues, il est primus inter pares, ce que ses collègues peuvent lui faire sentir à l’occasion. Il est le directeur des études de son département, le gestionnaire du personnel et des ressourcesfinancières, le porte-parole de sa discipline à l’Université et au sein de la profession sur les plans national et international. MLD. : «Premier parmi ses pairs» mais aussi «pair parmi les pairs. L’École a pris un essor important à la fin des années 1980. Quels étaient les objectifs que vous vous étiez fixés? ML. : Je m’étais donné un certain nombre d’objectifs: réunir les locaux de l’École sur un seul étage pour faciliter les activités, revoir les programmes d’études, développer la recherche et principalement la recherche subventionnée, élargir et renouveler le personnel de l’École (professeurs et professionnels) et implanter le programme de doctorat en sciences de l’information. J’ai développé le volet communication avec le bulletin annuel En direct de l’EBSI afin de mieux informer la communauté des activités de l’EBSI et donner plus de visibilité à l’École. Diriger, c’est aussi informer et communiquer. MLD : En 1994, vous avez accepté un poste de vice-doyen. J’ai eu à l’époque une conversation avec vous où vous disiez regretter un peu cette espèce de liberté intellectuelle que vous permettait la fonction de professeurchercheur. Il y a le Marcel Lajeunesse, professeur, et le Marcel Lajeunesse, administrateur. Ont-ils fait bon ménage? ML. : On n’est pas candidat au poste de vice-doyen. C’est le doyen qui forme son cabinet ou son équipe de direction. Après près de sept ans à la direction de l’EBSI, cette offre arrivait à point nommé. La FAS est une méga-faculté née de la fusion de cinq facultés, 26 départements académiques et écoles professionnelles; la gestion en est complexe. De 1994 à 1998, comme vice-doyen à la planification, je devais rétablir la situation budgétaire de la Faculté. Je l’ai fait en coupant cent postes dans le personnel enseignant, en économisant près de quatre millions de dollars sur d’autres dépenses et en fermant un département (géologie). J’étais responsable du plan quinquennal facultaire. Car gérer, c’est prévoir aussi. MLD . : Cette fonction vous a amené à une autre, celle de vice-doyen à la gestion des ressources humaines. C’est un poste qui est reconnu comme difficile. Comment définissez- vous ce poste ? ML.: En 1998, la situation budgétaire s’était améliorée, en grande partie grâce aux efforts des années précédentes. De 1998 à 2002, on a ajouté une centaine de postes de professeurs. J’étais responsable des affaires professorales (quelque 630 profs en 2002). La gestion du personnel non-enseignant m’incombait aussi (quelque 340 personnes), de même que la gestion du budget de la Faculté (environ 85 millions de dollars en ces années). Ce poste exigeait des communications constantes avec les départements, avec les autres vice-décanats et de même qu’avec la haute direction de l’Université. MLD . : Les années 2000 à 2005 ont été des années mouvementées sur le plan syndical. Les grèves se sont succédées, celle des employés en 2003, des chargés de cours en 2004, des étudiants en 2005, des professeurs un peu après. Qu’en avez-vous retiré de cette expérience dans les lieux du pouvoir et des décisions? ML. : De ces années de gestion, j’ai retenu l’importance des bons contacts humains. Comme vice-doyen aux ressources humaines et à l’administration, j’ai eu à traiter avec le syndicat des professeurs, le syndicat des chargés de cours, le syndicat des employés de soutien, l’association des cadres et professionnels, les associations d’étudiants (les évènements récents ont démontré l’importance des instances étudiantes dans l’Université). La Faculté regroupe 42 % des effectifs de l’Université. Le vice-doyen siège comme repré- sentant patronal dans les négociations des conventions collectives, dans les comités de griefs, dans les organismes de régie universitaire. Mais moi, j’aime travailler avec les gens, en concertation avec eux, je trouve cela plus stimulant que la gestion des questions budgétaires. MLD . : L’université est un milieu où on rencontre parfois de gros égos. L’arrogance, comme l’arrivisme, est très vite détectée et très mal perçue. Henry Mintzberg le rappelle dans ses écrits sur la gouvernance de ces organisations complexes que sont les universités. Il faut une excellente connaissance du milieu, de ses enjeux et de sa dynamique. Cela prend aussi une personnalité forte avec de solides qualités humaines et une certaine envergure intellectuelle pour savoir influer sur les décisions et s’imposer devant ses pairs. Dites-moi, pourquoi devient-on gestionnaire? ML. : Pourquoi devient-on gestionnaire? Les raisons sont diverses. Elles varient d’une personne à l’autre. La raison principale qui m’a amené à devenir gestionnaire à l’Université, c’est que je crois qu’on peut – même un tant soit peu – changer des choses et qu’à défaut de changer les choses, on peut influer sur les évènements. J’y ai découvert le plaisir de travailler en équipe, le goût de décider. La nature humaine étant ce qu’elle est, je dois dire qu’il y a une part de curiosité: celle de voir, selon l’anecdote de Chamfort, comment l’administration, la justice et la cuisine se préparent. MLD . : Qu’est-ce qui vous a le plus frappé au cours des années où vous avez assumé ces fonctions de cadre académique ? Comment avez-vous exercé votre pouvoir? ML. : Ce qui m’a frappé dans ces postes de gestion? Le directeur de l’École est dans sa discipline, dans son milieu, avec ses collègues. Mais le directeur ressent une certaine solitude. Comme vice-doyen de la FAS, l’étang s’est agrandi; on n’est plus dans sa discipline, on s’éloigne de l’enseignement et de la recherche, mais on travaille en équipe. En fait, je ne sais pas si la direction de l’Université est une direction collégiale, mais personnellement, j’ai vécu et j’ai exercé la direction de la Faculté comme une direction collégiale, avec des objectifs d’équipe. C’est dans cet esprit que j’ai exercé mes fonctions d’administrateur. MLD . : Il y a le pouvoir, mais il y a aussi un contre-pouvoir représenté par les instances syndicales. En coulisse, on murmure que ce contre-pouvoir est moins fort qu’auparavant, que le pouvoir est trop centralisé. On dit qu’il y a trop de cadres administratifs et que la bureaucratie est trop lourde. Qui détient le pouvoir à l’université? ML. : Le pouvoir à l’université est exercé par le rectorat. Les administrateurs de l’université sont d’anciens professeurs-chercheurs et ils se targuent de se définir ainsi. Ils nomment d’ailleurs les cadres administratifs comme, par exemple, le directeur des bibliothèques. Le syndicat des profs représente un contre-pouvoir certain à l’université mais c’est un type particulier de syndicat, différent des autres. Le pouvoir dans une université est un type de pouvoir très particulier. MLD . : Les orientations et les politiques de l’université viennent du rectorat et les cadres administratifs ont pour mandat de les mettre en oeuvre. Maintenant, dans un département, les professeurs ont leur mot à dire face aux décisions, ils ont un droit de veto car ce sont eux qui déterminent des orientations des programmes d’étude, bien que la course aux subventions et l’aspect financier peuvent aussi avoir un impact sur les orientations. Est-il arrivé que les professeurs acceptent un candidat sous certaines pressions? ML. : L’assemblée de département représente le lieu d’un pouvoir qui peut être fort… si les professeurs décident de l’exercer vraiment. Une décision de l’assemblée a plus de pouvoir que la décision du seul directeur. C’est en tout cas ainsi que la direction de la FAS interprétait les résolutions qui venaient de cette instance. C’est par l’assemblée de département que les professeurs peuvent s’opposer aux projets de la haute direction. MLD . : Abordons le rôle des syndicats dans la fonction publique et parapublique. Les bibliothécaires ont des statuts différents d’un milieu à l’autre. Dans les universités américaines et les universités de langue anglaise au Canada et au Québec, les bibliothécaires ont le statut académique, mais à l’Université de La raison principale qui m’a amené à devenir gestionnaire à l’Université, c’est que je crois qu’on peut – même un tant soit peu – changer des choses et qu’à défaut de changer les choses, on peut influer sur les évènements. À l'UdeM, les bibliothécaires font partie de la section 1244 du syndicat de la FT Q. Ils sont les seuls professionnels à être représentés par un syndicat. Le fait d’être syndiqué est-il un désavantage pour les bibliothécaires? ML. : Évidemment, les bibliothécaires, comme d’autres professionnels de l’État, des cégeps ou d’universités, peuvent être membres d’un syndicat. Mais cela dépend du syndicat. Je ne suis pas convaincu que l’appartenance à ce syndicat (1244) aide à leur valorisation professionnelle. Faire partie d’un groupe limité de professionnels dans une large unité comprenant surtout des employés de bureau, c’est se condamner à être minoritaires, à être quasi marginalisés. MLD . : Plusieurs de mes collègues pensent que le fait d’être syndiqué leur assure une meilleure protection de leur intégrité professionnelle, en plus d’une stabilité dans un environnement très mouvant. ML. : Pour leurs collègues, employés de bureau, techniciens, les bibliothécaires sont des privilégiés étant les seuls professionnels dans leur section, les bibliothécaires ne peuvent, à mon avis, occuper une place majeure dans la gestion et les orientations de ce syndicat ou faire valoir leurs préoccupations. Cette situation, à mon avis, est préjudiciable pour eux et pour la profession. MLD. : Les règles élaborées pour gérer les tâches et évaluer les qualifications de l’ensemble des employés ne correspondent pas à la réalité et au vécu des bibliothécaires. Le travail des bibliothécaires est mal reconnu. Malgré tout, la plupart des innovations des quinze dernières années ont été menées grâce à l’initiative des bibliothécaires: les premiers sites web, les programmes de formation à l’utilisation, les blogues, les répertoires et bibliographies en ligne, etc. Les bibliothécaires, par leur expertise, ont contribué beaucoup au rayonnement de la profession et de l’institution avec leurs publications et leurs interventions publiques, d’autant plus que les bibliothécaires-cadres ne font pas des tâches professionnelles mais de la gestion. Le modèle est perfectible et on y travaille. ML. : Oui, peut-être. Peut-on changer cela? Personnellement, je ne serais pas à l’aise et je n’aimerais pas faire partie d’un tel syndicat. MLD : Le 24 avril dernier, la Société bibliographique du Canada a souligné vos mérites en vous accordant la médaille Marie-Tremaine de l’année pour l’ensemble de vos travaux. Vous êtes aussi considéré comme un expert de l’histoire des bibliothèques au Québec. Selon vous, quelles sont les personnes qui se sont distinguées comme de grands administrateurs et bibliothécaires? ML. : Avant la création des écoles universitaires dans le domaine, je pense à Aegidius Fauteux et Jean- Charles Bonenfant. À une période récente, l’action de Lise Bissonnette est remarquable. Je nommerais aussi Edmond Desrochers que j’ai connu comme collègue à l’EBSI quand il était professeur agrégé. Bien que jésuite, il a contribué à laïciser les associations de bibliothécaires, alors axées sur le bon livre, la censure, très présente à l’époque, l’Index. Il a été l’artisan de la création en 1961 de l’École de bibliothéconomie de l’Université de Montréal, avec comme objectif, l’obtention de l’agrément de l’ALA. On lui doit le développement de véritables bibliothèques au Québec avec la première loi sur les bibliothèques publiques au Québec votée en 1959. MLD . : Notre entretien a lieu sur fond de crise étudiante. Nous sommes au début du mois de mai, le conflit entre les étudiants et le gouvernement dégénère chaque jour un peu plus. D es dizaines de milliers d’étudiants sont toujours dans la rue. Que pensez-vous de cette crise et du rôle du MELS (ministère de l'Éducation, des Loisirs et du Sport) dans tout ça? ML. : Le conflit actuel met en exergue les notions d’éthique et de bonne gouvernance dans les universités. Il y a eu de nombreuses dérives – non sanctionnées par le MELS – et qui sont montrées du doigt. On a fait de grands progrès concernant l’éthique dans les subventions et contrats de recherche. Ici on parle de l’éthique au plan de la gestion des institutions universitaires. Les étudiants n’acceptent pas, et avec raison, que des personnes responsables mettent leur université quasi au bord de la faillite et ne soient pas appelés à répondre de leurs actes, ne soient pas sanctionnées. Le cas de l’Îlot Voyageur à l’UQÀM est le cas le plus connu et le plus scandaleux. Peut-être demain le cas de TELUQ? MLD. : La question de la moralisation de la vie publique s’est ajoutée dans le débat. Le problème n’est pas la gratuité, bien que certains la réclament, car étudier à l’université et au collège n’a jamais été gratuit au Québec. S’agit-il d’un problème de gouvernance et de leadership? ML. : Il y a deux facettes, à mon avis, dans ce conflit. Il y a le problème de l’avenir de nos universités. Manquent-elles d’argent pour se développer et soutenir la concurrence? Est-ce que la rationalisation de leur fonctionnement suffirait à combler le manque de ressources? Moi, je crois au manque de ressources, notamment à l’Université de Montréal qui est une grande université de recherche. Je favorise une hausse modérée des frais de scolarité, suivie d’une indexation. L’autre facette concerne le déroulement de conflit lui-même. Je crois qu’il y a peu d’exemples d’un conflit aussi mal géré de la part du gouvernement : silences, absences, propositions insuffisantes, trop tardives et hors propos. Je ne m’y connais pas beaucoup en médias sociaux, mais je constate que les étudiants ont su très bien se servir de ces outils pour passer leur message. MLD . : La ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, a avoué candidement que « les réseaux sociaux ont provoqué un élargissement du débat » et que le gouvernement (et son ministère) est « une grosse machine … pas très habile à utiliser les médias sociaux » («Victime» des réseaux sociaux ?, Vincent Marissal, La Presse, A 10/11 mai 2012). Je comprends qu’elle soit passablement débordée à ce moment-ci et que pour elle, le MELS est un trop gros ministère; pourtant, elle devrait s’en servir. Les jeunes ne se sentent pas écoutés. Il y a des silences qui sont aussi brutaux que les bruits des vitres cassées. Les réseaux sociaux ont été des outils de communication et de mobilisation extraordinaires. Si le mouvement pour la grève a pris cette ampleur, c’est indéniablement grâce à ces outils. ML. : Le gouvernement a été assez malhabile dans la gestion de cette crise. Il a laissé, peut-être volontairement, pourrir le conflit en espérant qu’il se résorbe de lui-même ou pour en récolter des fruits électoraux. —— Malhabile ou cynique. Le fond du problème est la crise de leadership. Pour confronter cette crise, il aurait fallu que la personne responsable des institutions où travaillent et où sont formés l’élite, les experts et les dirigeants de la société, sans nécessairement être un André Malraux ou même un Camille Laurin, possède une autorité morale, un rayonnement personnel et une envergure intellectuelle qui dépassent un peu la moyenne. C’est un peu fou d’y croire, mais espérons que cette crise aura réussi à interpeller nos dirigeants, pas ceux qui sont en place, mais d’autres, ceux qui les remplaceront un jour. Ces jeunes qui manifestent pour réclamer plus d’éthique dans la gestion des affaires publiques ne sont pas tous des enfants gâtés, des individualistes qui ne pensent qu’à eux. Pour paraphraser un grand homme politique, ils défendent une « certaine idée de la politique » qui est tout à leur honneur. Leur lutte est utopique mais elle me fait penser à celle de Morel, le héros du roman Les racines du ciel de Romain Gary, qui se battait seul dans toute l’Afrique pour la survie des éléphants, cette espèce animale encombrante, tout à fait inutile pour beaucoup et que l’on massacrait parce qu’elle prenait trop d’espace. Dans le roman, parlant du combat de Morel contre les autorités, un personnage concluait : « Il s’est mis dans une situation impossible. Personne n’est jamais arrivé à résoudre cette contradiction qu’il y a à défendre un idéal humain en compagnie des hommes. » Il faudra beaucoup d’autres hommes libres, d’autres Morel. my. l o a n . d u o n g @ u m o n t r e a l . c a My Loan Duong, Licence en lettres romanes (Université de Liège), MLS (McGill University) m a r c e l . l aj e u n e s s e @ u m o n t r e a l . c a Marcel Lajeunesse, B. Bibl. (Montréal), Ph.D. (Ottawa) ⨯ Marcel

mardi 28 septembre 2010

Mutation des professsions de SCI: quel est l'impact sur la fonction des techniciens et techniciennes en documentation ?

Au cours de la dernière décennie, dans les bibliothèques et les centres de documentation de partout dans le monde, on assiste à une mutation d'une ampleur sans précédent de la fonction de ceux et celles qui exercent les métiers du livre et de la documentation. Avec la formidable ubiquité de l'Internet, aider les usagers à explorer, à utiliser les ressources et à partager le savoir dans ce nouveau contexte est devenu un défi majeur. Dans ce nouveau paysage où les besoins inédits apparaissent chaque jour, pour pouvoir désormais accompagner efficacement les usagers, la polyvalence et l'autonomie professionnelle sont désormais indispensables pour appréhender le monde poreux et changeant des sciences de l'information.

Cette nécessité de revoir leur rôle dans la chaine d'acquisition, de conservation et de diffusion du savoir a incité deux techniciens de l'Université de Montréal à soumettre à leur collègues un sondage « dont l’objectif est de définir les enjeux actuels pour la profession de technicien(ne) en documentation ». Initiée par Majolaine Poirier et André Bilodeau, cette enquête devrait donner un portrait plus à jour et plus précis du nouveau rôle des techniciens et techniciennes en documentation. Commencé le 27 septembre 2010, le sondage s'adresse à « tous les diplômé(e)s du programme en techniques de la documentation du Québec (peu importe la langue) ou dans des milieux francophones au Canada ».

Cette initiative est une des premières du genre, au Québec du moins. Les résultats, comme l'indiquent les responsables du projet, seront communiqués lors d’une conférence donnée le 5 novembre prochain au Congrès des milieux documentaires. La cueillette des données se termine le 19 octobre 2010.

Le sondage, disponible sur le site mis sur pied à cet effet a déjà recueilli un nombre appréciable de réponses. N'hésitez pas d'apporter la vôtre! La contribution de tous à cet exercice est très importante pour la redéfinition de cette fonction! Pour ceux qui aimeraient en savoir davantage sur le projet, je vous invite à consulter le blogue de l'équipe.

Personnellement, je suis convaincue que toutes les catégories de personnel tireront profit des résultats de cet exercice qui contribuera à faire avancer la problématique de la redéfinition des rôles et du partage des tâches de chacun et de tous qu'ils soient cadres, professionnels, techniciens et autres employés des bibliothèques et des centres de documentation au Québec.

mercredi 21 avril 2010

Un blogue et un sondage qui posent les bonnes questions

Les métiers de la documentation ont subi au cours des 20 dernières années un bouleversement d'une rare intensité qui touche les sphères professionnelles, personnelles, sociales et culturelles. Les répercussions des changements technologiques et la pénétration du numérique ont transformé la profession de nos collègues techniciens et techniciennes en documentation de la même manière qu'elles ont bouleversé de fonds en comble les modes de travail et de fonctionnement dans les attributions de tâches des bibliothécaires dans les organismes et les institutions voués au traitement, à la diffusion et à la conservation des ressources informationnelles.

Réfléchir sur la fonction transformée de technicien et technicienne en documentation

De cette nouvelle réalité émergent des usages inédits. Dans la chaîne documentaire où techniciens et techniciennes jouent un rôle de première importance dans l'organisation du savoir, ses acteurs sont obligés à composer avec des pratiques exigeant un niveau d'intervention plus complexe, des connaissances plus pointues et plus diversifiées.

Dans ce contexte changeant et multiforme, des technicien(ne)s en documentation de l'UdeM, ont pris l'initiative. Conscients de la nécessité de redéfinir leur fonction, ils invitent tous leurs collègues à répondre à ce sondage « dont l’objectif est de définir les enjeux actuels de la profession ».

Un sondage pour l'avenir

Toujours à l'avant-garde, afin de pouvoir rejoindre tous leurs collègues, francophones et anglophones du Québec, un blogue a été mis sur pied par nos collègues afin de « permettre aux technicien(ne)s en documentation, ainsi qu’aux autres professionnels du milieu, de suivre l’évolution du projet, de réagir aux différentes étapes du processus et de participer à l’élaboration du résultat final ».

Le sondage sera déposé sur le blogue. Dans un premier temps les gens sont invités à participer à la collecte d’informations, à émettre leurs points de vue, à commenter et contribuer ainsi à la confection du sondage. L’étape du sondage sera le résultat d'un processus créatif et participatif qui aura permis de recueillir les réflexions de tous.

Les résultats de ce projet «indépendant» seront diffusés au Congrès des milieux documentaires à l'automne 2010.

Je ne peux qu'applaudir cette initiative qui profitera certainement aussi à tous les autres métiers de la documentation parmi lesquels on compte les bibliothécaires cadres et professionnels, la réflexion des uns alimentant celle des autres, et il me fait plaisir, par le biais de ce billet d'y participer.

My Loan Duong,
MLS McGill

dimanche 18 avril 2010

Gazoullis et graffitis à l'honneur dans les grandes bibliothèques nationales

La Bibliothèque du Congrès acquiert toutes les archives Twitter

Les réseaux sociaux, twitter, facebook, blogs pour ne citer que ces outils, ont envahi et transformé le paysage de l'information sur la planète. Si certaines personnalités du monde de la communication, ici et là, à l'évidence, composent très mal avec la nouvelle réalité... qui donne un droit de parole (jusqu'ici réservé à l'élite) à n'importe quel citoyen, il semble que les administrateurs et les bibliothécaires de la prestigieuse Library of Congress n'ont pas la même crainte. Le 14 avril dernier, reprenant France Presse, dans la rubrique Technaute, CyberPresse nous apprend que « Tous les 'tweets' (ndlr: littéralement: gazouillis, en l'occurence les messages de 140 mots maximum échangés sur Twitter) ayant jamais été postés publiquement sur Twitter, depuis les débuts de Twitter en mars 2006, seront archivés électroniquement à la Bibliothèque du Congrès».

Sur le blogue de la Bibliothèque, Matt Raymond, un responsable de la bibliothèque, ajoute.«Cela fait BEAUCOUP de tweets, d'ailleurs: Twitter gère plus de 50 millions de tweets par jour, avec un total représentant plusieurs milliards», a précisé Matt Raymond, un responsable de la bibliothèque, sur le blogue. Voilà qui représente beaucoup d'ouvrages en perspective pour les catalogueurs et les spécialistes en traitement des ressources informationnelles.

Des gazouillis qui marquent un tournant historique non seulement en politique mais qui définissent une nouvelle façon de communication sociale et d'interaction humaines

Parce que, selon cet administrateur de la plus grande bibliothèque du monde, ces gazouillis ne viennent pas toujours de «placoteux» comme le pensent avec mépris certains nostalgiques de la machine à écrire et du monopole de la communication. Ces gazouillis peuvent contenir des messages qui marquent l'histoire de l'humanité comme celui de Barack Obama, le premier président noir de la plus grande puissance du monde, annonçant sa candidature à la présidence des États-Unis en 2008 et celui d'un des cofondateur de Twitter, Jack Dorsey.

La BNF: les graffitis de 1968 et les feuilles de choux de la Révolution française

Dans la même optique, pour commémorer les 40 ans de Mai 68, la BNF a présenté à ses visiteurs en 2008 une vaste et très courue exposition des tracts, des affiches, des photographies de slogans et les messages de graffitis récupérés sur les murs, des journaux, des caricatures, des dessins en regard des évènements de mai 68. L'exposition a lieu de juillet 2008 jusqu'en septembre 2008. Conservées grâce aux bons soins et au professionnalisme des bibliothécaires qui ont eu la bonne idée de rassembler ces «instantanés» d'une révolte d'étudiants idéalistes et pacifistes qui s'est répercutée dans la plupart des pays occidentaux et ébranlé bien des gouvernements.

L'opinion publique et les feuilles de choux

Et honneur aussi aux fameuses feuilles de choux (le terme remonte à l'époque de la Révolution française) pour désigner ces journaux populaires, ne comprenant parfois pas plus de deux pages, écrits et imprimés à la hâte, diffusés gratuitement dans les années qui ont précédé la Révolution française. Ces feuillets circulaient dans les rues comme des feuilles de choux et autres détritus qui trainent dans les rues. Quoi de mieux pour comprendre l'esprit et l'humeur d'une époque capitale dans l'histoire de l'humanité que ces fascicules sans prétention littéraire et ces témoignages spontanés dont l'écho, grâce au travail des bibliothécaires, se répercutent jusqu'à nos jour?

* Les journaux publiés par le club des Jacobins en sont un exemple.

lundi 8 mars 2010

Ce mois-ci : Google et les associations de bibliothèques , Linus contre le gouvernement du Québec

Amicus Brief for Google Book Search Settlement

Le juge Chin qui devra donner son avis dans le courant du mois sur l'entente conclue entre Google et les bibliothèques et déterminer si celle-ci est «raisonnable, juste et équitable» aura à fort à faire. Quelque soit l'issue qui sera prise en regard du programme de recherche des livres par Google, il y aura matière à appel à moins que la Cour Suprême accepte de se pencher sur la question et trancher ce noeud gordien. Ce qui, selon l'avis de plusieurs experts dans le domaine des droits d'auteur, est tout à fait improbable.

Sous le titre «March Madness and the Google Books Dispute», le
diagramme
présenté sur les options possibles dans le différend entre l'American Library Association, l'Association of Research Libraries et l'Association of College and Research Libraries regroupées sous le nom de Library Copyright Alliance et Google démontre, arborescence à l'appui, qu'aucune solution ne sera facile. Les répercussions se feront ressentir comme des ondes de choc dans toutes les sphères de la création, de la diffusion et de la distribution des oeuvres littéraires et artistiques. Jonathan Band et Tricia Donavan de l'Association of Research Libraries ne le cachent pas, d'après le diagramme, quelque soit l'issue du procès, les rebondissements semblent indiquer que rien ne sera tranché. La variété des scénarios explorés suite à l'une ou l'autre décision du juge est à l'image de la complexité du problème. Rien à voir avec les conclusions hâtives, démagogiques et simplistes de certaines personnes. Faites-le détour, ça vaut la peine.`

Les auteurs comparent d'ailleurs cet arborescence à celui des matchs de basketball entre les collèges du National Collegiate Athletic Association qui a lieu au mois de marsoù une seule décision touchant le choix d'un joueur peut avoir des répercusions sur toute la ligue et cela pour de longues années à venir. Les impacts de ce jugement seront tout aussi imprévisibles car nul ne peut présumer des effets à venir sur la chaîne de création, de diffusion, de distribution des ressources documentaires. D'autre part, ajoutent les auteurs du diagramme, aucune solution ne peut être envisagée définitivement car le Congrès peut aussi interférer en tout temps et brouiller les cartes en légiférant sur la juridiction qui touche l'un ou l'autre aspect du problème. Ce qui aura pour effet de compliquer davantage les choses et de rendre certaines hypothèses caduques. D'ailleurs, l'alliance ne prévoit pas de décison avant peut-être une ou deux années. En attendant Google qui ne dort jamais au gaz continue son petit bonhomme de chemin. Une entente entre Google et les bibliothèques nationales de Rome et Florence est en cours. Jusqu'à un million de vieux ouvrages libérés de droits d'auteur, conservés dans ces deux bibliothèques seront bientôt numérisés par Google et disponibles en ligne dont des ouvrages du célèbre physicien et astronome Gallilé pour le plus grand bonheur des lecteurs dans le monde pour lesquels ces oeuvres étaient inaccessibles auparavant.

À lire aussi dans Chronicle of Higher Education, l'article 29 janvier 2010, intitulé « Google Book Search Settlement 2.0: the Latest Scorecard » de Jennifer Howard et bien d'autres billets sur cette entente entre Google et les bibliothèques universitaires dont celui de Guy Laflèche, professeur titulaire au département des études françaises à propos de la lettre d'opinion la présidente de la Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec dans Corpo Clip et le Devoir en mars 2009 Un procès à suivre


Poursuite de Savoir-faire Linux contre la RRQ pour un contrat sans appel d'offres

Une occasion manquée de 750000$: « La RRQ n'avait jamais l'intention de voir ailleurs ni présenté aucune étude sérieuse démontrant que Microsoft était le seul fournisseur qualifié pour répondre à ce contrat » .Cyrille Béraud résumait ainsi les arguments de la Régie pour ne pas procéder à un appel d'offres : «On a des produits Microsoft, on aime Microsoft et on continue avec Microsoft...»

Un autre procès dont les implications vont sûrement avoir des impacts sur l'industrie des logiciels libres au Québec se tient cette semaine à Montréal. La Cour Supérieure du Québec ayant accepté d'entendre la cause de Savoir-faire Linux, une entreprises de logiciels libre conte la Régie des Rentes du Québec, le procès se poursuit vraisemblament jusqu'à la fin de la semaine, vendredi le 12 mars.

Voir aussi: « Le gouvernement du Québec, Microsoft et les logiciels libres »

mercredi 3 mars 2010

La Cour Suprême des États-Unis renverse une décision de la Cour d'appel de New York en faveur des pigistes

En mars 2009, la Cour suprême des E-U a accepté d'entendre l'appel porté par les propriétaires de bases de données en ligne et les éditeurs de journaux qui contestaient la plainte portée par les pigistes sur l'utilisation non autorisée du publications.

Hier, le 2 mars 2010, dans une décision unanime, la Cour Suprême des E-U invalide l'entente conclue en 2005 entre les fournisseur de bases de données, Elsevier's et LexisNexis ainsi que plusieurs grands propriétaires de journaux et d'éditeurs et les pigistes..

Suite à cette entente survenue en 2009, entente invalidée hier par la Cour Suprême, les pigistes auraient reçu une compensation de 18 millions dans un jugement de la Cour d'appel de New York concernant leur plainte pour l'utilisation non autorisée de leurs publications dans les journaux pour lesquels ils ont travaillé comme pigistespar les propriétaires de bases de données. Ils réclamaient un versement de compensation pour les citations de leurs écrits qui ont été repris par les fournisseurs de bases de données .

D'après Brent Kendall (Dow Jones Newswires; 202-862-9222; brent.kendall@dowjones.com.)dans le jugement rédigé par l'un des juges de la Cour Suprême, le juge Clarence Thomas, la Cour Suprême ne commente pas le bien fondé de l'entente. La décision ne dit pas non plus si le juge de la cour d'appel avait raison de prendre cause pour la plainte des pigistes concernant l'utilisation non autorisée de leur publications.

La partie défenderesse comprend le consortium de presse News Corporation qui détient les publications écrites et en ligne WS, NWSA, NWS.AU, l'éditeur en ligne Dow Jones & Co., des diffuseurs de nouvelles et de journaux dont Thomson Reuters Corp. et (TRI), New York Times Co. (New York Times), les fournisseurs de bases de données en ligne Reed Elsevier's (RUK, REL.LN) et LexisNexis.

Une brèche dans les droits d'auteur ou une ouverture plus large à l'accès aux ressources informationnelles dans le nouvel environnement numérique? Les avis sont partagés. Ce qui est certain, c'est que ce jugement de la Cour Suprême des É-U , fera jurisprudence et définira encore un peu mieux à l'avenir les droits de citations des oeuvres publiées et encadrera mieux les droit d'auteur de même que les droits d'utilisation des ressources informationnelles, commanditées ou non, par les organismes de communication et d'information.

à lire aussi : Supreme Court to Revisit a Case on Breach of Copyright
Supreme Court reinstates a settlement between Freelancers ans Publishers

vendredi 11 décembre 2009

Facebook: aux internautes de prendre leurs précautions

Pour permettre à ses utilisateurs de gérer les informations qu'ils publient , Facebook a mis un nouveau dispositif a raffiné le moyen mis en place pour protéger le niveau de confidentialité de leurs publications.

Dorénavvant les quelque 350 millions d'utilisateurs de ce réseau de socilaisation pourront redéfinir eux-mêmes leurs paramètres de sécurité en détermiant spécifiquement le type de contenu (images, vidéos...) qu'ils veulent protéger.

«L'idée est de «permettre aux utilisateurs de mieux contrôler avec qui ils partagent» ces informations, a indiqué à l'AFP le vice-président de Facebook chargé de la communication, Elliot Schrage qui ajoute « en triant les informations partagées en fonction de leurs contacts, l'utilisateur sera plus à même de protéger ses informations personnelles et éviter ainsi que des détails sur sa vie privée soient connus par des milliers d'autres internautes.»

Doit-on demander aussi Facebook de tirer les volets de votre chambre à coucher?
N'empêche que ces nouveuax dispositifs ne font pas encore le bonheur de tous. Certains utilsateurs trouvent que Facebook se «déresponsabilise» en laissant les utilisateurs paramètrer eux-même leuts informations qu'ils publient !!. Or, soulignait le quotidien The Washington Post jeudi, «le problème est que la plupart des gens ne prennent pas le temps de configurer ce genre de paramètres.»
Je fais suivre ici deux commentaires particulièrement éclairants sur le problème qui fait suite à l'article intitulé La nouvelle politique de confidentialité de Facebook crée la polémique publié par RelaxNews du 10 decembre repris dans Internaure- Cyberpresse du 10 decembre 2009

Sous le titre La nouvelle politique de confidentialité de facebook crée la polémique, l'article parle des nouveux moyens mis en oeuvre par Facebook pour aider lses utilisateurs à protéger leurs informations. En voici une qui m'apparait le mieux résumer le problème ou l'abscence de r problème:
« Je ne vois honnêtement pas où est la polémique. J'ai pris 5 min pour ajuster les paramètres, et voila... il est ou au juste le problème ? de sgtpepper,
11 décembre 2009 à 09h30 ».