Disons les choses comme elles sont: dans l'écosystème du numérique, les technologies du WEB 2.0 sont désormais les concurrents directs des bibliothèques traditionnelles. Au tournant de ce millénaire, des «univers parallèles d'informations» (parallel information universe) se sont créés. Les plates-formes des réseaux sociaux ou à voacation professionnelle ont pour effet de générer des véritables mines d'informations, voire des véritables réservoirs de données de toute nature et de répertoires de communautés d'intérêt qui en font de moteurs de recherche très efficaces et de plus en plus incontournable.
Comment dans ce contexte, les bibliothèques en tant qu'institutions, sources et génératrices d'informations doivent vivre dans ce nouvel environnement, avec des technologies qui les doublent, qui les prennent souvent de vitesse, qui les court-circuitent et qui finalement représentent une menace à leur survie? Face à ces géants que sont les moteurs de recherche comme Google * (605.576.000 visteurs), Amazon*(139.193.000 visiteurs), Wikipedia* (240.754.000), Amazon *(155.193.000), Facebook *(100.319.000), la plateforme d'un catalogue local ou institutionnel ne pèse pas lourd. Et si pour les uns, l'avenir semble sans nuages, dans le monde de l'édition, des bibliothèques et de la culture, la numérisation pose des défis énormes car pour les acteurs du monde du livre le phénomène de la numérisation représente non seulement une menace sur les revenus des écrivains mais aussi de graves problèmes juridiques en termes de droits d'accès à l'information. Pour les bibliothèques, le défi vient des utilisateurs eux-mêmes avec les réseaux de communautés d'intérêts comme Facebook, par exemple, qui font intoduisent de nouvelles règles et de nouveaux enjeux dans le domaine de la transmission du savoir et de l'information. Dans le nouvel écosystème, où des univers parallèles d'informations» dament le pion aux bibliothèques, qui sera le perdant? Library Journal dans sa livraison du 1er mai 2008, v.133, n.8, sous la plume de Mike Eisenberg, examine et décrit les forces, les faiblesses, les opportunités et les dangers de quelques plateformes parmi les plus populaires et offrent des pistes de solution pour les bibliothèques qui ont tout intérêt à profiter de ces outils interactifs pour améliorer leur services.
Second Life : Les avatars, clones des personnages vivants dans le monde réel sont les personnages de ce monde virtuel qui agissent, travaillent, et performent dans des espaces copiés, inventés sur les modèles existants de la «vraie vie». Surtout utilisés dans le domaine du divertissement mais potentiellement très efficace dans les bibliothèques, les avatars remplacent avantageusement et à moindre frais les personnels, pas de grève, pas de congé pour aider les usagers à se retrouver dans les dédales des sites des bibliothèques et des bases de données. Les bibliothécaires pourront en faire usage comme des guides virtuels pour faire visiter leurs établissements et faire connaitre leurs ressources et leurs activités, pour répondre aux informations de première ligne et pour promouvoir des idées ou de nouvelles expériences. Second Life sera bientôt offert en libre accès selon les créateurs, Linden Labs.
My Space et Facebook: Avec 100 millions de membres pour My Space et 19 millions pour Facebook, ces deux réseaux de partage et d'échange sociaux représentent un marché planétaire pour toutes les entreprises et les organisations qui veulent se constituer une banque de données dans des marchés segmentés et personnalisés d'où son potentiel énorme au point de vue marketing. Les entreprises qui ont vu la manne, ont tout intérêt à en faire usage pour découvrir les nouvelles tendances et les besoins émergents et promouvoir leurs produits. Pour le moment, ces deux plateformes ne se communiquent pas encore entre elles et c'est là la faiblesse mais les membres de Facebook et de Myspace sont jeunes et constituent un moyen très efficace pour les bibliothèques pour rejoindre et communiquer avec cette catégorie de clientèle. Le danger: les sollicitations indues et la vigilance est de mise.
Les iPod, les cellulaires, les PDAs (personal digitals assistants font partie des gadgets personnels les plus utilisés par les jeunes adolescents. Diffuseurs de musique, d'images, de vidéos, de photos, de messages textuels, outils de la communication instantanée entre les individus, le nombre d'utilisateurs de ces appareils ne cesse de grossir. On en dénombre 203 millions en 2006 et il n'est pas rare qu'un individu en possède plusieurs de ces gadgets à la fois. Mais les formats et les capacités de réception et d'entreposage sont en constante évolution et les modèles changent à une fréquence bi-annuelle ce qui représente un vrai casse-tête pour les organisations qui veulent les offrir à leurs usagers en prêt, d'autant plus que ces appareils digitaux ne sont pas encore interopérables.
Les espaces communautaires, des «hubs» qui fédèrent et regroupent des personnes partageant les mêmes intérêts ou des hobbies communs, générent un savoir collectif grâce à leurs forums de discussion, leurs blogues, leurs espace d'informations et constituent de véritables portails thématiques de veille. La possibilité de « tagger » qui permet d'annoter les informations et les ressources leur confère un statut de moteurs de recherche très pertinents et efficaces. De là , l'intérêt évident pour les bibliothèques d'utiliser ces réseaux comme solutions hybrides et complémentaires, basées sur la notion de sérendipité ou du hasard.
Passage d'une démarche basée sur le document à celle de l'usager
Le passage d'une démarche basée sur le document à celle de l'usager rencontre cependant des résistances. La dernière livraison de Direction informatique du 27 juin 2008 , les études montrent que »les outils du Web 2.0 et les réseaux sociaux n'ont pas encore convaincu les entreprises». Cette étude réalisée entre février et mars 2008 par Jemm Research, à la demande d'IBM, avec l'objectif d'évaluer la perception et l'avancée du Web 2.0 en milieu professionnel démontre que l'usage est en fonction de l'âge de l'utilisateur et de sa fonction: réalisée entre février et mars 2008 par Jemm Research, à la demande d'IBM, avec l'objectif d'évaluer la perception et l'avancée du Web 2.0 en milieu professionnel. À partir d'un panel d'une centaine de personnes, sélectionnées parmi 12 000 collaborateurs dans 2 500 entreprises en France, il ressort que « pour les utilisateurs, le Web 2.0 reste encore un concept très marketing, même s'il existe clairement un continuum entre les outils de collaboration déjà utilisés dans l'entreprise et les outils communautaires », note Christophe Toulemonde, directeur du cabinet Jemm Research et auteur de l'étude.
En fait, les observateurs croient que «si certains outils et certains acteurs sont identifiés, le concept reste davantage associé à un usage personnel que professionnel.»
Les technologies du WEB 2.0 livrent l'information mais contribuent aussi l'enrichir grâce à l'addition de commentaires, d'images et de sons et par la recherche plein texte. La possibilité de générer du contenu par les usagers supposent que les bibliothèques, qu'elles soient académiques, publiques ou spécialisées doivent introduire de nouveaux services et ressources, sous peine d'obsolescence.
Tous s'entendent pour penser que, pour conserver leur rôle de médiation documentaire, les bibliothèques et surtout les bibliothèques universitaires qui ont affaire à des usagers de la génération du WEB 2.0 doivent utiliser les mêmes concepts que la clientèle qu'elles desservent et developper des stratégies de communication et de diffusion basées sur les nouvelles habitudes de recherche des usagers en matière de repérage et de communication. Elles doivent désormais tendre vers la logique de services pour mettre en valeur leurs ressources, pour diffuser les recherches et les publications, pour faciliter les échanges et finalement pour valoriser les contenus et les fonds. Les bibliothèques n'ont plus le monopole de la conservation, de l'enregistrement de la diffusion du savoir et des ressources informationnelles. Les catalogues locaux et institutionnels ne répondent plus à la demande et tant que les usagers ne pourront pas trouver dans les bibliothèques une ressource aussi vite qu'ils l'avaient retracée dans Google, les usagers se tourneront ailleurs. Les bibliothèques misent de plus en plus sur l'«approche qualité» qui focalise sur l'usager plutôt que sur les ressources. Dans cette démarche qualité basée sur le client, le portail de la bibliothèque joue un rôle essentiel: en plus d'être attrayant, il doit offrir des outils appropriés, adaptées à ses besoins pour accéder aux ressources et à son profil et le portail doit offrir des fonctionnalités d'échange et de communication. Avis aux administrateurs, dans cette «démarche qualité», basée sur l'accessibilité et bien sûr l'initiative, certains sacrifices sont peut-être nécessaires.
«Takes what man makes and use it. But do not worship it, for it shall pass» Author inconnu »
Mais les bibliothèques ne sont pas seulement placées devant des choix technologiques qui favorisent l'autonomie et la participation entre les usagers. Le défi est plus grand. L'interopérabilité a introduit le phénomène de la «redocumentarisation » et l'introduction de nouveaux instruments et outils pour traiter, diffusion et classifier l'information qui sont en train de remettre en cause des normes jusqu'ici en vigueur dans l'organisation des ressources documentaires. Cette nouvelle donne va problabement aussi bouleverser des principes de gestion et de traitement documentaires qu'on pensait jusqu'ici immuables.
Chiffres extraits du Times magazine, june 16, 2008 Who Will Rule the Next Internet? de Josh Quittner
À lire aussi : La valorisation de la recherche: savoir investir dans le savoir par Yvon Lemay, professeur adjoint, EBSI, Documentation et bibliothèques , avril-juin 2007, pp 103-112
WEB 2.0: Where Will the Next Generation Web Take Libaries?, Tom Strorey, NextSpace , n.2, 2006 : Cinq bibliothécaires parmi les chefs de file parlent de la mouvance du Web 2.0, des habilités et des technologies des oultils du Web 2.0, des métadonnées et des bibliothèques.
Tagging, Jenn Riley, Techessence. Info Web site, july 8, 2006
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