mardi 22 juillet 2008

Les portails des sites Web ne sont pas neutres!

"Dites-moi comment est votre portail et je vous dirai le style d'administration de votre organisation" ou:
« Les portails d'entreprise ne sont pas de simples sites WEB!»

Dans sa chronique, publiée en mai 2008 dans la revue Documentaliste, Sciences de l'information Dominique Cotte*, maître de conférences en SIC à l'Université Lille-3, écrit qu'il serait une grave erreur d'appréhender un portailde site Web à partir uniquement de son ergonomie, de son aspect graphique ou de ses usages. Car, il faut être très naif, ou «vouloir à tout prix croire aux contes de fée » pour penser que les portails d'entreprise sont neutres et les prendre pour de simples sites WEB. En fait, les portails des entreprises et des institutions, en l'occurrence les portails de bibliothèques aussi, sont le miroir de l'organisation et ont tous une dimension politique qui porte la signature de la logique managériale de chaque direction. Au delà des technologies employées qui peuvent être semblables ou différentes d'un site à l'autre, l'étude de l'agencement des rubriques et des phases en amont et de la disposition de celles-ci est révélatrice, selon Dominique Cotte, « des enjeux managériaux, sociaux, politiques, informationnelles qui sont à l'oeuvre de manière sous-jacente».

Les portails reflètent le type de gestion ou la logique managériale de l'organisation

Comme les modifications des structures d'une institution ou l'attribution des missions ou des fonctions qui sont confiées aux cadres, le site d'entreprise relève parfois (et ceci s'observe même dans les organisations apprenantes) d'une stratégie de communication mise en oeuvre par ce personnel qui plutôt que le personnel professionnel, le site de certaines bibliothèques, le portail porte une signature associée à une certaine logique de gestion. Cette logique est proposée par les administrateurs qui définissent les rôles de chacun par le biais de la présentation des ressources informationnelles. Or le problème de ces sites, c'est que l'information joue un rôle et ce rôle n'est pas souvent associé à la logique de la gestion de l'information. Une analyse de l'intérieur permet de constater que ce n'est pas toujours aux professionnels de l'information ou au webmestre que sont confiées les stratégies de diffusion et d'organisation de l'information. Le fait est souvent c'est au gestionnaire que revient l'exercice de définir l'architecture du portail et la taxonomie sur le portail pour repérer l'information, ce qui se reflète incidemment sur la structure hiérarchique de gestion en place. (À ce propos, petite parenthèse: en ce qui concerne le site de la BBSI, la responsabilité des rubriques le « Blogue de votre bibliothécaire » et les «Notes et comptes-rendus de lecture » sont assumées par votre bibliothécaire et ne sont pas commanditées par la direction).

Bref, l'analyse de l'architecture d'un portail est révélateur des choix de l'organisation. Et c'est pourquoi, souvent les professionnels en charge des rubriques ne sont pas ceux qui décident de l'agencement et de l'organisation des pages! Ce qui est hautement regrettable en raison du risque de voir « le versant informationnel [...] assimilié à la communication interne de l'organisation et les compétences en matière d'organisation de l'information non utilisées». Le fait que la stratégie de communication de l'information aux usagers soit confié à des cadres qui orientent la logique de gestion de l'information des instances décisionnelles risque de mettre l'organisation devant son propre miroir et par conséquent provoquer le syndrome de Narcisse. On peut se demander à bon escient si les difficultés que rencontrent les utilisateurs pour se retrouver dans l'organisation des pages sont vraiment accidentelles.

On le constate facilement. L'ergonomie de certains sites sont des univers fermés et «les enjeux managériaux, sociaux, politiques, informationnels [sont] à l'oeuvre de manière sous-jacente ». L'analyse de la recomposition des secteurs ou services, la présentation des organigrammes (dans les rubriques comme Qui fait quoi ou Comment nous rejoindre ) comporte pour tout oeil averti une dimension politique. Il est relativement facile de voir, en analysant les portails , même si les technologies employées sont peu différentes d'un site à l'autre, comment le versant informationnel est organisé pour comprendre l'attribution des mandats et des rôles en regard à l'organisation des tâches. En fait, la présentation des objets est assimilé aux enjeux de la politique de gestion de l'organisation et cela se reflète dans l'organisation des contenus.

Ce n'est pas surprenant d'ailleurs que ces organisations sont les plus lentes à prendre le virage du WEB 2.0. L'effet multiplicateur créé par les outils de la nouvelle génération de l'internet et le phénomène collaboratif qu'ils suscitent, risquent de remettre en question l'environnement mis en place. La structure flexible des wikis et le caractère instantané des blogues sont à l'étroit dans un environnement non participatif et peuvent être une menace à l'hégémomie managériale qui dicte l'organisation et le classement des rubriques. À ceux-ci, les cadres d'ailleurs préfèrent des bulletins ou des communiqués.

Dans ce contexte, on peut dire que le portail rêvé par Nancy Courtney dans Library 2.0 and Beyond comme d'autres bibliothécaires* peut attendre. Aux impatients qui aspirent à faire de leur site quelque chose comme Amazon.com avec des inferfaces simples, des recommandations d'orthographe, des renvois aux revues de lecture, des suggestions thématiques, des fils Rss pour mettre en réseau les ressources, des paniers de commande, des bouquets pour intéresser l'usager et élargir l'offre, je recommanderai de commencer à petite échelle, en intégrant et en proposant à leurs usagers tout simplement d'autres ressources qui apportent de la valeur ajoutée aux informations existantes.

Vous trouverez de bonnes idées pour ce faire dans les deux monographies mentionnées en bas de page

My Loan Duong, MLS McGill

* « Les organisations au miroir des portails » Chronique de Dominique Cotte dans Documentaliste, Sciences de l'information , n.2 , mai 2008, p.11
Library 2.0 and Beyond: Innovative Technologies and Tomorrow's User,ed. Nacy Courtney. Westport: Libraries Unlimited. 2007, 152 p.. ISBN 1591585376
Acadamic Librarianship by Design. A blended librarian's Guide to the tools and techniques. Steven J.Bell and John D. Shank. Chicago: American Libary association, 2007, 181 p.
Lire : La Référence, décembre 2007 : Les bibliothèques de l'UDEM

2 commentaires:

Anonyme a dit...

La consultation d'une page netvibes amène mes pas sur votre page web

http://bbsi2point0.blogspot.com/2008/07/dies-moi-comment-est-votre-portail-et.html

De mon côté, sur une autre page netvibes de maîtresse d'école, j'expérimente...

Il me semble que l'initiative pourrait vous intéresser: Sur la création de quelque 350 liens, il me fallait recevoir l'autorisation de tous les interlocuteurs pour lesquels
des liens profonds [autres que vers homepage] étaient créés.

Rares ont été les réserves émises, mais toutes presque exclusivement côté Institutionnels. Qui aussi ont formé le gros des rares absences de réponse.

Ceci, à ma petite échelle, illustre assez bien me semble-t-il votre propos :)

La liberté prise par les ressources perso Education partout sur le net.
Et sur les contenus des blogs et portails, et sur leur organisation.

MGB

Anonyme a dit...
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