lundi 15 octobre 2012
Pouvoir et contre-pouvoirs dans la gestion universitaire
Propos de Marcel Lajeunesse, ex vice-doyen à la faculté des arts et sciences et ex directeur de l'ECole de bibliothéconmomie et desciences de l'information de l'Unviersités de Montréal.
Entretien paru dans le volume 41, n. 1 de la Revue Argus de la Copporation des bibliothécaires professionnels du Quéebec, octobre 2012
Dossier / le pouvoir
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Sources : Marc el Lajeunesse
Pouvoirs et contre-pouvoirs
dans la gestion universitaire
P r o p o s d e M a r c e l L a j e u n e s s e
r e c u e i ll i s p a r M y L o a n D u o n g
Marcel Lajeunesse et moi sommes tous les deux
bibliothécaires. Nous avons aussi ce point commun
d’avoir fait carrière tous les deux au sein de la
même institution, l’Université de Montréal. Pour l’un
comme pour l’autre, ce parcours a duré plus de trente
ans. Mais nos parcours professionnels ne se ressemblent
pas. Nous ne sommes pas, pour ainsi dire, du
même côté de la barrière. Marcel Lajeunesse a été
professeur et puis cadre académique avant de revenir
à l’enseignement et la recherche. Quant à moi,
embauchée à l’Université de Montréal comme bibliothécaire
au milieu des années soixante-dix, c’est
surtout comme professionnelle et spécialiste que j’ai
oeuvré jusqu’à la fin de 2008.
Quand j’ai pris connaissance, le 29 mars dernier, de
l’appel de textes d’Argus sur la thématique du pouvoir,
du centre-ville de Montréal nous parvenait
l’écho des manifestations des étudiants contre la
hausse des frais de scolarité imposée par le gouvernement.
Le conflit était à ses débuts, mais il était clair
que le débat dépassait ce seul enjeu. Le 22 mars, plus
de 200 000 personnes étaient descendues dans les
rues de la métropole pour dénoncer une augmentation
des frais qui ferait porter sur les plus démunis
la mauvaise gestion des universités et pour réclamer
la fin de la culture de l’impunité. J’ai pensé à Marcel
Lajeunesse et aux discussions, parfois à bâtons
rompus, que nous avions eues sur des sujets semblables
et je lui ai proposé cet entretien. Marcel a
accepté tout de suite. Car nous avons aussi en commun
ceci : malgré le confort de notre retraite, nous
ne sommes jamais devenus indifférents aux affaires
des universités et au monde des bibliothèques. Nous
nous sommes rencontrés deux fois autour d’un café
pour échanger sur la thématique du pouvoir, lui pour
l’avoir exercé et moi pour l’avoir connu et subi. En
voici le résultat. J’ose espérer que vous aurez du plaisir
à nous lire.
MLD .: Vous avez connu une longue et riche carrière à
l’Université. Vous avez pris votre retraite en 2006. Pour
nos lecteurs, voulez-vous retracer votre parcours académique?
ML: Pendant les trente-six ans que j’ai passés à
l’UdeM, j’ai consacré la moitié de ma carrière à l’enseignement
et la recherche en tant que professeur,
tandis que l’autre moitié a été occupée par la gestion.
Mon poste de cadre académique m’a conduit à
la direction de l’EBSI pendant neuf ans et j’ai assuré
pendant presque autant de temps la direction de la
Faculté des arts et des sciences (FAS) comme vicedoyen.
MLD . : Dites-moi ce en quoi consiste le rôle d’un directeur
de département?
ML. : Le directeur de département est d’abord choisi
par ses collègues, il est primus inter pares, ce que ses
collègues peuvent lui faire sentir à l’occasion. Il est le
directeur des études de son département, le
gestionnaire du personnel et des ressourcesfinancières, le porte-parole de sa discipline à l’Université
et au sein de la profession sur les plans national
et international.
MLD. : «Premier parmi ses pairs» mais aussi «pair parmi
les pairs. L’École a pris un essor important à la fin des
années 1980. Quels étaient les objectifs que vous vous
étiez fixés?
ML. : Je m’étais donné un certain nombre d’objectifs:
réunir les locaux de l’École sur un seul étage pour
faciliter les activités, revoir les programmes d’études,
développer la recherche et principalement la recherche
subventionnée, élargir et renouveler le personnel
de l’École (professeurs et professionnels) et implanter
le programme de doctorat en sciences de l’information.
J’ai développé le volet communication avec
le bulletin annuel En direct de l’EBSI afin de mieux
informer la communauté des activités de l’EBSI et
donner plus de visibilité à l’École. Diriger, c’est aussi
informer et communiquer.
MLD : En 1994, vous avez accepté un poste de vice-doyen.
J’ai eu à l’époque une conversation avec vous où vous
disiez regretter un peu cette espèce de liberté intellectuelle
que vous permettait la fonction de professeurchercheur.
Il y a le Marcel Lajeunesse, professeur, et
le Marcel Lajeunesse, administrateur. Ont-ils fait bon
ménage?
ML. : On n’est pas candidat au poste de vice-doyen.
C’est le doyen qui forme son cabinet ou son équipe
de direction. Après près de sept ans à la direction de
l’EBSI, cette offre arrivait à point nommé. La FAS est
une méga-faculté née de la fusion de cinq facultés,
26 départements académiques et écoles professionnelles;
la gestion en est complexe. De 1994 à 1998,
comme vice-doyen à la planification, je devais rétablir
la situation budgétaire de la Faculté. Je l’ai fait
en coupant cent postes dans le personnel enseignant,
en économisant près de quatre millions de dollars
sur d’autres dépenses et en fermant un département
(géologie). J’étais responsable du plan quinquennal
facultaire. Car gérer, c’est prévoir aussi.
MLD . : Cette fonction vous a amené à une autre, celle de
vice-doyen à la gestion des ressources humaines. C’est
un poste qui est reconnu comme difficile. Comment définissez-
vous ce poste ?
ML.: En 1998, la situation budgétaire s’était améliorée,
en grande partie grâce aux efforts des années
précédentes. De 1998 à 2002, on a ajouté une centaine
de postes de professeurs. J’étais responsable des
affaires professorales (quelque 630 profs en 2002).
La gestion du personnel non-enseignant m’incombait
aussi (quelque 340 personnes), de même que la
gestion du budget de la Faculté (environ 85 millions
de dollars en ces années). Ce poste exigeait des communications
constantes avec les départements, avec
les autres vice-décanats et de même qu’avec la haute
direction de l’Université.
MLD . : Les années 2000 à 2005 ont été des années mouvementées
sur le plan syndical. Les grèves se sont succédées,
celle des employés en 2003, des chargés de cours en
2004, des étudiants en 2005, des professeurs un peu après.
Qu’en avez-vous retiré de cette expérience dans les lieux
du pouvoir et des décisions?
ML. : De ces années de gestion, j’ai retenu l’importance
des bons contacts humains. Comme vice-doyen
aux ressources humaines et à l’administration, j’ai eu
à traiter avec le syndicat des professeurs, le syndicat
des chargés de cours, le syndicat des employés de
soutien, l’association des cadres et professionnels, les
associations d’étudiants (les évènements récents ont
démontré l’importance des instances étudiantes dans
l’Université). La Faculté regroupe 42 % des effectifs
de l’Université. Le vice-doyen siège comme repré-
sentant patronal dans les négociations des conventions
collectives, dans les comités de griefs, dans les
organismes de régie universitaire. Mais moi, j’aime
travailler avec les gens, en concertation avec eux, je
trouve cela plus stimulant que la gestion des questions
budgétaires.
MLD . : L’université est un milieu où on rencontre parfois
de gros égos. L’arrogance, comme l’arrivisme, est très
vite détectée et très mal perçue. Henry Mintzberg le rappelle
dans ses écrits sur la gouvernance de ces organisations
complexes que sont les universités. Il faut une
excellente connaissance du milieu, de ses enjeux et de sa
dynamique. Cela prend aussi une personnalité forte avec
de solides qualités humaines et une certaine envergure
intellectuelle pour savoir influer sur les décisions et
s’imposer devant ses pairs. Dites-moi, pourquoi devient-on
gestionnaire?
ML. : Pourquoi devient-on gestionnaire? Les raisons
sont diverses. Elles varient d’une personne à l’autre.
La raison principale qui m’a amené à devenir gestionnaire
à l’Université, c’est que je crois qu’on peut –
même un tant soit peu – changer des choses et qu’à
défaut de changer les choses, on peut influer sur les
évènements. J’y ai découvert le plaisir de travailler
en équipe, le goût de décider. La nature humaine
étant ce qu’elle est, je dois dire qu’il y a une part de
curiosité: celle de voir, selon l’anecdote de Chamfort,
comment l’administration, la justice et la cuisine se
préparent.
MLD . : Qu’est-ce qui vous a le plus frappé au cours des
années où vous avez assumé ces fonctions de cadre académique
? Comment avez-vous exercé votre pouvoir?
ML. : Ce qui m’a frappé dans ces postes de gestion?
Le directeur de l’École est dans sa discipline, dans
son milieu, avec ses collègues. Mais le directeur ressent
une certaine solitude. Comme vice-doyen de
la FAS, l’étang s’est agrandi; on n’est plus dans sa
discipline, on s’éloigne de l’enseignement et de la
recherche, mais on travaille en équipe. En fait, je ne
sais pas si la direction de l’Université est une direction
collégiale, mais personnellement, j’ai vécu et j’ai
exercé la direction de la Faculté comme une direction
collégiale, avec des objectifs d’équipe. C’est dans cet
esprit que j’ai exercé mes fonctions d’administrateur.
MLD . : Il y a le pouvoir, mais il y a aussi un contre-pouvoir
représenté par les instances syndicales. En coulisse, on
murmure que ce contre-pouvoir est moins fort qu’auparavant,
que le pouvoir est trop centralisé. On dit qu’il y a
trop de cadres administratifs et que la bureaucratie est
trop lourde. Qui détient le pouvoir à l’université?
ML. : Le pouvoir à l’université est exercé par le rectorat.
Les administrateurs de l’université sont d’anciens
professeurs-chercheurs et ils se targuent de se définir
ainsi. Ils nomment d’ailleurs les cadres administratifs
comme, par exemple, le directeur des bibliothèques.
Le syndicat des profs représente un contre-pouvoir
certain à l’université mais c’est un type particulier de
syndicat, différent des autres. Le pouvoir dans une
université est un type de pouvoir très particulier.
MLD . : Les orientations et les politiques de l’université
viennent du rectorat et les cadres administratifs ont
pour mandat de les mettre en oeuvre. Maintenant, dans
un département, les professeurs ont leur mot à dire face
aux décisions, ils ont un droit de veto car ce sont eux qui
déterminent des orientations des programmes d’étude,
bien que la course aux subventions et l’aspect financier
peuvent aussi avoir un impact sur les orientations. Est-il
arrivé que les professeurs acceptent un candidat sous
certaines pressions?
ML. : L’assemblée de département représente le lieu
d’un pouvoir qui peut être fort… si les professeurs
décident de l’exercer vraiment. Une décision de l’assemblée
a plus de pouvoir que la décision du seul
directeur. C’est en tout cas ainsi que la direction de la
FAS interprétait les résolutions qui venaient de cette
instance. C’est par l’assemblée de département que
les professeurs peuvent s’opposer aux projets de la
haute direction.
MLD . : Abordons le rôle des syndicats dans la fonction
publique et parapublique. Les bibliothécaires ont des
statuts différents d’un milieu à l’autre. Dans les universités
américaines et les universités de langue anglaise
au Canada et au Québec, les bibliothécaires
ont le statut académique, mais à l’Université de
La raison principale qui m’a amené à devenir gestionnaire
à l’Université, c’est que je crois qu’on peut – même un tant
soit peu – changer des choses et qu’à défaut
de changer les choses, on peut influer sur
les évènements. À l'UdeM, les bibliothécaires font partie de la section
1244 du syndicat de la FT Q. Ils sont les seuls professionnels
à être représentés par un syndicat. Le fait d’être
syndiqué est-il un désavantage pour les bibliothécaires?
ML. : Évidemment, les bibliothécaires, comme
d’autres professionnels de l’État, des cégeps ou d’universités,
peuvent être membres d’un syndicat. Mais
cela dépend du syndicat. Je ne suis pas convaincu que
l’appartenance à ce syndicat (1244) aide à leur valorisation
professionnelle. Faire partie d’un groupe limité
de professionnels dans une large unité comprenant
surtout des employés de bureau, c’est se condamner
à être minoritaires, à être quasi marginalisés.
MLD . : Plusieurs de mes collègues pensent que le fait
d’être syndiqué leur assure une meilleure protection
de leur intégrité professionnelle, en plus d’une stabilité
dans un environnement très mouvant.
ML. : Pour leurs collègues, employés de bureau, techniciens,
les bibliothécaires sont des privilégiés étant
les seuls professionnels dans leur section, les bibliothécaires
ne peuvent, à mon avis, occuper une place
majeure dans la gestion et les orientations de ce syndicat
ou faire valoir leurs préoccupations. Cette situation,
à mon avis, est préjudiciable pour eux et pour la
profession.
MLD. : Les règles élaborées pour gérer les tâches et évaluer
les qualifications de l’ensemble des employés ne
correspondent pas à la réalité et au vécu des bibliothécaires.
Le travail des bibliothécaires est mal reconnu.
Malgré tout, la plupart des innovations des quinze dernières
années ont été menées grâce à l’initiative des
bibliothécaires: les premiers sites web, les programmes
de formation à l’utilisation, les blogues, les répertoires
et bibliographies en ligne, etc. Les bibliothécaires, par
leur expertise, ont contribué beaucoup au rayonnement
de la profession et de l’institution avec leurs publications
et leurs interventions publiques, d’autant plus que
les bibliothécaires-cadres ne font pas des tâches professionnelles
mais de la gestion. Le modèle est perfectible et
on y travaille.
ML. : Oui, peut-être. Peut-on changer cela? Personnellement,
je ne serais pas à l’aise et je n’aimerais pas
faire partie d’un tel syndicat.
MLD : Le 24 avril dernier, la Société bibliographique du
Canada a souligné vos mérites en vous accordant la
médaille Marie-Tremaine de l’année pour l’ensemble
de vos travaux. Vous êtes aussi considéré comme un
expert de l’histoire des bibliothèques au Québec. Selon
vous, quelles sont les personnes qui se sont distinguées
comme de grands administrateurs et bibliothécaires?
ML. : Avant la création des écoles universitaires dans
le domaine, je pense à Aegidius Fauteux et Jean-
Charles Bonenfant. À une période récente, l’action
de Lise Bissonnette est remarquable. Je nommerais
aussi Edmond Desrochers que j’ai connu comme
collègue à l’EBSI quand il était professeur agrégé.
Bien que jésuite, il a contribué à laïciser les associations
de bibliothécaires, alors axées sur le bon livre,
la censure, très présente à l’époque, l’Index. Il a été
l’artisan de la création en 1961 de l’École de bibliothéconomie
de l’Université de Montréal, avec comme
objectif, l’obtention de l’agrément de l’ALA. On lui
doit le développement de véritables bibliothèques
au Québec avec la première loi sur les bibliothèques
publiques au Québec votée en 1959.
MLD . : Notre entretien a lieu sur fond de crise étudiante.
Nous sommes au début du mois de mai, le conflit entre
les étudiants et le gouvernement dégénère chaque jour
un peu plus. D es dizaines de milliers d’étudiants sont toujours
dans la rue. Que pensez-vous de cette crise et du
rôle du MELS (ministère de l'Éducation, des Loisirs et du
Sport) dans tout ça?
ML. : Le conflit actuel met en exergue les notions
d’éthique et de bonne gouvernance dans les universités.
Il y a eu de nombreuses dérives – non sanctionnées
par le MELS – et qui sont montrées du doigt. On
a fait de grands progrès concernant l’éthique dans les
subventions et contrats de recherche. Ici on parle de
l’éthique au plan de la gestion des institutions universitaires.
Les étudiants n’acceptent pas, et avec raison,
que des personnes responsables mettent leur université
quasi au bord de la faillite et ne soient pas appelés
à répondre de leurs actes, ne soient pas sanctionnées.
Le cas de l’Îlot Voyageur à l’UQÀM est le cas le
plus connu et le plus scandaleux. Peut-être demain le
cas de TELUQ?
MLD. : La question de la moralisation de la vie publique
s’est ajoutée dans le débat. Le problème n’est pas la gratuité,
bien que certains la réclament, car étudier à l’université
et au collège n’a jamais été gratuit au Québec.
S’agit-il d’un problème de gouvernance et de leadership?
ML. : Il y a deux facettes, à mon avis, dans ce conflit.
Il y a le problème de l’avenir de nos universités.
Manquent-elles d’argent pour se développer et soutenir
la concurrence? Est-ce que la rationalisation de
leur fonctionnement suffirait à combler le manque
de ressources? Moi, je crois au manque de ressources,
notamment à l’Université de Montréal qui est
une grande université de recherche. Je favorise une
hausse modérée des frais de scolarité, suivie d’une
indexation. L’autre facette concerne le déroulement
de conflit lui-même. Je crois qu’il y a peu d’exemples
d’un conflit aussi mal géré de la part du gouvernement
: silences, absences, propositions insuffisantes,
trop tardives et hors propos. Je ne m’y connais pas
beaucoup en médias sociaux, mais je constate que
les étudiants ont su très bien se servir de ces outils
pour passer leur message.
MLD . : La ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, a avoué
candidement que « les réseaux sociaux ont provoqué
un élargissement du débat » et que le gouvernement (et
son ministère) est « une grosse machine … pas très habile
à utiliser les médias sociaux » («Victime» des réseaux
sociaux ?, Vincent Marissal, La Presse, A 10/11 mai 2012).
Je comprends qu’elle soit passablement débordée à ce
moment-ci et que pour elle, le MELS est un trop gros ministère;
pourtant, elle devrait s’en servir. Les jeunes ne se
sentent pas écoutés. Il y a des silences qui sont aussi
brutaux que les bruits des vitres cassées. Les réseaux
sociaux ont été des outils de communication et de mobilisation
extraordinaires. Si le mouvement pour la grève
a pris cette ampleur, c’est indéniablement grâce à ces
outils.
ML. : Le gouvernement a été assez malhabile dans la
gestion de cette crise. Il a laissé, peut-être volontairement,
pourrir le conflit en espérant qu’il se résorbe
de lui-même ou pour en récolter des fruits électoraux.
——
Malhabile ou cynique. Le fond du problème est
la crise de leadership. Pour confronter cette crise,
il aurait fallu que la personne responsable des institutions
où travaillent et où sont formés l’élite, les
experts et les dirigeants de la société, sans nécessairement
être un André Malraux ou même un Camille
Laurin, possède une autorité morale, un rayonnement
personnel et une envergure intellectuelle qui
dépassent un peu la moyenne. C’est un peu fou d’y
croire, mais espérons que cette crise aura réussi à
interpeller nos dirigeants, pas ceux qui sont en place,
mais d’autres, ceux qui les remplaceront un jour. Ces
jeunes qui manifestent pour réclamer plus d’éthique
dans la gestion des affaires publiques ne sont pas
tous des enfants gâtés, des individualistes qui ne pensent
qu’à eux. Pour paraphraser un grand homme
politique, ils défendent une « certaine idée de la politique
» qui est tout à leur honneur. Leur lutte est utopique
mais elle me fait penser à celle de Morel, le héros
du roman Les racines du ciel de Romain Gary, qui se
battait seul dans toute l’Afrique pour la survie des
éléphants, cette espèce animale encombrante, tout
à fait inutile pour beaucoup et que l’on massacrait
parce qu’elle prenait trop d’espace. Dans le roman,
parlant du combat de Morel contre les autorités, un
personnage concluait : « Il s’est mis dans une situation
impossible. Personne n’est jamais arrivé à résoudre
cette contradiction qu’il y a à défendre un idéal
humain en compagnie des hommes. » Il faudra beaucoup
d’autres hommes libres, d’autres Morel.
my. l o a n . d u o n g @ u m o n t r e a l . c a
My Loan Duong, Licence en lettres romanes (Université de
Liège), MLS (McGill University)
m a r c e l . l aj e u n e s s e @ u m o n t r e a l . c a
Marcel Lajeunesse, B. Bibl. (Montréal), Ph.D. (Ottawa)
⨯
Marcel
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